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Approche par compétences et réduction des inégalités entre élèves: De l'analyse des situations scolaires à la formation des enseignants - Couverture souple
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Extrait :
Extrait de l'introduction de Jacqueline BECKERS, Université de Liège
Mise en perspective théorique
Dans plusieurs pays d'Europe mais aussi d'Afrique et d'Amérique, les réformes du système éducatif ont confié aux écoles la mission de contribuer au développement des compétences chez leurs élèves. Le but est de garantir à ceux-ci la maîtrise d'objectifs ambitieux leur permettant de faire face adéquatement à la complexité du monde qui les entoure en exploitant à bon escient des savoirs valides, des savoir-faire efficaces et des attitudes d'engagement responsable comme citoyen d'un monde solidaire. Dans cet ouvrage, le terme «compétence» sera défini comme la capacité d'un sujet à mobiliser de manière intégrée de telles ressources internes de qualité (savoirs, savoir-faire et attitudes), mais aussi des ressources qui lui sont externes pour faire face à des situations ouvertes, susceptibles d'approches différentes, de solutions plurielles dont le degré d'adéquation appelle un jugement critique.
Posée en ces termes, cette orientation nouvelle des prescrits qui pilotent le métier d'enseignant apparaît bien comme une opportunité de mieux remplir pour tous les missions essentielles de l'école et pas seulement comme une nouvelle mode pédagogique. L'expression «Approche par compétences (APC)», fréquemment utilisée, est ambiguë parce qu'elle semble évoquer avant tout une méthodologie ; nous l'utiliserons cependant comme raccourci pour caractériser un changement de finalités, d'objets d'enseignement, d'approches didactiques et de pratiques évaluatives, bref, un changement de curriculum. Celui-ci est censé se mettre au service d'une nouvelle forme d'égalité, l'égalité des acquis jugés essentiels (Beckers, 1998a, 2002) à l'épanouissement de chacun dans son environnement de vie. Elle ne transige pas sur le niveau d'exigence de ces objectifs, nécessairement ambitieux pour tous, mais c'est par l'importance et la qualité des moyens investis au service de leur maîtrise qu'elle se propose de rencontrer les différences d'attitudes, de projets, de connaissances et de capacités de chacun.
La recherche de cette nouvelle forme d'égalité, fondée sur une conception corrective de la justice, s'est imposée dans bon nombre de systèmes éducatifs devant les difficultés, le semi-échec et les déceptions engendrés par le modèle de l'égalité des chances.
Cet échec a notamment été mis en évidence par les études internationales de rendement, organisées sous l'égide de l'IEA (International Association for the Evaluation of Educational Achievement) depuis longtemps déjà ou de l'OCDE plus récemment (les premières évaluations Pisa - The Programme for International Student Assessment - ont été administrées en 2000). Celles-ci ont mis en évidence combien les systèmes éducatifs diffèrent en efficacité moyenne, mais sont aussi plus ou moins inégalitaires. Certains d'entre eux sont en effet caractérisés par de grandes différences de réussite selon les établissements et ce, bien avant la réforme dite des compétences...
Cependant, mal comprise et/ou mal appliquée, l'APC risque d'accroître les inégalités de résultats entre élèves; elle pourrait en effet faire partie de ces «pédagogies invisibles» dénoncées par Bernstein dès 1975(a), quand la tâche proposée aux élèves est trop ouverte, répondant à un contrat didactique trop flou sur les objectifs et les enjeux du savoir.
De nombreux travaux de recherche soutiennent la thèse selon laquelle les «pédagogies invisibles», caractérisées par un cadrage faible de la part de l'enseignant, offrant peu de soutien aux élèves dans leur rencontre avec un nouveau savoir à construire, rendent problématique l'apprentissage de certains.
Des travaux déjà anciens sur les processus d'enseignement (Brophy et Evertson, 1976, cités par Crahay, 2005a) ont mis en évidence des effets d'interaction entre la manière dont les enseignants efficaces organisent le travail des élèves dans leur classe et la composition socio-culturelle de celle-ci : ils exploitent davantage les situations-problèmes dans les classes de milieux favorisés et davantage l'ex-cathedra dans les classes peuplées d'enfants d'origines modestes.
Des études plus récentes, contrastant les pratiques pédagogiques en ZEP (zones d'éducation prioritaires) et dans des écoles favorisées par leur recrutement socioculturel, relayent des faits similaires.
