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Extrait :
Cahier neuf. J'ai quitté le précédent il y a une éternité, me semble-t-il. Il y a quelques minutes, il me semble aussi. Entre, j'ai acheté un bureau, 27 m², j'y ai écrit Très-Grande Surface, j'y ai rencontré une femme, Sabine, qui a un cancer du poumon, j'ai quitté Lucie, la rupture a été brutale et violente, et j'habite ce bureau. Entre, il s'est passé quantité de choses, Très-Grande Surface est refusé par Actes Sud, d'autres textes sont revenus sur le tapis, chez d'autres éditeurs, j'attends des réponses, la situation n'est pas brillante. Je me suis rendu compte que Tom, mon fils, avait grandi. Bientôt seize ans.
Je n'ai pas d'argent. Le mois dernier, j'ai gagné en tout et pour tout 300 euros. C'est ce que j'estime réussir à payer vaille que vaille pour la pension alimentaire. La situation financière commence à m'effrayer. Je n'ai aucune perspective. J'attends qu'un miracle se produise.
Je suis allé avec Sabine à la Géode. Nous avons vu L'Odyssée de l'Endurance. Film tiré des notes d'Ernest Shackleton. Le film retrace l'histoire vraie, incroyable, d'un homme qui s'en va traverser l'Antarctique en bateau. Le bateau s'appelle l'Endurance, il est coincé par les glaces et puis broyé, et l'homme, Ernest Shackleton, entame un périple qui va durer un peu plus de deux ans pour se ramener à la maison, lui et tout son équipage. Malgré des vagues de trente mètres, des vents plus que glacés, des icebergs en quantité, la banquise, le froid, il va réussir. Il débarquera ses hommes sur une île, partira avec quelques-uns sur un radeau quasiment, traversera mille six cents kilomètres d'une mer très agitée, escaladera des glaciers aussi escarpés que l'Himalaya, rejoindra les secours et repartira pour sauver ses hommes. J'ai demandé à Sabine qu'elle m'offre le livre. Le livre, c'est mon livre de chevet.
J'essaie de m'habituer à ne pas voir Tom tous les jours. Je ne savais pas que ce serait aussi dur. Aussi douloureux. Hier, le premier soir de Pessah, il m'accompagnait. Arrivé chez Rita, sa grand-mère, il s'est installé dans un coin et il a joué avec les enfants. Un peu plus tard, à mesure que les invités arrivaient, il s'est recroquevillé. Il a pleuré et voulu partir. Rentrer chez lui. J'ai pleuré un petit peu avec lui. Et puis je l'ai laissé rentrer. Ce n'est pas vraiment la meilleure soirée de Pessah que j'aie passée. J'ai pensé Un sale moment à passer. Un moment de passage.
Sabine va passer de nouveaux examens à l'hôpital. Il y a un mois elle était inopérable de sa tumeur et l'idée consistait à chimioter et à rayonner pour réduire. Et opérer. Et voilà que la tumeur a réduit. Et qu'elle devient opérable. L'opération a lieu dans quinze jours et elle a peur. Elle est angoissée. Déjà pour les cheveux elle était angoissée. Et puis elle s'y est faite.
Présentation de l'éditeur :
Je n'ai pas d'argent. Le mois dernier, j'ai gagné en tout et pour tout 300 euros. C'est ce que j'estime réussir à payer vaille que vaille pour la pension alimentaire. La situation financière commence à m'effrayer. Je n'ai aucune perspective. J'attends qu'un miracle se produise.
Je suis allé avec Sabine à la Géode. Nous avons vu L'Odyssée de l'Endurance. Film tiré des notes d'Ernest Shackleton. Le film retrace l'histoire vraie, incroyable, d'un homme qui s'en va traverser l'Antarctique en bateau. Le bateau s'appelle l'Endurance, il est coincé par les glaces et puis broyé, et l'homme, Ernest Shackleton, entame un périple qui va durer un peu plus de deux ans pour se ramener à la maison, lui et tout son équipage. Malgré des vagues de trente mètres, des vents plus que glacés, des icebergs en quantité, la banquise, le froid, il va réussir. Il débarquera ses hommes sur une île, partira avec quelques-uns sur un radeau quasiment, traversera mille six cents kilomètres d'une mer très agitée, escaladera des glaciers aussi escarpés que l'Himalaya, rejoindra les secours et repartira pour sauver ses hommes. J'ai demandé à Sabine qu'elle m'offre le livre. Le livre, c'est mon livre de chevet.
J'essaie de m'habituer à ne pas voir Tom tous les jours. Je ne savais pas que ce serait aussi dur. Aussi douloureux. Hier, le premier soir de Pessah, il m'accompagnait. Arrivé chez Rita, sa grand-mère, il s'est installé dans un coin et il a joué avec les enfants. Un peu plus tard, à mesure que les invités arrivaient, il s'est recroquevillé. Il a pleuré et voulu partir. Rentrer chez lui. J'ai pleuré un petit peu avec lui. Et puis je l'ai laissé rentrer. Ce n'est pas vraiment la meilleure soirée de Pessah que j'aie passée. J'ai pensé Un sale moment à passer. Un moment de passage.
