Extrait :
Extrait du préambule de Dominique Ratia-Armengol
La conscience du temps, propre à l'homme, est liée à sa dimension historique.
Le présent de l'Homme lui permet de se projeter dans l'avenir, lui qui est structuré par le passé. Qu'en serait-il d'une vie sans histoire, dans l'ici et maintenant ?
La psychanalyse nous a montré que l'inconscient ne procède pas selon une logique liée au temps, mais suit une logique inscrite dans le langage, en procédant par association de signifiants.
Nous l'avons appris par Freud, dans l'analyse du contenu des rêves, où des événements chronologiquement survenus après semblent survenir chronologiquement avant ; l'inconscient est intemporel.
Ainsi, poser la question du temps, à l'aube naissante de la vie psychique du bébé, c'est interroger, pour le nourrisson qui construit son psychisme, les moyens qui lui sont offerts de structurer la temporalité selon une chronologie éminemment culturelle.
À l'a-temporalité du tout-petit - entendons le a- au sens privatif - fait face la temporalité de l'adulte, nommée, structurée. Le nouveau-né, pétri déjà d'un certain nombre d'expériences amalgamées (constituant un magma de la durée formelle), le nouveau-né, dans son allant devenant, démarre son approche de la vie, s'attaque à l'ascension de la découverte d'un monde extérieur dont il se différenciera avec plus ou moins de réussite. C'est à partir de ses divers vécus et expériences, et en fonction de ce qu'on lui prête durant les premières années et des instruments langagiers qu'on lui présente, qu'il pourra saisir progressivement les éléments fluides du temps qui passe. En quelque sorte, c'est en fonction de ce qu'on lui offre que le tout-petit acquiert la capacité à se saisir du temps qui passe, quand jusqu'alors il n'avait pas de mots pour l'attraper; ainsi, nous dit Léa Sand, «il va emprunter les outils du temps que nous lui prêtons (on compte pour lui en heures, puis en semaines, puis en mois...)».
Dorénavant, le bébé ne vivra plus en continu, ombilicalement arrimé à la source-mère, mais au travers de l'apprentissage de son autonomie, dans le plus ou moins grand confort d'un maternage adéquat, puis sociétal, il intériorisera les expériences de sa différence, puis celles de la complexité des différences...
Présentation de l'éditeur :
Chacun constate aujourd'hui que le rapport au temps est bousculé. Dans nos sociétés, l'évolution des technologies accélère l'action et conduit à une gestion où rapidité, immédiateté, efficience et rentabilité sont les mots d'ordre.
Quels effets ont ces transferts de logiques économiques sur les temps psychiques : les temps pour se développer, pour penser et élaborer ? Dans cet ouvrage, les psychologues interrogent, à partir de leur pratique clinique, les conséquences de ces changements pour les tout-petits. Comment prendre en compte des temps différents ?
Grilles d'évaluation et de dépistage, taux de remplissage, indicateurs d'activités... : dans les institutions, les professionnels de l'enfance sont sollicités pour participer aux quadrillages et aux maillages serrés des
pratiques. Serait-ce au risque d'un formatage de la pensée et de l'action ? Comment dans ce contexte, soutenir, accompagner les tout-petits dans leur développement psychique et leur inscription dans le symbolique ? Les comportements d'enfants qui troublent ne sont-ils pas à entendre aussi comme symptômes de la compression des temps internes ?
Dominique Ratia-Armengol est psychologue clinicienne, présidente de l'A.NA.PSY.pe.
Co-Auteurs : Marie-therese ALLIROT - Cleopatre ATHANASSIOU-POPESCO - Genevieve BINET - Sebastien CLEMENT - Roland GORI - Geraldine GOURE - Bruno HUISMAN - Maryvonne LEGALL - Laure NIVEL-CRAPLET - Brigitte PLOU - Sylvie TORREGROSSA -
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