Présentation de l'éditeur :
Mise en perspective théorique
Dans plusieurs pays d'Europe mais aussi d'Afrique et d'Amérique, les réformes du système éducatif ont confié aux écoles la mission de contribuer au développement des compétences chez leurs élèves. Le but est de garantir à ceux-ci la maîtrise d'objectifs ambitieux leur permettant de faire face adéquatement à la complexité du monde qui les entoure en exploitant à bon escient des savoirs valides, des savoir-faire efficaces et des attitudes d'engagement responsable comme citoyen d'un monde solidaire. Dans cet ouvrage, le terme «compétence» sera défini comme la capacité d'un sujet à mobiliser de manière intégrée de telles ressources internes de qualité (savoirs, savoir-faire et attitudes), mais aussi des ressources qui lui sont externes pour faire face à des situations ouvertes, susceptibles d'approches différentes, de solutions plurielles dont le degré d'adéquation appelle un jugement critique.
Posée en ces termes, cette orientation nouvelle des prescrits qui pilotent le métier d'enseignant apparaît bien comme une opportunité de mieux remplir pour tous les missions essentielles de l'école et pas seulement comme une nouvelle mode pédagogique. L'expression «Approche par compétences (APC)», fréquemment utilisée, est ambiguë parce qu'elle semble évoquer avant tout une méthodologie ; nous l'utiliserons cependant comme raccourci pour caractériser un changement de finalités, d'objets d'enseignement, d'approches didactiques et de pratiques évaluatives, bref, un changement de curriculum. Celui-ci est censé se mettre au service d'une nouvelle forme d'égalité, l'égalité des acquis jugés essentiels (Beckers, 1998a, 2002) à l'épanouissement de chacun dans son environnement de vie. Elle ne transige pas sur le niveau d'exigence de ces objectifs, nécessairement ambitieux pour tous, mais c'est par l'importance et la qualité des moyens investis au service de leur maîtrise qu'elle se propose de rencontrer les différences d'attitudes, de projets, de connaissances et de capacités de chacun.
La recherche de cette nouvelle forme d'égalité, fondée sur une conception corrective de la justice, s'est imposée dans bon nombre de systèmes éducatifs devant les difficultés, le semi-échec et les déceptions engendrés par le modèle de l'égalité des chances.
Cet échec a notamment été mis en évidence par les études internationales de rendement, organisées sous l'égide de l'IEA (International Association for the Evaluation of Educational Achievement) depuis longtemps déjà ou de l'OCDE plus récemment (les premières évaluations Pisa - The Programme for International Student Assessment - ont été administrées en 2000). Celles-ci ont mis en évidence combien les systèmes éducatifs diffèrent en efficacité moyenne, mais sont aussi plus ou moins inégalitaires. Certains d'entre eux sont en effet caractérisés par de grandes différences de réussite selon les établissements et ce, bien avant la réforme dite des compétences...
Cependant, mal comprise et/ou mal appliquée, l'APC risque d'accroître les inégalités de résultats entre élèves; elle pourrait en effet faire partie de ces «pédagogies invisibles» dénoncées par Bernstein dès 1975(a), quand la tâche proposée aux élèves est trop ouverte, répondant à un contrat didactique trop flou sur les objectifs et les enjeux du savoir.
De nombreux travaux de recherche soutiennent la thèse selon laquelle les «pédagogies invisibles», caractérisées par un cadrage faible de la part de l'enseignant, offrant peu de soutien aux élèves dans leur rencontre avec un nouveau savoir à construire, rendent problématique l'apprentissage de certains.
Des travaux déjà anciens sur les processus d'enseignement (Brophy et Evertson, 1976, cités par Crahay, 2005a) ont mis en évidence des effets d'interaction entre la manière dont les enseignants efficaces organisent le travail des élèves dans leur classe et la composition socio-culturelle de celle-ci : ils exploitent davantage les situations-problèmes dans les classes de milieux favorisés et davantage l'ex-cathedra dans les classes peuplées d'enfants d'origines modestes.
Des études plus récentes, contrastant les pratiques pédagogiques en ZEP (zones d'éducation prioritaires) et dans des écoles favorisées par leur recrutement socioculturel, relayent des faits similaires.
Dans plusieurs pays, l'approche par compétences fait partie du prescrit légal qui pilote le métier d'enseignant. L'objectif est de permettre aux élèves de faire face progressivement à la complexité du monde qui les entoure en mobilisant à bon escient des savoirs, pour apprendre tout au long de leur existence, mener une vie professionnelle et exercer des responsabilités civiques et sociales.
Cependant, mal comprise, une "pédagogie par compétences" risque d'accroître les inégalités de résultats entre élèves ; elle pourrait faire partie de ces "pédagogies invisibles" dénoncées par Bernstein dès 1975, quand la tâche proposée aux élèves est trop ouverte, répondant à un contrat didactique trop flou sur les objectifs et les enjeux de savoir. Les recherches de l'équipe ESCOL et du réseau RESEIDA mettent en évidence des effets différenciés des pratiques enseignantes, en fonction des dispositions sociocognitives des élèves et du sens que ceux-ci attribuent aux tâches scolaires.
