Extrait :
Introduction à
Thomas Woodroiv Wilson
Vingt-huitième président des États-Unis
Une étude psychologique (1967)
Sigmund Freud
Présentation, notes et traduction de Thierry Longé
Présentation de l'introduction de Freud
Une lettre du 7 décembre 19303 à Arnold Zweig permet de dater avec précision le moment de l'écriture de cette introduction au livre cosigné avec William C. Bullitt :
«[...] et j'écris pourtant une introduction pour l'ouvrage d'un autre ; je ne peux pas dire ce que c'est ; il s'agit d'une analyse actuelle, presque politique, à un point que ne vous pouvez imaginer.»
Tout le monde s'accorde pour reconnaître ici le livre en préparation, mais le «was ein anderer macht» laisse dubitatif sur la participation effective de Freud à l'écriture du corps de l'ouvrage.
Selon Jones, le point de vue de Freud sur Wilson se dessine très tôt. Ainsi à partir d'une rencontre en 1919, Jones écrit : «Freud eut des paroles dures au sujet du président Wilson dont la vision d'une Europe amicale fondée sur la justice devenait rapidement illusoire. Lorsque je lui fis remarquer combien complexes étaient les forces qui s'affrontaient pour la conclusion du traité de paix, et que celui-ci ne pourrait être dicté par un seul homme, il me répondit : Alors, il n'aurait pas dû faire toutes ses promesses.» Le commentaire de Jones engage le regard qu'il portait sur Freud :
«Il s'agissait évidemment d'une de ses nombreuses circonstances dans la vie de Freud où son optimisme, ou sa crédulité, l'avait conduit à placer de grands espoirs en quelqu'un, espoirs inévitablement déçus par la suite et cause de ressentiment. Il conserva, conclut Jones, sa triste opinion de Wilson et, en 1930, collabora avec l'ambassadeur Bullitt à la préparation d'un livre consacré à une étude analytique de la personnalité de Wilson.»
Freud, nous rapporte encore Jones, avait lu «avec délices quelques années auparavant un livre semi-analytique sur Wilson, étude détaillée des particularités très révélatrices de la façon d'écrire du président».
Ce fut lors du troisième séjour de Freud à Berlin du 5 mai au 24 juillet 1930, selon Jones et Schur, que William Bullitt entrepris de persuader Freud de s'associer à lui pour écrire une étude psychanalytique du président Wilson. Le diplomate américain, futur ambassadeur à Paris, séjournait alors à Berlin où il y étudiait les archives allemandes sur la conférence de la Paix à Paris. La totalité des archives amassées par Bullitt sur cette période - lettres, notes, comptes-rendus d'entretiens - furent détruites malencontreusement pendant la Seconde Guerre mondiale. Les premiers lecteurs de l'ouvrage dont il n'existait en 1964 qu'un seul exemplaire manuscrit, ont été d'abord Jones en 1956 lors de l'un de ses séjours à New York, puis Anna Freud et Max Schur. Pour ces derniers, seule l'introduction reflétait nettement le style et la pensée de Freud.
L'introduction parut pour la première fois dans une traduction anglo-américaine dans le bimensuel américain illustré Look dans sa livraison du 13 décembre 1966 sous le titre Sigmund Freud, A Controversial Unpublished Analysis of Woodrow Wilson.
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Présentation de l'éditeur :
L'alternance politique en France a mis sous le feu des projecteurs le concept de «normalité» et l'on a d'ailleurs vu très vite comment ce qui était revendiqué comme une qualité pouvait aisément se retourner en son contraire, laissant du même coup apparaître que ce concept de normalité n'est pas si binaire qu'il y paraît, normal/anormal, et ne se laisse pas attraper si facilement. Par rapport à quoi est-on normal ou anormal ? Pour soi ou pour autrui ? En fonction de la nature, du droit ? Quelle est la différence entre la norme et la loi ? Comment la psychanalyse a-t-elle à se situer par rapport à cette question ? Il n'y a pas de psychanalyse «normale», la conduite d'une psychanalyse n'obéit pas à des indications a priori ni à une norme standard et elle n'a pas pour finalité une normalisation du sujet. Son point de vue n'est pas celui de la psychopathologie mais celui de la structure, qui ne se réfère pas à une norme a priori, par rapport à laquelle on serait déviant, mais aux paramètres du désir et de la demande. De ce point de vue, «chacun est normal dans sa structure», comme l'énonce Lacan en 1962, dans le séminaire L'identification.
Ont participé à ce numéro : Sophie AOUILLE - Christophe COMENTALE - Pierangelo DI VITTORIO - Yann DIENER - Patrick FAUGERAS - Patricia JANODY - Daniel KOREN - Thierry LONGE - Léa MARY - Lise MAURER - Ramon MENENDEZ - Ferdinand SCHERRER - Dominique SIMMONEY - Mark STAFFORD - Simone WIENER -
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