Extrait :
Six jours après avoir pris sa retraite, en avril 1998, déprimé et inconsolable de la mort de sa femme, ses enfants devenus adultes, Bernard Ollivier part à pied de Paris jusqu'à Compostelle afin de décider de ce qu'il va faire de sa vie. Arrivé au but, après 2 300 kilomètres parcourus, il revient avec deux projets : s'occuper de jeunes en grande difficulté en les reconstruisant par la marche, comme il vient de le faire pour lui-même, et continuer à avancer sur une route d'Histoire. Il entame en avril 1999 le voyage à pied sur la route de la Soie (12 000 kilomètres) et donne naissance en 2000 à l'association Seuil, dédiée à l'aide aux jeunes délinquants, qui leur propose le voyage comme une alternative à la prison.
Avant-propos
Retraité ! Voici dix ans maintenant que je me suis glissé - fort malaisément - dans ce costume un peu vague, dans ce statut qui n'est ni un état, ni une condition, ni une classe, encore moins une situation et certainement pas une profession. Nous sommes néanmoins des millions à le vivre et même à être payés pour cela, plus ou moins bien. Si ce n'est pas un état, est-ce un état d'esprit ?
Pour ma part, cela fait une dizaine d'années que je raconte à des milliers de gens ici et là, en France et à l'étranger, et pas seulement à des pensionnés, ma vie de retraité un peu particulier. On m'a demandé de l'écrire. Mon parcours, certes un peu hors norme, n'a pourtant rien de miraculeux. Commencée comme une fuite, suivie par une aventure au bout du monde, puis prise dans une chaîne d'amitiés et d'espoirs, mon histoire a-t-elle une portée si générale qu'elle mérite d'être contée ? Quoi qu'en pensent certains de mes lecteurs, je refuse le titre de héros après mon odyssée sur la route de la Soie. Ce que j'ai fait, tout le monde peut le faire. Il s'agissait tout benoîtement de mettre un pied devant l'autre et de recommencer, et cela environ quinze millions de fois. Ça se fait depuis des millénaires sans que quiconque en tire vanité. Ce n'était pas le but qui me portait, mais le chemin. Bien sûr, il m'a fallu un brin d'inconscience pour partir et de la chance pour en revenir, avec entre les deux une grande dose d'obstination. Cela tient sans doute à mon ascendance bretonne, à moi le Normand.
Depuis que je suis sur la liste des bénéficiaires de la Caisse nationale d'assurance vieillesse (la CNAV pour les nombreux initiés), je vis dans un rêve, même si le début fut difficile. La retraite, pour certains, peut être un drame. Certains en meurent, d'autres sombrent. D'autres enfin passent à côté et, s'ils ne réagissent pas rapidement, constatent comme le chantait Jeanne Moreau qu'«hélas il est trop tard pour tordre son mouchoir». Car après la retraite, faut-il le rappeler, c'est la terre froide du cimetière pour les uns, le brûleur du four crématoire pour les autres. «C'est merveilleux la vieillesse... dommage que ça finisse si mal !» disait François Mauriac. Alors, à tant faire, autant ne pas rester les deux pieds dans le même sabot avant le triste final. Pourquoi nous abîmer dans de pseudovacances, un long engourdissement, alors que le repos éternel nous attend ?
Si mon parcours peut donner quelques idées sur la manière de vivre sa retraite à certains des millions de baby-boomers qui cessent ou cesseront leur activité professionnelle maintenant ou dans les années à venir, alors, en effet il ne me faut plus seulement raconter, il me faut écrire. Mettre noir sur blanc que la retraite n'est pas une mise en retrait, à l'écart de la société, même si le vocabulaire administratif et marketing nous fait passer du statut d'actif à celui d'inactif, un terme infamant pour quelqu'un qui, comme moi, bouge sans arrêt.
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Présentation de l'éditeur :
À 60 ans quand la Sécurité Sociale lui annonce qu'il est temps de « liquider » sa retraite alors que dans la dernière décennie il a perdu sa femme, sa mère et (provisoirement) son travail, Bernard Ollivier a du mal à comprendre ce qui lui arrive. Beaucoup de volonté, le soutien de sa famille et d'heureux hasards lui feront découvrir que la vie continue à l'heure de la carte senior et du temps libre retrouvé pour permettre à nombre de personnes d'explorer de nouvelles voies jusqu'alors ignorées. Après avoir fait sa longue marche sur la route de la Soie et créé l'association Seuil qui aide par la marche à pieds de jeunes démunis à retrouver foi en la vie, Bernard Ollivier revient sur la décennie qui s'est écoulée depuis le premier jour de sa retraite et le bilan, comme une exhortation à suivre son exemple, est plus que positif.
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