Extrait :
Entre 1955 et aujourd'hui, le journaliste, son univers et les intrigues qu'il a systématiquement menées à terme ont évolué, en même temps que la méthode de travail et les envies des auteurs, Tibet et Duchâteau. À l'origine, Ric est un adolescent de 13 ans qui vend dans les rues, à la criée, le quotidien La Rafale. Dans Ric Hochet mène le jeu, une histoire en quatre planches, il parvient ainsi à démanteler un réseau d'espionnage, à l'instant où l'un des membres se trouve sur le point de transmettre à une puissance étrangère des documents ultra-secrets. Personne, à commencer par l'auteur et le dessinateur, n'imagine alors que la série va perdurer et se développer. D'ailleurs, à cette époque, comme c'est l'usage dans le journal Tintin, ce premier récit est seulement signé par Tibet. Le nom de Duchâteau va apparaître trois ans après, dans d'autres courtes histoires qui permettent d'installer le personnage au coeur de son univers. Dans "Enquête chez les timbrés", Ric croise, pour la première fois, l'inspecteur Bourdon. Dans "L'énigme des photos express", on comprend qu'il a pris du grade à La Rafale, puisqu'on découvre qu'il est désormais reporter. Physiquement, il ressemble alors à Gérard Blain, l'un des acteurs vedettes de la Nouvelle Vague. Tibet s'est inspiré des traits de ce comédien pour imaginer Ric qui a alors autour de 25 ans. Petit à petit, ses cheveux vont pousser. À l'exception d'une histoire où ils sont très courts, il va ainsi rappeler, à certains, Jean Marais, au sommet de sa gloire. Aujourd'hui encore, il fait physiquement penser au comédien, car il ne fait pas son âge. En un demi-siècle, affichant, comme les auteurs, une éternelle jeunesse, il a seulement vieilli d'une vingtaine d'années au maximum. Ses tenues n'ont guère changé non plus. Ce superhéros ne vole pas, ne porte pas un masque ou une cape, mais des pulls rouges, souvent à col roulé, des boots et des vestes pied-de-poule dont il possède une impressionnante collection. Les lecteurs l'ont aperçue lorsque Ric ouvre un placard dans "Les cinq revenants" et "Le disparu de l'enfer". Il pilote aussi des Porsche dont le modèle évolue au fil d'incroyables carambolages, à l'issue de poursuites particulièrement spectaculaires. Ne demandez pas toutefois à Tibet le moindre détail sur le modèle dernier cri qu'il a dessiné. S'il connaît par coeur tous les westerns américains hollywoodiens, il est en effet beaucoup moins à l'aise lorsqu'il s'agit de parler d'un type de voiture, et ignore tout des caractéristiques spécifiques du moteur ou de la carrosserie. Il travaille à partir d'une documentation extrêmement précise, et cela lui suffit.
INTERDIT DE FUMER
Dans les premiers épisodes, Ric Hochet fume la pipe. Il va très vite renoncer à ce tic si cher, jadis, aux détectives amateurs. L'inspecteur Bourdon, rapidement devenu commissaire va conserver cette tradition chère à Maigret dans les romans de Georges Simenon. Quant à la nièce de Bourdon, Nadine, apparue adolescente pour la première fois dans Piège pour Ric Hochet, elle va devenir une ravissante jeune femme que le hasard, ou plutôt le destin, mêle régulièrement à certaines aventures particulièrement périlleuses. Affronter les dangers n'est pas un problème pour elle. Elle est en effet une disciple de Rie, dont elle est, de toute évidence, très amoureuse. Et réciproquement. Le journaliste-détective apprécie son charme, mais aussi une décontraction de plus en plus manifeste, au fil des histoires. Entre ses premières interventions et aujourd'hui, Nadine a perdu sa sophistication naturelle de petite fille, coupé ses cheveux et renoncé au rouge à lèvres. Il est probable qu'une liaison existe avec Rie, mais les auteurs ne nous en offrent jamais une preuve évidente. En revanche, il n'est pas question de mariage pour l'instant. Cela n'empêche pas le journaliste-détective de garder en tête l'idée de fonder un jour une famille. Cela ne manquera sans doute pas de faire plaisir à Richard, son aventurier de père, dont les lecteurs ont appris l'existence au bout de quelques épisodes seulement. Et cela parce que Bibi, le fils de Tibet, a innocemment demandé un jour qui était le papa de Rie. Il a bien fallu lui apporter une réponse...
Biographie de l'auteur :
Enfant, André-Paul Duchateau dévore les aventures du détective japonais Iké Terouka, qui paraissaient dans un illustré pour jeunes. Ces premières lectures éveillent en lui un insatiable appétit d'écriture de romans policiers, un genre dans lequel il excelle, puisqu'il publie son premier polar à... 16 ans ! Les années qui suivent le verront creuser cette veine avec une productivité peu commune. Mais, en 1955, il opère un virage radical suite à sa rencontre avec Tibet, qui l'introduit au Lombard, et avec lequel il lance le célèbre « Ric Hochet ». Une fois sur le terrain, Duchateau ne démérite pas, prouvant planche après planche sa capacité à écrire dans presque tous les styles, pour tous les auteurs. Une polyvalence qui fait de lui un choix idéal pour remplacer Henri Desclez à la tête du journal Tintin, en 1976. Il orientera encore davantage le célèbre magazine vers le récit d'aventures moderne, qui emprunte au cinéma ou aux séries TV. Auteur de nombre de séries d'alors (« Les Casseurs », « Hypérion », « Udolfo »), il rend sa casquette en 1979, pour redevenir scénariste et romancier à part entière, et renouer avec sa légendaire et pléthorique productivité. En effet, toutes ces années durant, il n'a jamais cessé d'écrire des polars, et d'engranger les prix littéraires. C'est donc assez logiquement que le Lombard fait de nouveau appel à lui, en 1989, pour diriger la collection « BD Détectives », qui réunit ses deux plus grandes passions. Depuis, même s'il a un brin levé le pied, il continue d'écrire les aventures de Ric Hochet et des polars. Les deux se rejoignant même parfois...
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