� qui profite la formation continue des enseignants ? - Couverture souple

Julie Desjardins; Richard Etienne; Pascal Guibert; L�opold Paquay

9782804190972: � qui profite la formation continue des enseignants ?

Couverture souple

ISBN 10 : 2804190978 ISBN 13 : 9782804190972

Editeur : DE BOECK SUP, 2015

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Extrait :

Jeunes ou vieux, sortis ou non d'une �cole normale, nos instituteurs ont besoin de faire effort pour ne pas se laisser gagner par le d�couragement ou par la routine. Pour les y aider, pour tenir chacun d'eux en haleine, nulle action ne peut �tre plus efficace que celle [des conf�rences p�dagogiques qui] compteront formellement au nombre des devoirs auxquels l'instituteur ne pourra se soustraire sans m�conna�tre les exigences de sa profession.

Jules Ferry,
Circulaire minist�rielle du 10 ao�t 1880 aux recteurs d'Acad�mie

La formation continue des enseignants fait-elle encore d�bat depuis que l'�apprentissage tout au long de la vie�, l'�obsolescence des comp�tences� ou la �spirale de l'acc�l�ration� (Rosa, 2013) sont devenus les lieux communs de nos �soci�t�s de la connaissance� ? Les professionnels de l'�ducation ne sont-ils pas les premiers � devoir renouveler en permanence ce qu'il convient de savoir pour diffuser plus et mieux le savoir, pr�cis�ment ? Jules Ferry vivait, on le sait, � l'�re des convictions : �nos instituteurs ont besoin d�faire effort pour ne pas se laisser gagner par le d�couragement ou par la routine� ; �nulle action ne peut �tre plus efficace� que la formation permanente pour �tenir chacun d'eux en haleine�, conform�ment aux �exigences de la profession�. Aujourd'hui, et dans les faits, rien ne coule de source : dans tous les pays, les enseignants se forment plus ou moins volontiers (Darling-Hammond, 2006,2010 ; Altet, Desjardins, Etienne, Paquay & Perrenoud, 2013 ; Eikenbusch, 2013) ; leur employeur leur en donne parfois l'obligation, parfois le droit, rarement tous les moyens d�sir�s (Guibert & Troger, 2012) ; en r�ponse, les int�ress�s soutiennent, contestent ou ignorent les politiques et les pratiques charg�es de soutenir et/ou de guider leur d�veloppement professionnel (Maroy & Cattonar, 2002 ; Maroy, 2006). Ainsi oui, la formation continue fait d�bat, et ce d�bat pourrait durer. Moins parce qu'on douterait de sa n�cessit� que parce que la vraie question serait plut�t : � qui profite-t-elle en v�rit� ? Aux �l�ves ? Aux ma�tres ? � l'institution ? L'un n'emp�che pas l'autre, pensaient apparemment les p�res de l'�cole publique. Mais qui dicte aujourd'hui l'�quilibre, qui pr�tend ou peut pr�tendre au dernier mot ?

En France, la l�gislation sur le travail oblige chaque employeur � participer au financement de la formation continue de ses salari�s, qui ont le droit de se perfectionner sur leur temps de service (MEN, 2013a). Les entreprises belges cotisent obligatoirement � un fonds sectoriel pour le financement des activit�s de formation (Conter & Veinstein, 2008). Au Qu�bec, la loi sur les comp�tences enjoint toute firme dont la masse salariale d�passe un million de dollars � consacrer 1 % de cette masse au perfectionnement de ses employ�s (GdQ, 2014). Seule la Suisse se fie pour l'instant aux initiatives spontan�es des acteurs �conomiques et sociaux, que la Conf�d�ration s'engage tout de m�me � �compl�ter� (Hanhart, 2007). L'Organisation internationale du travail n'a qu'un pouvoir d'incitation et de promotion, mais ses membres se sont par exemple engag�s � �d�finir des politiques de mise en valeur des ressources humaines qui facilitent l'�ducation et la formation tout au long de la vie et l'employabilit�, et s'inscrivent dans un �ventail de mesures politiques con�ues pour cr�er des emplois d�cents et pour atteindre un d�veloppement �conomique et social durable� (OIT, 2004). Ces textes g�n�riques laissent entendre que la formation continue devrait aussi bien profiter aux travailleurs qu'aux employeurs, � la soci�t� en g�n�ral qu'� l'�conomie en particulier. Mais la recherche et l'exp�rience des acteurs montrent que les r�alit�s locales sont moins lisses et coh�rentes que des d�clarations d'intention charg�es de faire l'unanimit� : si se former est en premi�re apparence le comble de la libert�, d�cider qui peut et qui devrait �tre form� - en fonction de quels crit�res d'�employabilit�, de �durabilit� ou de �d�cence� - est le comble du pouvoir si l'on admet que l'�tre humain ne devient libre qu'apr�s (et non avant) s'�tre instruit (Bruner, 1996). La r�gle vaut sans doute pour les enseignants, ce qui fait de leur formation continue tout sauf une �vidence : plut�t un noeud gordien o� peuvent se jouer le contr�le de la profession, l'identit� des professionnels, le pouvoir qu'Us aspirent � prendre ou non sur leur travail et son �volution (Maulini & Gather Thurler, 2014).

Pr�sentation de l'�diteur :

� qui profite la formation continue des enseignants ? Obligatoire ou pas, int�gr�e ou non dans lemploi du temps, adress�e aux personnes ou aux �tablissements, con�ue entre pairs ou d�cr�t�e par la hi�rarchie, plus moins ou adoss�e aux projets du terrain et � la recherche �ducation, qualifiante par endroits, � dautres non, la petite sur de la formation initiale est polymorphe, mais peut-�tre en voie dinstitutionnalisation. Cest un enjeu et un analyseur du processus de professionnalisation. Quen pensent et quen font concr�tement les acteurs ? Comment larticulent-ils avec leur travail ordinaire ? Pour quel b�n�fice estim�, quelle r�flexivit�, quelle efficacit� ? Les chercheurs analysent ici les pratiques et les politiques observables en Belgique, en France, au Qu�bec et en Suisse.

Les informations fournies dans la section � A propos du livre � peuvent faire r�f�rence � une autre �dition de ce titre.