Lamb - Couverture souple

Nadzam, Bonnie

Couverture souple

ISBN 10 : 2757840649 ISBN 13 : 9782757840641

Editeur : POINTS, 2015

A propos du livre

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Entretien exclusif Amazon avec Bonnie Nadzam

Q : Lamb raconte l'histoire d'une relation compliquée, entre amitié et intimité, entre une enfant et un adulte. Comment avez-vous abordé ce sujet plutôt délicat ?

R : La différence d'âge entre les deux protagonistes n'est pas vraiment importante à mes yeux. Ce qui est essentiel, c'est la manière dont ils communiquent, la manière dont Tommie est séduite par les histoires et les mensonges de Lamb, auxquels il semble lui aussi croire. Dans ce roman, le travail le plus intéressant que j'ai accompli repose sur ce que la différence d'âge implique en matière de vulnérabilité d'un côté, et de désir adolescent de l'autre (indépendamment de l'âge des personnages) dans l'expérience de la beauté et de l'amour, de ces choses qui dépassent ce que la vie de tous les jours a à nous offrir. Il s'agit d'un désir puissant et tellement omniprésent que l'on ne se rend même plus compte de son influence sur nos vies. Ça peut être une bonne boussole, une force trompeuse, ou comme dans le cas de Tommie et de Lamb, les deux en même temps. Tommie est tout juste en train d'entrer dans l'adolescence et Lamb semble y être resté désespérément piégé. Et ce n'est pas forcément facile de grandir dans cette Amérique contemporaine. J'espère qu'au-delà de cette première réaction sur la différence d'âge entre les deux personnages, le lecteur saura aller au-delà de cette première similitude avec un roman comme Lolita par exemple.

Q : David Lamb se comporte parfois mal et pourtant, il a un côté sympathique. N'avez-vous pas peur que les lecteurs ne comprennent pas votre décision de le dépeindre avec autant de compassion ?

R : Oh non ! Pas du tout ! Cela ne m'a même jamais traversé l'esprit ! Il n'y a pas eu une volonté délibérée de ma part de le montrer sous un jour compatissant. J'ai plutôt voulu montrer, autant que possible, que quelqu'un qui prend des décisions comme le fait Lamb, ne les prend pas forcément en pensant à mal. Je connais des personnes (et moi y compris) qui sont capables de prendre des décisions terribles en pensant qu'il s'agit d'une idée géniale, limite envoyée du ciel. Il n'y a donc rien d’extraordinaire dans le comportement de Lamb.

Q : Lamb a un côté voyeuriste. Est-ce que c'était quelque chose de voulu que d'écrire à la troisième personne pour donner de la distance au lecteur ?

R : La question du narrateur est tout aussi frustrante pour moi qu'elle doit l'être pour le lecteur. En réalité, il n'y a pas réellement de troisième personne. Il s'agit vraiment d'un roman à la première personne, bien que celle-ci semble lointaine, en effet. Le narrateur impose sa patte ici et là. J'aimerais beaucoup que les lecteurs me disent qui, selon eux, est le narrateur de cette histoire. Évidemment, j'ai bien quelques idées, moi-même.

Q : Lamb décide de “sauver” Tommie en l'emmenant dans la nature. Vous pensez que cette nature a un rôle à jouer dans l'évolution de leur relation ?

R : Je pense que Tommie et Lamb espèrent tous les deux trouver quelque chose qui transcende leur petite vie ordinaire, ou la culture contemporaine américaine, et pas seulement leur vie, mais aussi leur dépendance vis à vis de cette culture. Pour trouver cela, ils se regardent et ils regardent leur étrange amitié romantique, pratiquement divine. Ils regardent également vers l'Ouest, ce grand ouest américain. L’idée qu’ils se font de l'Ouest est quelque chose de très alambiqué dont il est difficile de les détacher. Par exemple, cette image idéalisée de la vie dans un ranch au-delà des frontières du Nebraska que Lamb décrit à Tommie est justement ce qui empêche cet endroit de devenir une échappatoire à tout ce qui a un rapport avec la culture américaine. Ils n'y voient que du bétail, des pistes de terre et des bouses de vache. Les espèces indigènes et menacées n'existent que dans leur imagination, pas dans les étendues qu'ils traversent. Si leur amitié ressemble un peu à un paysage vierge et sauvage, je pense que c'est uniquement parce qu'il n'est pas vraiment possible pour quiconque de vivre en dehors de son époque. Leurs désirs et leurs illusions ne sont que des pièces de l'époque à laquelle ils vivent. Il n'y a aucun moyen d'y échapper, nulle part où aller. Je crois qu'ils font l'expérience de ce qu'il y a de précieux (presque miraculeux) dans leur relation et dans les paysages qu'ils traversent.

