Les Marées: Deux spectacles par jour sur le littoral français - Couverture rigide

Plisson, Philip; Jankéliowitch, Anne

Couverture rigide

ISBN 10 : 2812306246 ISBN 13 : 9782812306242

Editeur : Editions du Chêne, 2012

Synopsis

Deux fois par jour, la mer monte (le flot) et se retire (le jusant) offrant un spectacle d'une infinie variété. Submergeant la terre ou découvrant des espaces insoupçonnés, la marée façonne le littoral, d'heure en heure et de minute en minute. Ce sont ces paysages que Philip Plisson a saisis dans son objectif, des plages du Nord à la frontière espagnole. Des énormes masses d'eau en déplacement du raz de Sein aux vastes étendues découvertes de la baie du Mont-Saint-Michel, du mascaret sur la Gironde, aux jeux de plage l'été, des gigantesques hydroliennes à la pêche à pied sur les grandes plages de Bretagne, le photographe brosse sous tous les angles (vues aériennes, depuis la mer ou la terre) un portrait surprenant, à la beauté grandiose et sauvage, de cet espace tour à tour terre et mer.

A propos du livre

Extrait

«Aujourd'hui, ça va dêchaler !

1951, petit bonhomme de 4 ans, je débarque à La Trinité-sur-Mer après une journée de route, bloqué avec ma soeur à l'arrière de la 4 CV Renault familiale. Élevé entre les étangs de Sologne et les bords de Loire, je découvre d'abord l'horizon, immense, infini, puis la lumière. Elle brille de scintillements argent sur cette mer inconnue. Je ne sais pas encore qu'en Bretagne Sud, on regarde toujours la mer à contre-jour. Je présume que c'est à cet instant que j'ai compris pourquoi les parents, depuis des semaines, nous parlaient des émotions que nous allions vivre, ils nous révélaient tout naturellement leur «besoin de mer».
Besoin de mer, pour eux, c'est, d'abord et surtout, l'envie de s'y baigner, de s'immerger pour retrouver les saveurs de l'iode. J'apprendrai beaucoup plus tard qu'il coule dans notre sang, dans nos larmes, le même pourcentage de sel que dans la mer, ce qui expliquerait ce besoin de retourner d'où nous venons...
La petite plage bleue pleine de soleil qui illustre mes propos est celle où, pour la première fois, entre mes orteils tétanisés, la mer s'est infiltrée avec une sensation glacée qui me fit battre d'un coup en retraite. Après quelques sauts de cabri, nous fîmes connaissance, avant un nouveau repli provoqué par les éclaboussures des parents qui prenaient un malin plaisir à nous asperger. Les cheveux mouillés, les premières gouttes de mer coulaient sur mon visage jusqu'aux lèvres. C'est alors que je découvris le vrai goût de la mer. J'étais baptisé.
Au cours des journées qui suivirent, entouré d'enfants qui, comme moi, s'émerveillaient, je contemplai tous les miracles de ce nouveau paradis. C'est après une sieste obligatoire que nous retrouvions, autour de 15 heures, notre petite plage où la mer s'étirait avant de disparaître. Je me souviens que tous les jours, alors que nous arrivions à la même heure, il fallait trottiner plus loin pour rejoindre la mer et se baigner. Après quelques journées sans plage, pour des raisons de météo, surprise ! La plage avait rétréci, mes repères étaient envahis par la mer. Je venais de découvrir, sans le savoir, le phénomène de la marée et sans aucun doute celle que je préférais déjà : la marée basse. Celle qui vous ouvre ses entrailles, celle qui encore aujourd'hui est la plus photogénique.
Les mouillages où quelques yachts se dandinaient dans la rivière de La Trinité donnèrent très vite des idées à mon père... Le besoin de mer se transforma très tôt chez lui en besoin de naviguer sur la mer, pour des aventures au long cours entre le golfe du Morbihan et Belle-Isle, la bien nommée. Un matin de juillet, Télémaque, un petit sloop verni de 8 mètres, rejoignit la flotte au mouillage. C'est à cet instant précis que notre apprentissage de marin plaisancier débuta. Je dis «notre» car mon papa n'avait pas plus que moi navigué à ce jour sur un «yacht à voile». L'un comme l'autre et en même temps, sur le même dériveur, nous avions appris la voile sur un étang de Sologne... Notre apprentissage pour la croisière, nous allions le faire ensemble, une complicité qui a donné un ton à mon adolescence et qui est à l'origine de mes deux passions : la mer et la photo.
L'Almanach du marin breton, cette bible du plaisancier sans laquelle toute navigation côtière devient hasardeuse, est le premier investissement, avant même la mise à l'eau du bateau, car c'est lui qui nous donnera l'heure, voire le jour, où il y aura assez d'eau sous la quille pour que Télémaque rejoigne son mouillage. Ouvrage incontournable ! Dès que vous envisagez la première croisière, il faut vous familiariser avec les instructions nautiques dudit almanach : «Il est recommandé de chenaler le vent avec le courant... Attention, il est préférable de vous présenter dans ces installations portuaires à mi-marée de jusant... Éviter ce passage par marée de vives-eaux... Préférer l'étalé ou la renverse pour franchir ce goulet, etc., etc.» Vous découvrez alors la nécessité de consulter en permanence les pages jaunes et blanches de l'annuaire des marées placé à la fin du précieux ouvrage. Mais, attention aux erreurs d'interprétation, ne pas prendre l'heure universelle (TU) pour l'heure locale... Tout un apprentissage, un nouveau vocabulaire pour des terriens qui viennent d'investir dans leurs premières bottes Aigle assorties d'un beau ciré Cotten - «L'abri du marin», disait la réclame chez Le Cuillier, Fournitures pour la Marine, cours des Quais.

(...)

Philip Plisson

Biographie de l'auteur

Philip Plisson est photographe maritime, marin photographe, et peintre de la Marine depuis 1991. Passionné de navigation et de photo, on lui doit les plus belles images sur la voile, les grandes courses au large, le littoral... (www.plisson.com). Fervent défenseur de la mer en général, il est l'auteur de nombreux ouvrages de photos et est l’un des grands auteurs des éditions du Chêne.

À propos de cette édition

• Éditeur: Editions du Chêne
• Date d'édition: 2012
• ISBN 10: 2812306246
• ISBN 13: 9782812306242
• Reliure: Relié
• Nombre de pages: 240