Extrait :
Introduction : l'impératif planétaire
Ernst von Weizsäcker
À la croisée des chemins
L'espèce humaine se trouve à l'aube de grands changements. Jamais jusqu'alors dans l'histoire, nous n'avions été confrontés à plus grand défi. Nous avons tellement réussi à développer nos connaissances et nos savoir-faire que nous sommes à l'origine d'une abondance et une prospérité matérielle inouïe - une prospérité que l'on aurait à peine pu imaginer il y a seulement cent ans. À l'époque, les inventeurs de tous les pays ne pouvaient qu'entrevoir le monde qu'ils contribuaient à bâtir, sans parler des conséquences que ce monde nouveau pourrait avoir sur l'environnement. Les révolutions électriques et numériques ont tellement accéléré ce progrès qu'aujourd'hui, l'espèce humaine couvre l'essentiel des terres habitables de la planète et exploite des ressources aux quatre coins du monde. En ce XXIe siècle, nous sommes à la croisée des chemins, où l'ampleur des conséquences de notre population mondiale rejoint la capacité de notre Terre à soutenir notre existence.
En réponse à ces inquiétudes croissantes, une politique favorable à l'environnement a été entreprise il y a des années, qui se concentrait sur la protection de l'environnement, pour que nos petits-enfants puissent profiter de parcs, d'animaux et de récifs coralliens, et pour assurer une bonne qualité de l'air et de l'eau. Pourtant, aujourd'hui, il s'agit de venir au secours de l'environnement et de le préserver en tant que fondement de la vie telle que nous la connaissons. La croissance et le développement de nos pays se sont accompagnés d'une pression croissante sur l'environnement : une pression pour alimenter sans fin en ressources de type pétrole, nourriture, eau, métaux ; une pression pour assimiler des quantités croissantes de déchets, de pollution, de gaz à effet de serre. On se souviendra du XXIe siècle comme de l'époque où l'influence des hommes sur Terre sera devenue si grande qu'elle pourrait bien détruire la capacité du lieu qui les héberge à subvenir à leurs besoins. Ce livre n'aurait pas été écrit si le monde dans lequel on vit était trois fois, ou trois cents fois plus grand. Mais il ne l'est pas, et nous allons rapidement être confrontés au fait que nous endommageons notre planète au point de risquer de rendre celle-ci incapable de maintenir les conditions qui nous permettent de vivre et que nous supposions jusqu'alors comme allant de soi.
Le XXIe siècle verra des changements monumentaux se faire. Soit l'espèce humaine utilisera ses connaissances et ses savoir-faire pour changer la manière dont elle interagit avec son environnement, soit c'est l'environnement qui changera la manière dont il interagit avec ses habitants. Dans le premier cas, il nous faudra utiliser les innombrables connaissances que nous avons accumulées durant le dernier millier d'années dans des domaines aussi divers que la physique, la chimie, l'ingénierie, la biologie, le commerce, les affaires et la gouvernance, et les appliquer à l'énorme défi que constitue une réduction drastique de notre pression sur l'environnement. Le second cas correspond par contre au scénario inverse. Il implique le déclin des écosystèmes planétaires jusqu'à ce que ceux-ci atteignent des seuils rendant tout rétablissement illusoire. Il est impossible de savoir ce qui arrivera alors si nous suivons cette voie. Si la température moyenne à la surface de notre planète augmente de 4 à 6 °C, nous ferons face à des changements proprement ahurissants de notre environnement : des mers montant à une rapidité inconnue jusqu'alors, des récoltes et des réserves d'eau baissant drastiquement, des sécheresses, des inondations et des cyclones plus nombreux et/ou plus violents. Choisir une attitude de laisser-faire constituerait un échec pour notre espèce, et un funeste héritage légué à ceux qui nous survivraient. Dans ce livre, nous nous joignons aux nombreux et récents appels des gouvernements de grands pays à baisser de 80 % la pression de l'humanité sur son environnement, et à choisir un chemin réaliste et raisonnable pour atteindre un tel objectif d'ici 2050, conduisant à, et exigeant des innovations déjà approfondies au sein de diverses industries, de multiples communautés et de nombreuses cultures.
(...)
Présentation de l'éditeur :
UN RAPPORT DU CLUB DE ROME
Relancer et transformer l'économie en rendant les ressources 5 fois plus productives !
Changement climatique, croissance économique en berne, voire inexistante, ressources planétaires toujours plus chères et difficiles d'accès, droit pour tous les hommes à un niveau de vie correct : tels sont les défis de ce siècle.
Pour les relever, le monde doit produire biens et services en consommant beaucoup moins de ressources. Rendre les ressources 5 fois plus productives, c'est possible, rapidement, et c'est rentable ! Les technologies existent déjà, il suffit de les utiliser : c'est ce que démontrent les auteurs de Facteur 5 dans la première partie de ce livre, en illustrant leur propos par des dizaines d'exemples concrets d'amélioration de la productivité des ressources, pris dans des secteurs économiques très variés : bâtiments, industrie, agriculture, agro-alimentaire et restauration, transports, technologies de l'information.
La seconde partie de l'ouvrage prolonge la réflexion et étudie les aspects politiques, économiques et éthiques de cet objectif visionnaire. Ses propositions novatrices montrent comment inciter entreprises et consommateurs à adopter des technologies beaucoup plus économes en eau, en énergie, en matériaux, et quel rôle États et institutions publiques peuvent jouer pour répondre au mieux à ces défis majeurs.
L'ouvrage s'adresse à un public très varié de décideurs (responsables politiques, managers d'entreprises, experts internationaux, etc.) impliqués de près ou de loin dans des questions de stratégie de développement durable, aux ingénieurs, chercheurs, enseignants et étudiants.
Ernst von Weizsäcker est président du Wuppertal Institut fur Klima, Umwelt und Energie, l'une des organisations écologiques les plus réputées en Allemagne, et co-président de l'International Panel on Sustainable Resource Management. Il est aussi l'auteur principal de Factor Four (Earthscan, 1998).
Karlson Hargroves, Michael H. Smith, Cheryl Desha et Peter Stasinopoulos codirigent The Natural Edge Project, un groupe de recherche australien axé sur l'ingénierie et la durabilité, soutenu par l'Université Griffith et l'Université Nationale Australienne (ANU). Chercheurs et enseignants dans ces domaines au sein de ces universités, ils ont également écrit plusieurs autres ouvrages de référence en langue anglaise, comme The Natural Advantage of Nations, Whole System Design, Cents and Sustainability, Energy Transformée ou encore Engineering Education for Sustainable Development.
Olivier Descout est Ingénieur-conseil et formateur, il intervient au sein de nombreuses entreprises françaises et étrangères. Il est aussi le traducteur principal de L'Énergie durable - Pas que du vent ! (De Boeck, 2012).
Les informations fournies dans la section « A propos du livre » peuvent faire référence à une autre édition de ce titre.