Sabine va passer de nouveaux examens à l'hôpital. Il y a un mois elle était inopérable de sa tumeur et l'idée consistait à chimioter et à rayonner pour réduire. Et opérer. Et voilà que la tumeur a réduit. Et qu'elle devient opérable. L'opération a lieu dans quinze jours et elle a peur. Elle est angoissée. Déjà pour les cheveux elle était angoissée. Et puis elle s'y est faite.
Un homme et une femme se rencontrent. Elle est atteinte d'un cancer, il choisit de l'accompagner et tient un carnet d'écriture pour la «retenir».
Ils vivent «de l'air du temps. Le temps de la radiothérapie. Le temps des caresses. Le temps des douleurs. Le temps des rires.» Ce temps se vit en accéléré, car la vie se ralentit en elle. Il espère qu'elle va guérir, puis il sait qu'elle va mourir.
Traversée de la maladie et de l'amour, «Le livre de Sabine» est un récit exceptionnel d'émotion et de vérité.
André Benchetrit, né en 1955 à Casablanca, est décédé en novembre 2009, à l'âge de 54 ans. Il est l'auteur de quatre romans, Le Ventre (P.O.L, 1995), Impasse Marteau (Actes Sud, 1999, Babel 2011), Très-Grande Surface (Manifeste/Léo Scheer, 2004), Le bord de la terre (2009, Éditions L'une et l'autre), ainsi que d'une douzaine de livres pour la jeunesse.
D'André Benchetrit, on peut aussi lire Photos volées, son dernier texte achevé, que viennent de publier les Éditions Isabelle Sauvage.
Ils vivent «de l'air du temps. Le temps de la radiothérapie. Le temps des caresses. Le temps des douleurs. Le temps des rires.» Ce temps se vit en accéléré, car la vie se ralentit en elle. Il espère qu'elle va guérir, puis il sait qu'elle va mourir.
Traversée de la maladie et de l'amour, «Le livre de Sabine» est un récit exceptionnel d'émotion et de vérité.
André Benchetrit, né en 1955 à Casablanca, est décédé en novembre 2009, à l'âge de 54 ans. Il est l'auteur de quatre romans, Le Ventre (P.O.L, 1995), Impasse Marteau (Actes Sud, 1999, Babel 2011), Très-Grande Surface (Manifeste/Léo Scheer, 2004), Le bord de la terre (2009, Éditions L'une et l'autre), ainsi que d'une douzaine de livres pour la jeunesse.
D'André Benchetrit, on peut aussi lire Photos volées, son dernier texte achevé, que viennent de publier les Éditions Isabelle Sauvage.
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- ÉditeurEditions du Rouergue
- Date d'édition2011
- ISBN 10 2812602155
- ISBN 13 9782812602153
- ReliureBroché
- Nombre de pages74
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Description du livre Paperback. Etat : NEUF. Entre avril et décembre 2003, André Benchetrit tient un carnet d'écriture pour " retenir " la femme qu'il aime, Sabine, atteinte d'un cancer du poumon. Elle s'éteint le 12 décembre, en même temps que sont écrites les dernières lignes. Ils vivent " de l'air du temps. Le temps de la radiothérapie. Le temps des caresses. Le temps des douleurs. Le temps des rires ". Ce temps se vit en accéléré, car la vie se ralentit en Sabine. Il pense qu'elle va guérir, puis il sait qu'elle va mourir. Alors il écrit, une fois rendu chez lui, le quotidien de la maladie et de l'amour, en s'adressant à elle. " Je ne sais pas comment j'en suis venu à procéder de cette manière. Ecrire sur ce cahier en m'adressant à toi. Je crois qu'en ce moment nous habitons un espace entre les vivants et les morts. Et peut-être qu'appréhender cet espace, c'est plus facile pour moi quand je te fais passer de l'autre côté du papier ". Dans cette prose qui file au plus près du mouvement des jours, André Benchetrit n'omet rien des traitements, des difficultés concrètes du quotidien, de la douleur. Mais sa rzala, sa gazelle, est espiègle, résistante, intransigeante, fière. Ils s'aiment et font l'amour. Ils passent des nuits à se parler en se tenant la main. Et c'est un chant de vie qui s'élève, exceptionnel d'émotion et de vérité.Ce texte a été publié une première fois en cinquante exemplaires pour des bibliothèques amies, en 2005, sous la direction de Sébastien Raimondi, des éditions Lignes. André Benchetrit a souhaité le rendre public à titre posthume. - Nombre de page(s) : 96 - Poids : 108g - Genre : Littérature française Romans Nouvelles Correspondance LA BRUNE. N° de réf. du vendeur N9782812602153
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