Extrait :
Extrait de l'avant-propos :
Paris, 2007
L'épidémie de sida fait des ravages depuis un quart de siècle. Les connaissances médicales et scientifiques ont progressé exceptionnellement vite : description clinique du syndrome d'immunodéficience acquise - le sida ; découverte du rétrovirus de l'immunodéficience humaine - le VIH ; description des modes de transmission - sanguine, sexuelle, materno-foetale, par l'allaitement ; mise au point de médicaments antirétroviraux de plus en plus puissants... Des efforts ont été faits par les gouvernements successifs et par les nombreuses associations de lutte contre le sida pour soutenir des campagnes de prévention, aider les personnes séropositives et leur entourage, promouvoir la recherche. Et pourtant, les chiffres de l'épidémie sont de plus en plus effrayants, non seulement dans les pays en voie de développement où des millions de personnes sont infectées par le VIH, mais aussi dans les pays ayant accès aux soins et aux traitements, dont la France.
La France comptait une vingtaine de cas de sida en 1982. Aujourd'hui, environ 140 000 personnes vivent avec le VIH. Le nombre de nouvelles contaminations ne diminue pas (7 000 personnes dépistées en 2005 en France). Pis, l'épidémie transmise par voie sexuelle progresse : les rapports homosexuels sont à l'origine de plus d'un quart des contaminations actuelles, les rapports hétérosexuels représentent le mode de contamination de près de trois quarts des personnes dépistées récemment. Parmi les personnes qui ont découvert leur séropositivité en 2005 en France, une sur dix a moins de vingt-cinq ans. Plus d'une centaine d'adolescents ont été contaminés par voie sexuelle l'an passé. Les prises de risque persistent chez les jeunes, trop peu sensibilisés au VIH, avec une dégradation des connaissances d'où découle une baisse de l'attention accordée à la prévention.
On ne parle plus assez du sida, pas assez fort, pas assez souvent. Le «bruit de fond» de la lutte antisida des années 1990 s'est éteint. Tout au plus quelques chiffres témoignant de l'ampleur de l'épidémie sont annoncés tous les 1er décembre, journée mondiale de lutte contre le sida ; quelques articles dans les journaux paraissent lorsqu'un congrès international réunit des milliers de spécialistes... Je ne suis pas sûre que ces informations atteignent le plus grand nombre. Il n'est pas rare que des jeunes pensent que le sida est une maladie curable, qu'un vaccin préventif est pour demain, que le préservatif est inutile. Méconnaissance et idées fausses font obstacle à la prévention qui demeure le maître mot de la lutte contre l'épidémie liée au VIH.
Je suis née en 1964 et j'ai commencé mes études médicales en 1981, au moment où les premiers cas de sida furent décrits aux États-Unis. Le sida n'était donc pas enseigné à la faculté de médecine. J'ai découvert les premiers malades pendant mes stages de formation dans différents hôpitaux parisiens. Pendant un temps, je ne savais pas trop vers quelle spécialité me diriger. À la fin des années 1980, me consacrer au soin des malades du sida m'est apparu comme une évidence : (...)
Présentation de l'éditeur :
Saurai-je parler du sida ?
«Je suis médecin spécialiste du sida, témoin et actrice de la lutte contre le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) depuis près de vingt ans. Je rentre chez moi après une journée de travail «ordinaire» à l'hôpital européen Georges-Pompidou à Paris. Cette semaine, cinq malades du service d'immunologie sont morts du sida, j'ai accueilli une jeune fille de quinze ans qui venait d'être contaminée par le VIH, et reçu de nombreuses personnes en urgence - homosexuelles ou hétérosexuelles - venues consulter après des rapports sexuels non protégés et qui n'avaient quasiment aucune connaissance sur le sida.
Je ne peux pas m'habituer à la banalisation du sida. Or l'infection par le VIH peut concerner chacun(e) d'entre nous, adultes, parents, frères, soeurs, adolescents. Les quelques histoires de vie relatées ici sont l'expression concrète des différents visages de l'épidémie. Seuls les prénoms ont été modifiés.
Pour certains, ce livre ne sera qu'un chuchotement, pour d'autres il sera un cri.»
Un très beau document, qui mêle le récit chronologique des avancées scientifiques à des histoires d'amour, de vie et de mort, mais aussi toutes les informations sur la prévention et la maladie. Parce que le sida tue encore.
Marina Karmochkine est médecin à Paris, spécialisée depuis vingt ans dans la prise en charge médicale et l'accompagnement des personnes infectées par le VIH.
Préface du Pr Michel Kazatchkine, directeur du Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose.
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