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Résiliences - Réparation, élaboration ou création? - Couverture souple

 
9782749207759: Résiliences - Réparation, élaboration ou création?
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Extrait :
Introduction de Boris Cyrulnik :

Il y a mille stratégies de la connaissance. On peut connaître par les sons, par le corps, par la plongée intime, par la relation affective ou par l'abstraction des mots et des signes mathématiques. C'est toujours une aventure humaine passionnante et déroutante.
C'est passionnant de découvrir un continent nouveau, qui invite à tout repenser, même ce que l'on croyait acquis. Ceux qui n'aiment que les idées nouvelles risquent de tout fracasser. Ceux qui n'aiment que les idées anciennes risquent de tout pétrifier.
Pour éviter ces deux dangers, Joyce Aïn a invité des universi­taires, des chercheurs et des praticiens chargés d'apporter leur éclairage, leur propre conception de la résilience. Cette méthode démocratique nous a permis de confronter nos idées et de passer deux journées amicales, gaies et stimulantes.
Au Moyen Âge, on appelait ce genre de réunion une «disputation». Les champions d'une théorie s'affrontaient, en présence d'un arbitre, puis le peuple votait. C'est ainsi qu'on a reconnu une âme aux Indiens, après la disputation de Valladolid, et que le peuple asiatique des Khazars s'est converti au judaïsme.
À Toulouse, il n'y a pas eu de vote, mais en écoutant les intervenants, j'ai souvent pensé que les stratégies de la connaissance avaient préféré le débat à la récitation, ce qui a été bien agréable.
La notion de résilience est née à Hawaï, en 1982, quand Emmy Werner a été stupéfaite de constater le bon développement de 28 % d'enfants qui logiquement auraient dû être fracassés. Dans une population générale, I'oms considère que 83 % des enfants deviendront des adultes épanouis. «Ces enfants (résilients) ont quelque chose à nous apprendre», s'est écrié Michael Rutter. C'est ainsi qu'a démarré l'aventure de cette notion qui, vingt ans plus tard, est devenue un concept solidement charpenté : les biologistes mesurent les sécrétions neurohormonales des enfants élevés en carence affective, qui reprennent un néodéveloppement résilient dès qu'ils sont entourés par une famille d'accueil ou une institution qui stimule la base du cerveau au cours des interactions quotidiennes, tout simplement. Des neuroradiologues photographient comment les cellules des lobes frontaux et des circuits limbiques se remettent à fonctionner dès qu'un contact affectif sécurise ces enfants ou dès qu'une parole les invite à nouveau dans un monde humain. Les psychologues évaluent grâce à des batteries de tests validés le retour de la vie psychique chez ces enfants éteints par un trauma. Mais ils découvrent aussi que la résilience est un néodéveloppement : le trauma, non seulement a laissé une trace cérébrale, mais surtout il constitue une étoile noire qui désormais ajoute un nouvel organisateur du moi. Ce néodéveloppement explique pourquoi ces enfants ont acquis une sensibilité particulière qui donne à leur monde un goût et une signification singulière.
Les sociologues qui participent à ces recherches expliquent que les structures familiales, les institutions et même les préjugés peuvent aider ce processus résilient ou au contraire l'entraver selon ce que racontent les récits d'alentour, familiaux et culturels.
Il faut donc une équipe pour répondre à ces questions : «Doit-on rester mort après un trauma ? Que faut-il faire pour reprendre un type d'existence ?» Mais dans cette équipe, les praticiens formés à la psychanalyse nous font comprendre que tout n'est pas évaluable, que chacun d'entre nous s'est construit une signification privée qu'il attribue aux événements de son existence. Nous réagissons bien plus au sens que nous donnons aux choses qu'aux molécules qui regonflent notre cerveau.
Tout le monde ne s'est pas entraîné à ces raisonnements systémiques qui nécessitent une attitude pluridisciplinaire. Il faut que le biologiste sache écouter le psychanalyste qui étudie la littérature de Georges Perec. Il faut que le psychologue entende l'anthropologue lui dire que ce qui vaut dans sa culture ne vaut rien dans une autre, ou le neurologue qui montre que la musique façonne le cerveau, qui acquiert ainsi une sensibilité préférentielle.
Cette stratégie de la connaissance est recommandée actuelle­ment par toutes les commissions qui gouvernent la recherche. Les praticiens sont probablement mieux préparés à ce genre de recueil des connaissances que les chercheurs de laboratoire qui ont appris à exercer les mono-raisonnements.
Pendant les deux jours du Carrefour à Toulouse, Joyce Aïn a su créer un événement qui a fait vivre ce questionnement. À vous de juger.
Présentation de l'éditeur :
La résilience, terme emprunté à la physique pour désigner la capacité des individus à surmonter les traumatismes, n'est pas une notion globale ou uniforme ; elle présente de multiples facettes et provoque des controverses dans le monde thérapeutique.

Dans cet ouvrage où dialoguent Boris Cyrulnik, à l'origine de la diffusion de cette notion en France, et Serge Tisseron qui en combat les ambiguïtés, les auteurs s'attachent à explorer les phénomènes de résiliences : la résilience serait-elle une recette miracle ou une réelle capacité de chacun à s'épanouir malgré le poids d'un traumatisme ? S'agit-il d'un état ou d'un processus ? D'un mécanisme de défense inné ou acquis ? D'une méthode comportementale ou d'une thérapie ? À mener seul ou avec l'aide d'un tuteur de résilience ? Apanage seulement de la jeunesse ou bien possible à tout âge ? Serait-ce un mot magique survalorisant ceux qui ont survécu à un traumatisme en même temps qu'il donnerait du rêve à ceux qui, dans des difficultés graves, peuvent espérer guérir par leurs seules ressources ? D'autre part, la résilience relève-t-elle du scientifique ou bien du moral dans la mesure où «l'amour» et la compassion semblent y jouer un rôle primordial au détriment du travail scientifique sur l'Inconscient ? Et n'emprunte-t-elle pas à la psychanalyse certains concepts dans leur seul aspect positif et structurant ? Enfin, peut-on en tirer des outils thérapeutiques, voire pédagogiques, où à la tradition­nelle «prise en charge» se substituerait une approche valorisant les ressources de vie, les potentialités de l'individu et de son environnement en développant «l'espoir» sous forme de réparation ou de création ?

Joyce Aïn, psychanalyste (Toulouse), membre de la Société Psychanalytique de Paris, présidente de l'association Carrefours & Médiations.

Avec la participation de : CATHERINE AMOYAL-FARUCH - RACHID BENNEGADI - MAURICE CORCOS - BORIS CYRULNIK - MICHEL DELAGE - BERNARD GOLSE - LIN GRIMAUD - PHILIPPE GUTTON - CLAIRE HEBER SUFFRIN - TAMARA LANDAU ROSENBERG - SYLVAIN MISSONNIER - MARIE-ROSE MORO - GERARD OSTERMANN - VIRGINIE PAPE - GERARD PIRLOT - ALAIN ROUCOULES - SERGE TISSERON - GUY TONELLA -

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  • ÉditeurERES
  • Date d'édition2007
  • ISBN 10 2749207754
  • ISBN 13 9782749207759
  • ReliureBroché
  • Nombre de pages336

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