Extrait :
Extrait de l'introduction
La notion d'optimalité au sens de Pareto, due à l'économiste et sociologue italien Vilfredo Pareto, est centrale dans la théorie microéconomique moderne. Elle trouve son origine dans la volonté de dissocier les questions relatives à l'efficacité 1 du système économique des questions concernant l'équité ou la justice sociale, qui nécessitent des jugements de valeur. Une situation est dite optimale au sens de Pareto s'il n'en existe pas d'autre qui permette d'accroître le niveau de satisfaction d'un ou plusieurs agents économiques sans faire diminuer celle d'au moins un autre agent.
Grâce à ce concept, il a été possible de progresser dans l'analyse de l'efficacité d'une économie de marché. Cependant, plusieurs situations peuvent être optimales entre lesquelles on ne peut faire de discrimination sans introduire de jugement de valeur ou se doter de critères supplémentaires. Il est simplement possible de distinguer les allocations de l'économie qui sont efficaces au sens de Pareto et celles qui ne le sont pas.
L'essence même du concept a fait l'objet de transpositions dans de multiples domaines de la théorie microéconomique qui se sont développés dans le cadre de la théorie néoclassique autour de problèmes spécifiques. La théorie de la production en est un exemple. Une frontière de production efficace est l'ensemble des vecteurs input-output qui sont efficaces. Ces vecteurs sont tels qu'il n'en existe pas de nouveau qui permette de diminuer certains input sans en augmenter d'autre ou bien qui autorise à accroître certains outputs sans en réduire d'autre. Lorsque les firmes sont supposées efficaces, leur comportement peut être modélisé à l'aide d'une fonction de production, ce qui permet d'opérer un calcul direct et de donner un diagnostic en terme de stratégie industrielle. Cela répond aux exigences normatives de la théorie économique, mais suppose une économie idéalisée souvent loin de la réalité. En effet, les imperfections de marché et les allocations non efficaces de ressources qui en découlent sont en général la norme dans l'économie «réelle». Il est donc important pour l'économiste de se doter d'instruments qui mesurent la «non-efficience» des firmes et ses variations à travers le temps, c'est-à-dire leurs productivités. Ici, l'efficience n'est plus la règle mais l'exception. C'est à ce sujet qu'a été consacrée une large part de travaux dans la littérature autour de la notion de «fonction distance», parce que celles-ci, justement, évaluent la productivité et l'efficacité en mesurant la distance qui sépare les firmes de la frontière de production.
Sous certaines conditions, les théoriciens néoclassiques on montré que l'optimum provenait de l'équilibre de l'économie dans le cadre des hypothèses de la concurrence pure et parfaite. Les outils que nous allons développer dans cet ouvrage sont des instruments d'analyse hors équilibre dont le champ d'application, nous allons nous efforcer de le montrer, ne se réduit pas à la seule théorie de la production. Ils ont des applications directes en théorie du consommateur et dans l'analyse du bien-être, en théorie des jeux (coopératifs ou non coopératifs) ou encore pour mesurer la performance des actifs financiers.
Biographie de l'auteur :
Walter Briec est Professeur des Universités en Sciences économiques à l'Université de Perpignan. Spécialiste de la théorie des frontières de production et des mesures d'efficience, il a publié notamment dans Management Science, Economic Theory et American Journal of Agricultural Economics. Nicolas Peypoch est Maître de Conférences (HDR) en Sciences économiques à l'Université de Perpignan. Il travaille sur la mesure de l'efficience et ses applications, entre autres à l'économie du tourisme. Il a publié notamment dans Economic Modelling, Journal of Economics et European Journal of Operational Research.
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