Présentation de l'éditeur :
À partir d'une recension des écrits de Freud et de Lacan, l'ouvrage propose un historique problématisé et un état actuel de la question du père, sans gommer les interprétations contradictoires et sans reculer devant les prises de position. Parmi les questions clés, sont abordés la relation entre le mythe d'Œdipe, celui de totem et tabou et la thèse de Freud sur Moïse, l'interprétation par Lacan du meurtre du père comme effet originaire de l'entrée dans le langage, sa distinction entre père symbolique et père réel en tant qu'agent de la castration, les rapports entre le sinthome et le Nom-du-Père, les problèmes liés à la nomination du père ou par le père, y compris la pluralité de ses noms.
Ainsi, du père oedipien au père réel, du Nom-du-Père au symptôme et au sinthome, il s'agit de suivre la dialectique d'un savoir sur le père remis inlassablement sur le chantier, et d'en saisir les discontinuités et les enjeux qui vont au-delà de la seule psychanalyse.
Pierre bruno est psychanalyste à paris, membre de l'association de psychanalyse jacques Lacan (APJL). Dernier ouvrage paru : Lacan passeur de Marx, érès, 2010.
cet ouvrage est issu d'un travail collectif auquel ont participé Sophie Aouillé, Catherine Bruno, Pierre Bruno, Sabine Callegari, Anne Le Bihan, Ramon Menendez, Isabelle Morin, Marie-Jean Sauret et Laure Thibaudeau.
Extrait :
Introduction
Il est manifeste et remarquable que le questionnement de Freud quant au père a émergé dans sa correspondance avec Fliess, et qu'il porte, quelquefois de façon intime, sur le rapport subjectif du fils à son père. Le père freudien gardera cette marque de naissance, l'analyse originelle de Freud, et ne doit rien à une réflexion académique. Les prédicats vont se succéder : séducteur, mort, impuissant, idéal, terrible, etc. Par un renversement, Lacan va reprendre la question du père à partir de son nom, puis de ses noms. Parallèlement, il propose une matrice possible de la structure qui rende intelligible la conséquence, chez l'humain, de son être langagier, au moyen de la tripartition : père réel, père symbolique, père imaginaire. Cette formulation, à elle seule, attire l'attention sur le fait que la fonction paternelle relève du nommé/nommant. Enfin, dans un de ses derniers séminaires, sur Joyce, il s'interrogera sur ce qui pourrait suppléer à cette fonction quand elle est suspendue : le sinthome.
Si ni les élèves contemporains de Freud, ni les postfreudiens n'ont sensiblement remis en cause ce que Freud dit du père et ont plutôt (M. Klein, D. Winnicott) développé une contribution concernant la mère, les élèves de Lacan, en revanche, n'ont pas la même lecture du legs lacanien sur le père et ses noms. On notera au moins une bipolarisation entre ceux qui insistent sur le caractère transcendant et irremplaçable de la fonction paternelle et ceux qui considèrent que l'élaboration de la catégorie de sinthome minimise et relativise la portée de cette fonction.
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