Articles liés à Les gestes techniques de la préhistiore
L'édition de cet ISBN n'est malheureusement plus disponible.
Afficher les exemplaires de cette édition ISBN
Cet ouvrage propose des pistes d'analyse et d'interprétation des objets préhistoriques depuis les périodes les plus anciennes. Pour retracer les enchaînements de gestes qui ont donné naissance aux outils façonnés, il s'attache aux matériaux et aux procédés techniques utilisés, mais aussi à la fonction précise à laquelle ces outils répondent. Au fil du temps, les pratiques s'élaborent et se diversifient, au même rythme que les aptitudes à la pensée et aux relations sociales. Décoder les gestes techniques revient donc à appréhender la plus ancienne évolution de l'humanité dans ses diverses activités symboliques. Cet entraînement à la lecture des objets constitue un prérequis indispensable à la formation d'un archéologue et d'un anthropologue du passé : aucune véritable étude paléo-culturelle ne peut être entreprise sans cette maîtrise méthodologique. L'ouvrage a été conçu selon une intention fondamentalement didactique. II est assorti d'exemples, de commentaires, et présente les différentes interprétations liées à chaque variation (style, activité, période, lieu).
Les informations fournies dans la section « Synopsis » peuvent faire référence à une autre édition de ce titre.
Extrait :
Extrait de l'introduction
Que pouvons-nous faire avec un plateau de silex «taillés» ou d'autres objets préhistoriques sous les yeux ? Par quelles voies l'analyse et l'interprétation vont-elles passer ? Cet ouvrage offre quelques pistes que nous croyons pertinentes à cette fin. Au départ, nous allons y distinguer les traits généraux, évidents dès les premiers regards : le matériau, le procédé technique, la silhouette, le type. Pour les matières, on distinguera d'abord, grossièrement, les roches des matières osseuses, les métaux des matières végétales. Pour celles en pierre (ou «lithiques»), on isolera les blocs façonnés des enlèvements qui en furent extraits. On gardera aussi à l'esprit que ces formes générales ne correspondent en rien aux objectifs fonctionnels qui peuvent avoir été multiples : ce mode de rapport relève déjà de la tradition gestuelle. En général, les mises en forme peuvent procéder par des techniques distinctes (percussion, fonte ou modelage). Les méthodes constituent des agencements stéréotypés de gestes, tels le débitage centripète, l'extraction de lames ou de lamelles. Déjà, ces procédés techniques combinés relèvent d'une syntaxe, élaborée et claire, dont le sens peut être de nature fonctionnelle, culturelle ou chronologique. Enfin, l'archéologie s'appuie sur la définition de catégories mises en lumière via la confrontation des divers objets afin d'y déceler les régularités qui porteront ensuite valeur référentielle, d'un style, d'une fonction ou d'une tradition.
L'enclenchement de comportements techniques crée une situation totalement nouvelle dans l'évolution : les aptitudes anatomiques sont désormais largement dépassées par celles offertes par la culture. Toutes les pratiques symboliques se trouvent concrètement exprimées dans le déroulement des chaînes techniques : elles en montrent l'élaboration, la prévision, la solidarité, la flexibilité et, surtout, l'irréversible transformation au fil du temps (fig. 1). La découpe de matériaux par un mouvement longitudinal appuyé constitue dès les origines l'une des actions les plus fondamentales dans l'univers technique. Chez l'homme, elle glisse des incisives vers un outil manipulé grâce à la libération des mains. Ces traces d'action élémentaire sur la matière s'assortissent dès lors de transformations mécaniques générales, données par l'élaboration des outils, les modes de préhension et les matériaux mis en oeuvre (fig. 2).
La lecture d'un objet taillé permet de restituer la série de gestes agencés qui l'ont produit : une séquence abstraite peut en être dégagée permettant la confrontation avec les modes techniques développés par d'autres traditions ou pour répondre à d'autres fonctions. On parle souvent de «chaînes opératoires», liant des séries de moments étalés selon un fil apparemment déroutant mais tous dictés par une intention, via des processus codés. On touche là un aspect de la pensée via ses vestiges : les gestes techniques et les comportements culturels peuvent alors être retrouvés jusqu'aux périodes les plus anciennes (fig. 3). Si, par exemple, on cherche à restituer le cheminement d'un silex taillé, il faudra d'abord définir le lieu d'acquisition de la matière première utilisée, envisager ensuite l'opération de dégrossissage durant laquelle le bloc est «testé», et enfin sa mise en forme, soit par le façonnage du bloc (pour un biface ou une hache, par exemple), soit par son débitage (produisant un éclat, une lame, une lamelle). Les aménagements postérieurs éventuels de ces supports (éclat, lame, lamelle) par retouche ou aménagement spécial sont destinés à la réalisation d'un outil fini, précis et léger. Lors de ces processus successifs, de nombreux déchets sont obtenus : certains d'entre eux peuvent alors être replacés dans la série de gestes préparatoires ou, eux-mêmes, transformés en «outils» (fig. 4).
