Extrait :
Extrait de la Préface de ]ean-Louis Benoit
Des clés pour entrer dans le monde...
«Quiconque a vécu solitaire sait à quel point le monologue est dans la nature. La parole intérieure démange. Haranguer l'espace est un exutoire. Parler tout haut et tout seul, cela fait l'effet d'un dialogue avec le dieu qu'on a en soi.» Nul doute que la jeune femme de Nathalie Akoun, avec ses enfants, leur père, leur école, leurs professeurs et les mille difficultés dans lesquelles elle s'embarrasse et se débat tous les jours, est cette solitaire dont parle Victor Hugo dans L'Homme qui rit. Il lui faut donc parler. Au dieu ou au diable qu'elle a en elle, bien sûr, mais tout d'abord au public. Car la femme de Nathalie Akoun, c'est Nathalie Akoun, comédienne et auteur qui, solitaire, tenace, confie ce beau texte au public de théâtre : seule en scène, elle n'est plus solitaire, car parler tout seul au théâtre c'est parler à quelqu'un.
Ce texte de Nathalie Akoun n'est pas un monologue, mais une adresse. À nous, son public. Dans le rire et l'effroi, nous regardons et écoutons cette jeune femme qui, entre un tabouret aussi haut qu'elle et une bassine d'eau, posément, sereinement, nous dit sa folie. De ce haut tabouret - hauteur de la revendication ?-à ce récipient où elle peut se laver les mains - acte de contrition ?- elle va et vient, ombre et lumière, douceur absolue, ses yeux un peu perdus dans les nôtres. Prisonnière des cercles de sa pensée, elle semble parfois s'en libérer en laissant aller son corps à des mouvements lents et étranges, chorégraphie de l'âme, qui la reposent puisque alors elle se tait. Ses mots rapides, ses phrases sans fin l'enlacent et l'étouffent : parler ne la libère pas.
Aucune plainte, aucune tristesse chez elle, et beaucoup d'étonnement : étonnée par ses propres paroles, par celles des autres, par nous certainement qui sommes là à l'écouter, étonnée par le monde qui s'obstine à lui refuser une place, à elle et aux siens. Cette jeune femme est semblable à celles que nous croisons tous les matins dans notre cage d'escalier : nous ne la voyons pas.
Présentation de l'éditeur :
Une femme se retrouve seule, à élever ses enfants, car son mari s'est enfui du cocon familial. Perdue, dépassée par les événements de sa propre vie, elle dérape, un jour. Accusée de laxisme pour n'avoir pas fermé à clé la porte de chez elle un soir, elle est jugée responsable des agissements de son fils, sorti durant la nuit. En voulant le défendre corps et âme, elle commet l'irréparable, au nom de l'amour maternel.
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