Extrait :
Extrait de l'avant-propos
Dans la soirée du 17 janvier 1793, Louis-Philippe Joseph, duc d'Orléans député de la Convention connu sous le nom de Philippe-Égalité, gravit avec lenteur l'escalier qui mène à la tribune où se joue le sort de Louis XVI. Assailli, menacé par les membres du parti de la Montagne auquel il a adhéré par une tragique faiblesse, il revient sur la promesse faite aux siens, renonce à son honneur, et vote la mort du roi son cousin.
Le crime est accompli. Sur 721 députés, 361, soit la majorité absolue à une voix près, ont condamné le souverain. Louis XVI eût été sauvé si Philippe-Égalité s'était abstenu. «Le malheureux, murmure Robespierre qui hait le duc, il pouvait se taire, personne ne le lui aurait reproché.»
Quelques mois plus tard, le 16 octobre 1793, la reine Marie-Antoinette monte sur l'échafaud. Son martyre donne le signal de l'épuration voulue par ce même Robespierre, inquiet de disculper la Montagne du soupçon d'orléanisme qui pèse sur elle. Le 3 novembre, Billaud-Varenne propose d'ajouter le nom du duc d'Orléans à celui des Girondins décrétés d'accusation. Jugé le 6 novembre, en compagnie de l'ancien député Coustard, Philippe-Égalité est aussitôt condamné à mort. Enfermé à la Conciergerie, il y est confessé par l'abbé Lothringer, prêtre jureur désireux de réparer son erreur. Sa toilette faite, il est emmené dans la cour de Mai et monte sur la charrette en compagnie de l'abbé Lothringer et de trois malheureux comparses.
Il subit alors pendant un interminable trajet rue Saint-Honoré les injures et les crachats d'une foule déchaînée. Le jour baisse. Exécuté le premier place Royale, il reçoit la mort sans un frémissement, avec une intrépidité presque souriante.
Le «prince rouge», un monstre pourri de vices, un débauché, un alcoolique, un être abject qui, pour tous les historiens, se trouve à l'origine de la prise de la Bastille et des sanglantes journées d'Octobre ; Philippe-Égalité le régicide demeure, dans la mémoire collective, le pire des descendants des capétiens. Et pourtant, que vaut ce jugement ? Ne devrait-on pas, à la lumière de certains documents volontairement oubliés, y apporter quelques nuances ?
Présentation de l'éditeur :
Dans la soirée du 17 janvier 1793, Louis Philippe Joseph, duc d'Orléans, député de la Convention connu sous le nom de Philippe-Égalité, vote la mort de Louis XVI, son cousin. Condamné à son tour à l'échafaud le 6 novembre, il recevra la mort avec une intrépidité presque souriante.
Le «prince rouge», monstre pourri de vices, débauché, alcoolique, Philippe-Égalité le régicide demeure, dans la mémoire collective, le pire des descendants des capétiens. Et pourtant, ne devrait-on pas nuancer ce jugement ?
Pour écrire Le sang du Roi, pièce en deux actes se situant dans un cachot de la Conciergerie, Marguerite Castillon de Perron s'est appuyée sur la correspondance échangée en 1797 entre l'abbé Lothringer, dernier confesseur du duc, et la duchesse d'Orléans. Avec une liberté totale, par des évocations où se conjuguent présent et passé mêlant rêve et réalité, l'auteur s'est attachée à cerner les tourments du combat spirituel du prince à l'heure ultime...
«Tout est intérieur dans cette grande et magistrale pièce, l'action, le mouvement, la pensée. Tout est dans le verbe et la présence des interprètes... Encore merci de faire découvrir aux lecteurs de Marguerite Castillon du Perron, après ses titres de glorieuse historienne, ceux de dramaturge inspirée.»
Jean-Laurent Cochet
Historienne, Marguerite Castillon du Perron est l'auteur de plusieurs biographies historiques de référence (dont Louis Philippe et la Révolution française publié chez Perrin en 1962, et Charles de Foucauld chez Grasset en 1982). Son dernier livre, Montalembert et l'Europe de son temps, a reçu le prix Combourg Chateaubriand 2010.
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