Extrait :
Anaïs
Un premier baiser qui modifie durablement le cours d'une existence est chose originale, de surcroît s'il est donné à l'âge de trente ans. Ma première rousse, je l'ai embrassée devant un film thaïlandais au nom prémonitoire : Tropical Malady.
Outre sa qualité de rousse, Anaïs est aussi une fille. Elle arriva donc en retard. Je l'attendais depuis un bon quart d'heure devant l'entrée du cinéma en proie à un mélange équitable d'anxiété et d'excitation quand elle apparut au coin de la rue, sapée, maquillée et coiffée avec juste ce qu'il fallait de discrète provocation pour m'indiquer qu'un effort avait été fourni par rapport à l'ordinaire vestimentaire.
Parfumée, aussi.
La première odeur qui vint à mes narines quand nous nous retrouvâmes assis dans la salle fut celle de son parfum. La seconde, celle de son shampoing. Effluves de jeune fille propre, coquette et soignée, qui n'a pas pour habitude de se rendre à un rendez-vous galant en sentant la sueur ou le graillon. Son odeur de rousse, je ne l'identifiai que dans un second temps. Par déduction. Ce n'était ni celle du parfum, ni celle du shampoing, c'était autre chose, un petit complément inattendu, l'invité surprise au banquet des stimuli qui suscita d'autant plus ma curiosité que je venais de vivre trois décennies sans en soupçonner l'existence. Une odeur naturelle, animale, sauvage. Tropicale ? Une odeur d'une subtile singularité, impossible à synthétiser par la chimie. Et d'autant plus excitante qu'elle sortait des pores de la peau d'une jolie minette de vingt-trois ans, resplendissante de charme et de bonne santé, alors qu'on l'aurait crue échappée de la cage de quelque fauve exotique exhibé dans les foires.
Voilà, c'est dit, et donc assumé d'emblée : je suis de ceux qui pensent que les rousses ont une odeur spécifique. De ceux qui le pensent, mais aussi, et surtout, de ceux qui le savent.
Évoquant Nini-Peau-d'Chien, Aristide Bruant chantait :
Elle a la peau douce,
Aux taches de son,
À l'odeur de rousse
Qui donne un frisson.
Présentation de l'éditeur :
En matière de femmes, le héros de ce livre n'a qu'un critère : pourvu qu'elle soit rousse ! C'est son unique désir, son fantasme moteur, en un mot : son obsession. Petite ou grande, svelte ou dodue, jolie ou moche, peu lui importe, car c'est dans la rousseur qu'il puise son désir... et sur Meetic qu'il trouve de quoi l'assouvir, à la mesure de son appétit érotomane démesuré. Elles sont donc nombreuses à défiler dans son lit, les naïades rousses de tous âges, sensibilités et origines sociales, mais dans quel but ? Qui se cache derrière notre amant collectionneur ? Obsédé sexuel ? Dom Juan du site de rencontre ? Entomologiste maniaque obnubilé par la fameuse « odeur des rousses » dont il cherche à percer le secret ? En filigrane d'une enquête sur les préjugés relatifs à la rousseur, son obsession l'amène à rencontrer les rousses qui l'aideront à répondre à ces questions. Mais l'odeur qui guide son désir ne se laisse pas si aisément capturer et ses proies lui causent bien des tourments. Car à être rousse on n'en est pas moins femme...
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