Extrait :
«Les Français de 1600 vivent encore dans la nature, perçue comme un organisme vivant, manifestation concrète de l'ordre surnaturel [...] aux antipodes de la pensée analytique et mécaniste qui va s'affirmer après 1630».
Le XVIIe siècle est interprété de multiples manières : moment de crise de la conscience européenne, période de révolution profonde, ère soumise à de fortes tensions en raison d'une «transition fondamentale» ; ce siècle, où l'absolutisme royal vient à maturité et où s'installe l'idée d'unité, apparaît comme une époque charnière de l'histoire française et européenne. Pour constater et étudier les changements politiques, économiques, sociaux et culturels qui interviennent durant cette période, les chercheurs ont généralement rassemblé un ensemble de données qu'ils croisent, recoupent, analysent afin d'en préciser le plus possible les fractures et les évolutions.
Les historiens de l'art quant à eux s'accordent à voir dans le règne de Richelieu (1624-1642) le moment décisif qui modifie profondément les conditions de travail et d'environnement des artistes. La création de l'Académie royale de peinture en 1648 constitue l'aboutissement d'un grand effort mené par le cardinal-Premier ministre pour que Paris rivalise avec Rome dans le domaine de la création artistique. Les deux décennies 1630-1640 sont marquées par de multiples actions en faveur des arts : dans les arts décoratifs', en peinture (le retour de Vouet, la venue de Poussin, Philippe de Champaigne au service du cardinal), en sculpture (Le Bernin et le buste de Richelieu), en architecture (Jacques Lemercier, François Mansart) et au théâtre (l'Hôtel de Bourgogne et la définition d'un art poétique aux règles précises). Autant d'exemples, et il y en aurait beaucoup d'autres, qui marquent indubitablement la renaissance de Paris comme capitale des arts. Toutes ces tentatives montrent le souci de Richelieu et de l'autorité royale d'appréhender les arts dans toutes leurs diversités. Ainsi, dans son hôtel particulier près du Louvre, le cardinal fait construire à peu de distance l'une de l'autre une galerie d'art remplie d'oeuvres des plus grands artistes et un théâtre particulier (la petite salle du Palais-Cardinal) sur les planches duquel s'expérimentent les nouvelles pratiques poétiques. Cette juxtaposition des expressions artistiques, cette recherche simultanée d'un nouveau goût, dans les arts picturaux et dramatiques, a été peu soulignée jusqu'à présent. Or, c'est la richesse de ce mécène, tirant profit de l'expérience de la famille Barberini et des grandes familles romaines et italiennes, qui a permis l'émergence d'une nouvelle esthétique dans plusieurs domaines artistiques.
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