Biographie de l'auteur :
Que pouvons-nous faire avec un plateau de silex «taillés» ou d'autres objets préhistoriques sous les yeux ? Par quelles voies l'analyse et l'interprétation vont-elles passer ? Cet ouvrage offre quelques pistes que nous croyons pertinentes à cette fin. Au départ, nous allons y distinguer les traits généraux, évidents dès les premiers regards : le matériau, le procédé technique, la silhouette, le type. Pour les matières, on distinguera d'abord, grossièrement, les roches des matières osseuses, les métaux des matières végétales. Pour celles en pierre (ou «lithiques»), on isolera les blocs façonnés des enlèvements qui en furent extraits. On gardera aussi à l'esprit que ces formes générales ne correspondent en rien aux objectifs fonctionnels qui peuvent avoir été multiples : ce mode de rapport relève déjà de la tradition gestuelle. En général, les mises en forme peuvent procéder par des techniques distinctes (percussion, fonte ou modelage). Les méthodes constituent des agencements stéréotypés de gestes, tels le débitage centripète, l'extraction de lames ou de lamelles. Déjà, ces procédés techniques combinés relèvent d'une syntaxe, élaborée et claire, dont le sens peut être de nature fonctionnelle, culturelle ou chronologique. Enfin, l'archéologie s'appuie sur la définition de catégories mises en lumière via la confrontation des divers objets afin d'y déceler les régularités qui porteront ensuite valeur référentielle, d'un style, d'une fonction ou d'une tradition.
L'enclenchement de comportements techniques crée une situation totalement nouvelle dans l'évolution : les aptitudes anatomiques sont désormais largement dépassées par celles offertes par la culture. Toutes les pratiques symboliques se trouvent concrètement exprimées dans le déroulement des chaînes techniques : elles en montrent l'élaboration, la prévision, la solidarité, la flexibilité et, surtout, l'irréversible transformation au fil du temps (fig. 1). La découpe de matériaux par un mouvement longitudinal appuyé constitue dès les origines l'une des actions les plus fondamentales dans l'univers technique. Chez l'homme, elle glisse des incisives vers un outil manipulé grâce à la libération des mains. Ces traces d'action élémentaire sur la matière s'assortissent dès lors de transformations mécaniques générales, données par l'élaboration des outils, les modes de préhension et les matériaux mis en oeuvre (fig. 2).
La lecture d'un objet taillé permet de restituer la série de gestes agencés qui l'ont produit : une séquence abstraite peut en être dégagée permettant la confrontation avec les modes techniques développés par d'autres traditions ou pour répondre à d'autres fonctions. On parle souvent de «chaînes opératoires», liant des séries de moments étalés selon un fil apparemment déroutant mais tous dictés par une intention, via des processus codés. On touche là un aspect de la pensée via ses vestiges : les gestes techniques et les comportements culturels peuvent alors être retrouvés jusqu'aux périodes les plus anciennes (fig. 3). Si, par exemple, on cherche à restituer le cheminement d'un silex taillé, il faudra d'abord définir le lieu d'acquisition de la matière première utilisée, envisager ensuite l'opération de dégrossissage durant laquelle le bloc est «testé», et enfin sa mise en forme, soit par le façonnage du bloc (pour un biface ou une hache, par exemple), soit par son débitage (produisant un éclat, une lame, une lamelle). Les aménagements postérieurs éventuels de ces supports (éclat, lame, lamelle) par retouche ou aménagement spécial sont destinés à la réalisation d'un outil fini, précis et léger. Lors de ces processus successifs, de nombreux déchets sont obtenus : certains d'entre eux peuvent alors être replacés dans la série de gestes préparatoires ou, eux-mêmes, transformés en «outils» (fig. 4).
Marcel Otte : Professeur de préhistoire à l'Université de Liège, il travaille essentiellement sur l'origine des peuples européens, sur l'évolution de l'art et des religions et sur les racines des groupes linguistiques actuels. Pierre Noiret : Maître de conférences à l'Université de Liège, il est spécialisé dans l'étude des civilisations de la Préhistoire en Europe.
Les informations fournies dans la section « A propos du livre » peuvent faire référence à une autre édition de ce titre.
- ÉditeurDE BOECK SUP
- Date d'édition2010
- ISBN 10 2804117669
- ISBN 13 9782804117665
- ReliurePoche
- Numéro d'édition1
- Nombre de pages247
(Aucun exemplaire disponible)
Chercher: Créez une demandeSi vous ne trouvez pas un livre sur AbeBooks, nous le rechercherons automatiquement pour vous parmi les livres quotidiennement ajoutés au catalogue.
Créez une demande