Extrait :
Les penderies
Mardi 2 octobre 2007
J'aperçus Sonja de loin dans le couloir du commissariat. Elle portait son manteau sur un bras et agitait une feuille dans ma direction.
- Un enfant a disparu, me lança-t-elle.
Je revins sur mes pas et nous prîmes l'ascenseur ensemble pour immédiatement nous mettre en route. Nous connaissions tous les deux l'importance capitale des vingt-quatre premières heures. Au-delà, l'espoir de retrouver l'enfant en vie diminue, qu'il s'agisse d'un accident ou d'un enlèvement. Je consultai ma montre : 9 h 34.
Tandis que nous descendions, je lus le rapport : «Petra Nilsson, neuf ans, 1B Nikolajbacken. Elle n'était pas dans sa chambre au moment où on est venu la réveiller. Elle n'est pas à l'école non plus.» Jusqu'à récemment, nous aurions attendu douze heures avant d'entreprendre quoi que ce soit, car un enfant peut fuguer, traîner en ville ou s'être trompé de bus, mais désormais la menace était devenue si palpable que les nouvelles directives nous enjoignaient à intervenir sans délai. En effet, l'année précédente, un petit garçon avait disparu et n'avait jamais été retrouvé. Il était hors de question que cela se reproduise.
Je passai sous le pont de la voie ferrée et me dirigeai vers Nikolajbacken. Sonja restait silencieuse, son manteau ouvert et le papier serré dans la main. Il n'y avait rien à dire, car nous en savions si peu et nous étions tous les deux nerveux. Nous avions l'impression d'être des chirurgiens avant une intervention vitale à l'issue incertaine. Toutes nos actions seraient lourdes de conséquences, chacune de nos décisions, chacune de nos erreurs.
Sonja commença à étudier la carte de la ville tandis que je me préparais en pensant au secteur. L'adresse m'était familière : un ensemble d'immeubles derrière la gare routière, sur une colline isolée, à la lisière de la forêt. Des bâtiments construits à la va-vite et délabrés, où la commune avait entassé les cas sociaux, moyennant un loyer modique. Un monde clos où il se passait beaucoup de choses qui n'arrivaient aux oreilles de la police que si elles prenaient une tournure vraiment grave. Les collègues s'occupant des affaires de vol éclataient toujours de rire lorsque Nikolajbacken était mentionné, tant ils étaient habitués à y découvrir des appartements regorgeant de matériel électronique et de vêtements de marque. Quant à moi, j'y avais fait l'expérience de l'une de mes rares affaires de meurtre restée non résolue.
Nous nous engageâmes sur le parking bordé par un bâtiment en forme de L abritant les entrées 1A et 1B. Je me représentai mentalement l'autre côté : une petite aire de jeux et un autre parking devant l'étroit et long bâtiment 1C, tel un grand container largué devant les pins et les sapins.
Le vent nous ébouriffa lorsque nous descendîmes de voiture ; les arbres bruissaient et des lambeaux de nuages défilaient dans un ciel d'un bleu pur. Nous levâmes les yeux vers l'immeuble, comme si les murs grisâtres et les alignements monotones de fenêtres faisaient partie des pistes à étudier. Et effectivement, une femme était plaquée à une fenêtre, la main à mi-hauteur, ne sachant si elle devait faire signe ou non.
Nous gagnâmes l'entrée B où l'on avait grossièrement effacé les graffitis. Par contre, les parties les plus intimes de l'anatomie humaine étaient gravées dans l'ascenseur, accompagnées de leurs noms en suédois et en finnois.
Présentation de l'éditeur :
Petra Nilsson, neuf ans, a disparu dans la nuit du 1er octobre. La brigade criminelle de Forshälla interroge au petit matin ses parents paniqués. La ville tout entière est bientôt suspendue à l'avancée de leurs recherches. Les traces de la fillette se perdent dans un bois où une femme a été assassinée quelques années plus tôt.
Pourquoi Petra a-t-elle quitté l'appartement familial ? Qui a-t-elle voulu rejoindre ? Où est-elle ? Le commissaire Lindmak et son équipe, encore sous le choc de la découverte d'un tueur au coeur même de leur service, sont confrontés à leur enquête la plus angoissante.
"Un thriller remarquable. Faites comme vous voulez... mais lisez-le à tout prix !" Keskisuomalainen
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