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Le Romantisme anglais: Le défi des vulnérables et les dissidences du bonheur - Couverture souple

 
9782810701742: Le Romantisme anglais: Le défi des vulnérables et les dissidences du bonheur
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Extrait :
LE PREMIER ROMANTISME ET L'IDÉALISME RÉVOLUTIONNAIRE

«Où la joie est bannie, l'homme n'est pas...
L'âme du doux plaisir ne saurait être souillée...
La vie prend plaisir à la vie...
Tout ce qui vit est sacre !»

À l'heure où Blake pousse ce cri (America, a Prophecy, 1793, 16 exemplaires gravés, 4 vendus) s'annonce l'ère des grands massacres dont nous sommes loin d'être sortis. Vingt ans après, dans l'Europe pétrifiée du Traité de Vienne, Shelley (The Revolt of Islam, 1817) perpétue le message : «Nous avons survécu à de profonds désastres, nous avons survécu à une joie si intense qu'elle ignore le chagrin et je sens ramper sur mon coeur une calme puissance qui ne peut plus emprunter ses couleurs au hasard, au changement, sombres enfants de demain.» Surgi dans les débordements de la fraternité, frappé par la violence des impostures et des retombées, le romantisme porte à la fois la soif de vivre et la résolution qui en assure la survie. «Souffrir des maux qu'Espoir juge infinis, pardonner des méfaits plus noirs que Mort et Nuit, défier le Pouvoir qui semble tout puissant, aimer, tenir. Espérer jusqu'à ce qu'Espoir, des matériaux de son propre désastre, crée ce qu'il envisage, ne pas changer, ne pas se repentir, cela seul est Vie, Joie, Empire et Victoire» conclut le Prométhée déchaîné de Shelley (1820). Le romantisme est affaire d'élan et de ténacité. Il se tient, triomphant ou toute défaite bue, de l'autre côté du désespoir. Il porte le désir prophétique d'une vie pleinement vécue.

Depuis bientôt deux siècles, le petit monde de la culture entretient des clichés qui le dévitalisent en feignant de l'exalter. L'image qu'en donne la tradition critique et universitaire (le romantique rêveur, marginal, sentimental et irréaliste) en fait une arme contre le romantisme. Mais deux siècles d'histoire littéraire et d'Histoire tout court prouvent la permanence quasi universelle de son désir de vivre enfin, d'enfin VIVRE.

PERCEVOIR

«Les désirs de l'homme sont limités par ses perceptions. Nul ne peut désirer ce qu'il n'a pas perçu.»

Le mouvement romantique anglais couvre deux générations. La première est contemporaine des Révolutions américaine et française : Blake, Wordsworth et Coleridge ont 32, 19 et 18 ans lorsque tombe la Bastille. La seconde comporte non seulement des poètes : Byron, Shelley, Keats et Beddoes, mais aussi des essayistes : Hazlitt, Lamb, De Quincey et une romancière, Mary Shelley Wollstonecraft Godwin, épouse Shelley, qui ont respectivement 20, 23, 27, 12 ans lorsque Napoléon est terrassé à Waterloo. Bien entendu, cette liste n'est pas exhaustive et le choix des auteurs cités fait problème : ce qui les rassemble ne parut évident qu'après coup.

Contrairement à la plupart des critiques qui traitent Blake en marginal et jugent plus ou moins accidentel le lien entre le romantisme et le mouvement révolutionnaire, je pense que Blake fut le personnage central du romantisme anglais et que le sort du romantisme anglais est indissolublement lié aux avatars du mouvement révolutionnaire de 1780 à 1830.

Ses initiateurs furent des poètes révolutionnaires suivant la définition la plus simple qui soit : ils prirent une part active aux luttes de leur temps. Blake, employé graveur, chante l'accès à l'Indépendance de la colonie Américaine (1775-1783), participe aux émeutes qui ponctuent l'histoire de Londres de 1780 à 1785 et passe en jugement pour propos séditieux. D'Écosse, Burns (1759-1796) expédie des armes aux Conventionnels. Wordsworth gagne la France pour participer aux danses qui se multiplient autour des Arbres de la Liberté. Il assistera avec ses amis girondins aux massacres de septembre 1792 et fuira la Terreur, abandonnant sa maîtresse française et leur enfant. Coleridge fait scandale au procès pour sédition d'un de ses professeurs et quitte Cambridge pour colporter des idées jacobines. Il ne s'agit pas d'enthousiasmes éphémères. En 1797, à l'heure où Wordsworth et Coleridge conçoivent le volume anonyme des Ballades Lyriques (1798), ils sont encore surveillés par la police.

(...)
Présentation de l'éditeur :
Nouvelle édition

Bien plus qu'un courant littéraire, le romantisme anglais est perçu dans cet ouvrage comme inhérent au mouvement révolutionnaire qui s'étend de 1780 à 1830. Il naît des déceptions consécutives à l'échec de la Révolution et au triomphe du conservatisme et du réformisme, qui engendrent une réflexion neuve sur la «Politique du Bonheur». Considérant William Blake comme le personnage central du romantisme, cette étude offre une interprétation nouvelle de la pensée romantique et s'attache à en montrer la dimension profondément politique et philosophique. De longues et nombreuses traductions originales des poèmes de Blake, Wordsworth et Coleridge pour la première génération, et de Shelley, De Quincey, Byron et Keats pour la seconde, permettent au lecteur de saisir la dynamique interne du passage du culte de la Révolution à la célébration de l'imagination comme moteur universel de la soif de libération.

L'ouvrage, dont l'analyse fouillée et argumentée renouvelle et approfondit de façon convaincante des faits déjà connus, restitue avec clarté et passion les processus qui font du romantisme anglais la source d'une conception nouvelle de l'Histoire et de la Nature, et met en évidence sa pertinence dans le contexte des mouvements de libération qui secouent le monde d'aujourd'hui.

Paul ROZENBERG, agrégé d'anglais, a enseigné de 1952 à 1995, notamment à la Sorbonne et à l'université Paris VIl-Denis Diderot. Il a rédigé l'essentiel de la section «littérature anglaise» et des articles thématiques du Dictionnaire des littératures françaises et étrangères sous la direction de Jacques Demougin (éditions Larousse, 1985). Il a traduit, entre autres, Thomas Traherne, Guy Davenport et Galway Kinnell, et publié sur Joseph Conrad, William Faulkner et Romain Gary.

Sous la direction de Jean-Pierre Albert Jean-Luc Nardone Nathalie Vincent-Arnaud

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Rozenberg Paul
Edité par PU MIDI (2011)
ISBN 10 : 2810701741 ISBN 13 : 9782810701742
Neuf Couverture souple Quantité disponible : 4
Vendeur :
Gallix
(Gif sur Yvette, France)
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