Extrait :
25 janvier 1990
Chère Natasha,
Baby, la première chose qu'il faut que je sache, c'est si tu crois que j'ai tué mon père. Et si tu crois ce que tout le monde dit sur moi, parce qu'il faut que je sache si t'es de mon côté. Là, je sais pas qui est avec moi ou pas. Ce matin, je me suis regardé dans la glace : j'ai rien vu. C'est ce que je ressens, comme si j'étais rien. Comme si personne me voyait, m'entendait ou s'occupait de moi ou de ce que j'ai à dire. Mum m'a dit qu'il y a certains de mes potes qui veulent me faire la peau à la sortie, me saigner comme j'ai fait à mon père. Ils disent que je ferais mieux d'espérer d'en prendre pour longtemps parce que quand je sortirai, ce sera fini pour moi. Mais tu vois, ils me connaissent pas comme tu me connais. Ils savent pas comme toi ce que j'ai dû vivre. T'étais la seule qui m'écoutais vraiment, toi surtout et peut-être aussi Trevon et Black. Et parfois Mum. Mais surtout toi. Tu te rappelles toutes les conneries qu'on se disait, tard le soir au téléphone ? Genre : arrêter l'école pour aller au Mexique ou dans le Sud ou un coin comme ça ? On ouvrirait un magasin et tout ? Ma musique, moi qui jouerais au basket et toi qui serais coiffeuse et tout ça ? Je sais que tu t'en rappelles. Moi oui, en tout cas. Chacun de tes mots.
Présentation de l'éditeur :
Antonio et Natasha s'aiment. Un jour, ils recommenceront tout à zéro, sans se planter. Mais pour l'instant, ils n'ont qu'une poignée de souvenirs en commun et les lettres qu'ils s'échangent, depuis qu'Antonio est en prison...
«Je me rappelle la première fois que je t'ai vue. Tu débouchais de la ligne 2 sur la 135e Rue, les longues tresses que t'avais attachées en queue-de-cheval sur le dessus de ta tête te couvraient le visage. Tu portais ce haut rose de poupée assorti à tes petites Puma blanches, et un caleçon jaune bien moulant qui mettait en valeur tes hanches bouteille de Coca. Ton visage brillait à cause de la transpiration, mais pour moi, il ressemblait au seul et unique soleil noir du monde...»
Ce premier roman de Kalisha Buckhanon, publié aux États-Unis alors qu 'elle avait 28 ans, lui a valu de nombreux prix. Elle vit à Harlem et enseigne la littérature.
Un roman d'amour poignant, entre deux ados de Harlem, séparés par les murs de la prison et bientôt par leur destin.
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