Les travailleurs du m�dicament - Couverture souple

FOURNIER P/LOMBA C/MULLER S

9782749242781: Les travailleurs du m�dicament

Couverture souple

ISBN 10 : 2749242789 ISBN 13 : 9782749242781

Editeur : ERES, 2014

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Extrait :

Extrait de l'introduction de Pierre Fournier, C�dric Lomba et S�verin Muller

L'industrie pharmaceutique fait partie de ces milieux qui font r�guli�rement l'objet de controverses m�diatiques. Cens�s am�liorer la sant�, les m�dicaments la menacent parfois de d�gradation. Leur production, assur�e par des firmes priv�es, s'inscrit �galement dans des conditions de profitabilit� qui interrogent sur les confusions possibles entre intention sanitaire et finalit� �conomique. La r�putation des firmes pharmaceutiques est ainsi p�riodiquement mise en cause par des �scandales� aussi retentissants que rapidement oubli�s. Sur le seul temps de notre recherche, les affaires sanitaires se sont succ�d�es � un rythme soutenu : le Vioxx�, un anti-inflammatoire fabriqu� par Merck, a �t� retir� du march� � la fin 2004 pour avoir caus� plusieurs dizaines de milliers de d�c�s aux �tats-Unis ; la grippe aviaire H5N1 a mis en crise le syst�me europ�en de surveillance sanitaire en 2004-2005 ; la grippe porcine H1N1 a induit en 2009-2010 une vaccination � grande �chelle qui s'est r�v�l�e pr�cipit�e et disproportionn�e ; le retrait de l'antidiab�tique et coupe-faim M�diator� de Servieren 2010-2011, suspect� d'avoir provoqu� 500 � 2 000 d�c�s en vingt ans, a �t� suivi d'une mise en cause des dispositifs qui visent � garantir la qualit� et la s�ret� des m�dicaments.
Si ces �affaires� ont une longue histoire, elles engagent contin�ment la double responsabilit� des industriels du secteur et des �tats. Ceux qui critiquent une industrie plus soucieuse de ses profits que de l'int�r�t g�n�ral rel�vent son lobbying institutionnel, ses collusions et les conflits d'int�r�ts avec la mission d'encadrement confi�e aux �tats. � l'inverse, ceux qui soulignent la contribution du secteur � l'am�lioration globale de la sant� insistent sur le n�cessaire soutien public aux d�couvertes de nouvelles substances th�rapeutiques. Cependant, ces r�quisitoires ou plaidoyers sont souvent le fruit d'investigations externes, et pr�sentent peu les situations concr�tes des entreprises et des travailleurs du secteur. Il y a pourtant un double int�r�t � �tudier ainsi de pr�s cette industrie. D'une part, il s'agit de documenter un �l�ment clef du dossier controvers� des syst�mes de sant� qui orientent le transfert de grandes masses financi�res dans les pays industrialis�s. D'autre part, c'est l'occasion de caract�riser ce que l'on appelle l'��conomie de la connaissance et de la qualit� � partir d'un de ses secteurs phares, en allant voir quelle organisation du travail on y rencontre par-del� sa forte rentabilit� et son encadrement administratif.

UNE INDUSTRIE DANS L'OMBRE DE LA RECHERCHE M�DICALE

Si le secteur est difficile d'�tude, c'est tout d'abord � cause de la profusion de termes sp�cifiques qui tendent � le singulariser. Soulignant son rattachement aux mondes de la sant�, ils emp�chent de l'associer � une industrie de production de masse. Ainsi, les entreprises sont d�sign�es comme des �laboratoires pharmaceutiques�, foyers d'invention laissant dans l'ombre les ateliers de production. Les sous-traitants deviennent �fa�onniers� pour masquer ce que la subordination implique en termes de conditions d'emploi, tandis que l'expression �pharmacie d'officine� sous-entend, � tort, l'existence d'un espace de pr�paration des produits. Et si, comme dans les autres secteurs industriels, les d�signations des cat�gories de main-d'oeuvre tendent � minimiser les rapports de domination (�op�rateurs� ou �collaborateurs� plut�t qu'�ouvriers� ou �employ�s�), les appellations propres � ce secteur vont dans le m�me sens : on parle de �visiteurs m�dicaux� plut�t que de �repr�sentants� ou de �commerciaux�, de �pr�parateurs en pharmacie� plut�t que de �vendeurs�, ou encore de �titulaires d'officine� plut�t que de �petits commer�ants�. Dans le m�me esprit, on �voque la �d�livrance� de m�dicaments plut�t que leur vente. Pour profiter des b�n�fices de compr�hension que les sciences sociales escomptent de la comparaison entre secteurs, nous avons pris le parti, dans la mesure du possible, d'�viter de reprendre ces termes �sot�riques.
(...)

Pr�sentation de l'�diteur :

L'industrie pharmaceutique n'est connue du public que par les scandales sanitaires qui �maillent r�guli�rement son actualit� et donnent lieu � des batailles d'experts. Mais finalement, que sait-on du fonctionnement concret du monde pharmaceutique ? Est-il au service de l'innovation, de la connaissance, de la ma�trise compl�te des risques sanitaires, mobilisant haute technologie et personnels hyper-qualifi�s ?

L'enqu�te collective men�e par dix chercheurs en sciences sociales au sein m�me d'entreprises pharmaceutiques permet de mieux comprendre ce qui se passe dans les usines de fabrication de m�dicaments, dans les h�pitaux, dans les entrep�ts des grossistes, dans les pharmacies d'officine et avec les visiteurs m�dicaux.

De la production � la distribution, elle donne � voir des organisations du travail en lien direct avec le syst�me de rente qui caract�rise cette industrie. Sans sous-estimer les contraintes propres aux activit�s pharmaceutiques, les auteurs montrent le quotidien des travailleurs du m�dicament, des petites mains aux personnels les plus qualifi�s, pour mieux saisir les tensions entre leurs pratiques, parfois � la limite de la l�galit�, et le cadre r�glementaire dont le secteur sait tirer profit.

Pierre Fournier est professeur de sociologie et chercheur au Laboratoire m�diterran�en de sociologie (LAMES), CNRS-universit� Aix-Marseille. Cedric Lomba est chercheur en sociologie au Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris (CRESPPA-CSU), CNRS-universit� Paris 8. S�verin Muller est ma�tre de conf�rences en sociologie et chercheur au Centre lillois d'�tudes et de recherches sociologiques et �conomiques (CLERSE), cnrs-universit� Lille 1.

Avec la participation de Anne-Marie Arborio, Isabelle Feroni, J�r�me Greffion, Agn�s Labrousse, Quentin Ravelli, Dilip Subramanian, Laure de Verdalle.

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