Extrait :
Extrait de l'introduction
Ce qui fonde la profession de psychologue, ce sont sa richesse, la complémentarité des théories qui s'y réfèrent et la pluralité de ses champs d'intervention dans le domaine des sciences humaines. Les métiers de la psychologie recouvrent ainsi une diversité de théories, de formations, de pratiques et de lieux d'exercice. Tous ont en commun ce que décrit le Code de déontologie de la profession, à savoir «la mission fondamentale [...] de faire reconnaître et respecter la personne dans sa dimension psychique». Cette définition traduit toute la complexité de l'activité même de cette science humaine et permet de comprendre la multitude des cadres possibles d'exercice.
Selon le secteur d'activité et les repères théoriques comme méthodologiques, un certain nombre de références restent stables, quand d'autres évoluent. Le choix d'une profession, l'évolution d'un parcours professionnel, l'enrichissement d'une pratique clinique en lien avec une théorisation, les incidences des questionnements personnels, les répercussions des fonctionnements institutionnels, sont des enjeux pluriels pour le psychologue, sans cesse mobilisé vers des connaissances nouvelles. Qu'ils exercent en secteur privé ou public, qu'ils soient cliniciens, psychologues du travail, psychologues scolaires, psychothérapeutes, chercheurs, experts ou universitaires ; qu'ils interviennent au niveau de situations individuelles, familiales, groupales ou institutionnelles, les psychologues se trouvent au quotidien confrontés à des questions qui les engagent aussi à différents niveaux : éthiques, déontologiques, administratifs, juridiques.
Qu'ils soient jeunes diplômés, ou plus expérimentés, les psychologues peuvent être confrontés à des questions qui interpellent leur pratique, leur statut comme leur mode d'exercice. L'évolution constante de l'être humain et de la société dans laquelle il évolue, conduit la psychologie à des ajustements permanents de ses pratiques et à l'ouverture vers de nouveaux secteurs d'activité et de nouvelles spécialités. Au-delà d'une fonction professionnelle, le métier de psychologue engage ainsi bien, plus que d'autres professions, la dimension personnelle.
Les champs possibles de lieu d'exercice pour le psychologue se sont multipliés. Cabinets libéraux, hôpitaux, prisons, écoles, services d'Aide sociale à l'enfance, pmi, entreprises, associations, tribunaux, commissariats, universités, laboratoires de recherche..., tous les secteurs professionnels paraissent avoir intégré la complexité de la vie psychique et la nécessité de prendre soin du sujet. Pourtant, sur le terrain, la réalité n'est pas si simple. Sous une apparente volonté de prêter attention à la vie psychique des personnes, les responsables politiques et institutionnels organisent une gestion comptable des soins, tentant inévitablement d'associer les psychologues dans cette nouvelle logique. Le patient, qui est devenu un client, se trouve morcelé, non plus comme le décrivait Ginette Raimbault, entre «corps de souffrance «et «corps de savoir», mais entre «corps de profit» et «corps de rentabilité». La nécessité, rappelée par Daniel Lagache, de «relever aussi fidèlement que possible les manières d'être et de réagir d'un être humain concret, complet, aux prises avec une situation ; chercher à en établir le sens, la structure, et la genèse ; déceler les conflits qui la motivent et les démarches méthodologiques ; envisager la conduite dans sa perspective propre, qui tend à résoudre ces conflits», pourrait apparaître comme une perspective bien vaine dans certains secteurs d'activité. Comment l'envisager en effet lorsque la logique actuelle s'inscrit dans une dynamique d'immédiateté, de temporalité court-circuitée et d'inélaboration constamment entravée ? Face à la demande sociale, face aux injonctions paradoxales des décideurs, le psychologue est en terrain miné de bonnes intentions qui au final n'en sont pas ; puisque tout se passe comme si la psychologie servait bien davantage à conforter une nouvelle conception du sujet. La logique soignante est en effet remplacée par une logique comptable de plus en plus oppressante, qui n'autorise plus le moindre respect de l'espace de subjectivité du patient, comme celle du soignant. Les pratiques sociales envisagent les individus dans un rapport où la rentabilité des prises en charge doit primer sur le temps nécessaire à envisager ; les pratiques médicales objectivent le corps souffrant à partir de chiffres, de statistiques, d'images, de pourcentages, qui leur permettent de le comparer à d'autres ; de le classer et de l'inscrire dans une normalité ou hors de celle-ci. Les cadres et les chefs de service deviennent des managers, et les professionnels sont chargés d'exercer dans une logique commerciale où la rentabilité prend tout l'espace. Quel avenir pour l'individu en tant que sujet dans de tels contextes ? Quel devenir pour la psyché lorsque le patient et l'usager sont considérés comme des clients ?
Présentation de l'éditeur :
Le métier de psychologue est extraordinairement riche de pratiques, de référentiels théoriques, de lieux d'intervention et de parcours professionnels. Qu'ils exercent en secteur privé ou public, qu'ils soient cliniciens, psychologues du travail, psychologues scolaires, psychothérapeutes, chercheurs, experts ou universitaires, qu'ils interviennent au niveau de situations individuelles, familiales, groupales ou institutionnelles, les psychologues se trouvent confrontés à des questions éthiques, déontologiques, administratives, juridiques. La complexité des situations rencontrées s'oppose à l'application automatique de règles mais nécessite une connaissance suffisante des références qui balisent la profession.
Ce vade-mecum les présente de manière synthétique et pragmatique. Facile à consulter grâce à un classement alphabétique qui évite toute la pesanteur habituelle des textes législatifs, il constitue pour chaque psychologue un outil de réflexion et d'information indispensable sur les questions qui l'engagent inéluctablement dans sa pratique quotidienne.
Hélène Romano est docteur en psychopathologie-HDR, psychothérapeute, référente de la cellule d'urgence médico-psychologique du Val-de-Marne et de la consultation de psychotraumatisme du CHU Henri-Mondor. Expert près les tribunaux, vice-présidente du comité de protection des personnes Île-de-France ix, elle est aussi chargée de cours auprès de différentes universités, conférencière, et chercheur associée aux laboratoires Inserm U669 et Psy-NCA de Rouen.
Les informations fournies dans la section « A propos du livre » peuvent faire référence à une autre édition de ce titre.