Faudrait-il pour autant réserver aux élèves les mieux préparés par leurs modes de socialisation familiale les occasions d'aborder des situations ouvertes et cognitivement porteuses ? Faut-il au contraire mettre toute la professionnalité des enseignants à construire, précisément pour ces élèves moins chanceux au départ, des situations d'apprentissage et des étayages qui devraient favoriser 'atteinte d'objectifs ambitieux et le développement de compétences critiques ?
Cet ouvrage ouvre des pistes de réflexion sur des pratiques diminuer les risques d'inégalités sans réduire les exigences des tâches et le niveau taxonomique des apprentissages et insiste sur la nécessité de rendre explicites et collectifs les savoirs en voie d'appropriation par les élèves.
Jacqueline Beckers
Docteur en sciences de l'éducation, elle est professeur à la Faculté de psychologie et des sciences de Véducation de l'Université de Liège. Ses domaines privilégiés de recherche sont relatifs au développement des compétences scolaires et professionnelles, à la formation des enseignants et à la construction professionnelle identitaire.
Jacques Crinon
Professeur de sciences de léducation à l'Université Paris-Est Créteil, il dirige un master de formation dénseignants. Il appartient à léquipe de recherche CIRCEFT-ESCOL (Universités Paris 8 et Paris Est Créteil). Ses recherches portent sur la didactique de la langue écrite et la construction des connaissances par la production de textes, sur le rôle des pratiques enseignantes dans la constitution des inégalités scolaires et sur la formation des enseignants.
Germain Simons
Docteur en philosophie et lettres, il est chargé de cours au Département de langues et littératures modernes de l'Université de Liège. Il assure la tutelle des stages d'enseignement et d'observation destinés aux futurs professeurs de langues étrangères.
Cependant, mal comprise, une "pédagogie par compétences" risque d'accroître les inégalités de résultats entre élèves ; elle pourrait faire partie de ces "pédagogies invisibles" dénoncées par Bernstein dès 1975, quand la tâche proposée aux élèves est trop ouverte, répondant à un contrat didactique trop flou sur les objectifs et les enjeux de savoir. Les recherches de l'équipe ESCOL et du réseau RESEIDA mettent en évidence des effets différenciés des pratiques enseignantes, en fonction des dispositions sociocognitives des élèves et du sens que ceux-ci attribuent aux tâches scolaires.
Faudrait-il pour autant réserver aux élèves les mieux préparés par leurs modes de socialisation familiale les occasions d'aborder des situations ouvertes et cognitivement porteuses ? Faut-il au contraire mettre toute la professionnalité des enseignants à construire, précisément pour ces élèves moins chanceux au départ, des situations d'apprentissage et des étayages qui devraient favoriser 'atteinte d'objectifs ambitieux et le développement de compétences critiques ?
Cet ouvrage ouvre des pistes de réflexion sur des pratiques diminuer les risques d'inégalités sans réduire les exigences des tâches et le niveau taxonomique des apprentissages et insiste sur la nécessité de rendre explicites et collectifs les savoirs en voie d'appropriation par les élèves.
Jacqueline Beckers
Docteur en sciences de l'éducation, elle est professeur à la Faculté de psychologie et des sciences de Véducation de l'Université de Liège. Ses domaines privilégiés de recherche sont relatifs au développement des compétences scolaires et professionnelles, à la formation des enseignants et à la construction professionnelle identitaire.
Jacques Crinon
Professeur de sciences de léducation à l'Université Paris-Est Créteil, il dirige un master de formation dénseignants. Il appartient à léquipe de recherche CIRCEFT-ESCOL (Universités Paris 8 et Paris Est Créteil). Ses recherches portent sur la didactique de la langue écrite et la construction des connaissances par la production de textes, sur le rôle des pratiques enseignantes dans la constitution des inégalités scolaires et sur la formation des enseignants.
Germain Simons
Docteur en philosophie et lettres, il est chargé de cours au Département de langues et littératures modernes de l'Université de Liège. Il assure la tutelle des stages d'enseignement et d'observation destinés aux futurs professeurs de langues étrangères.
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- ÉditeurDE BOECK SUP
- Date d'édition2012
- ISBN 10 2804168719
- ISBN 13 9782804168711
- ReliureBroché
- Numéro d'édition1
- Nombre de pages248
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Approche par compétences et réduction des inégalités entre élèves : De l'analyse des situations scolaires à la formation des enseignants
Edité par
DE BOECK SUP
(2012)
ISBN 10 : 2804168719
ISBN 13 : 9782804168711
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