Q : Est-ce que vous avez été inspirée par certains auteurs ou certains romans en écrivant Lamb ?

R : J'étais en Doctorat de Littérature du 18e siècle quand j'ai écrit ce roman. Samuel Richardson et Henry Fielding m'ont probablement influencée. J'aime à le penser, en tout cas. J'espère juste qu'il n'y a pas de John Locke dans tout cela. J'ai également lu de nombreuses œuvres de Louis L’Amour en écrivant ce roman.

Le point de vue d'Aimee Bender

Aimee Bender est l'auteure du roman La singulière tristesse du gâteau au citron

Le premier roman de Bonnie Nadzam, Lamb, plaît aux lecteurs à plusieurs niveaux. D'un côté, il se lit un peu comme un thriller, on sent de la tension et un certain enchaînement des faits au fur et à mesure que l'on tourne les pages. On se demande ce qu'il va arriver à cet homme et à cette jeune fille à l'aube de l'adolescence lorsqu'ils partent pour le Grand Ouest. À quel point vais-je me sentir mal à l'aise ? Mais il n'y a pas vraiment de réponse ni de moment qui nous font affirmer qu'il s'agit d'un thriller. Bonnie Nazdam prend bien soin de faire en sorte que l'univers du roman reste fragile, complexe et troublant sur le plan moral. J'ai essayé de trouver des réponses, mais j'ai vraiment apprécié que l'auteure fasse en sorte de contrecarrer nos théories de manière aussi experte.

La plume de Bonnie Nadzam est tout simplement superbe. Elle est capable de décrire les personnages, le ciel, les montagnes et les paysages avec une incroyable précision et un grand sens de la beauté. Le lecteur est transporté par sa prose et profite du paysage avec une immense sensation de bien-être. Bonnie Nadzam excelle à tous les niveaux. Elle écrit d'une manière très raffinée, est capable de nous transporter dans une intrigue parfaite et surtout, elle envoûte le lecteur de manière à ce qu'il lui soit impossible de décrocher de la trame.  

C'est un formidable premier roman et une auteure à suivre de près. Tommy et Lamb sont des personnages très attachants et je me suis prise d'une profonde empathie pour Tommie, tant ses désirs et sa vulnérabilité transpirent de ce roman. Qu'est-ce qui nous aide à grandir et à aller plus haut ? Qu'est-ce qui va trop loin ? Qui sont nos professeurs et qui sont ceux qui nous font souffrir ? Une personne peut-elle être les deux à la fois ? Et comment ? Quel genre d'histoire nous racontons-nous ? Toutes ces questions continuent de trotter dans notre tête longtemps après avoir refermé la dernière page de ce livre.

Présentation de l'éditeur :

Tommie a onze ans, des taches de rousseur et pas de repères. Lamb, la cinquantaine, traverse une mauvaise passe. Un été, dans la banlieue de Chicago, elle lui demande une cigarette. Ils deviennent amis. Il lui paye des hot-dogs, elle l'écoute parler. Il veut l'emmener loin. Elle accepte. Ce sera leur secret. Quel mal y a-t-il à ce qu'un homme parte avec une gamine dans un chalet isolé de tout ?
Née à Cleveland, Bonnie Nadzam vit dans les Montagnes Rocheuses. Lamb est son premier roman, couronné par le Flaherty-Dunnan First Novel Prize.
" Seul un jeune auteur extrêmement prometteur peut dépeindre des personnages à la fois si tendres et si désaxés. "

The Boston Globe
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Cécile Chartres

À propos de cette édition

• Éditeur: POINTS
• Date d'édition: 2015
• ISBN 10: 2757840649
• ISBN 13: 9782757840641
• Reliure: Poche
• Nombre de pages: 240