Extrait :
Un cri. Non. Deux cris. Même si j'ai tué ma mère, je sais que j'ai bien fait. C'était la loi du plus fort. J'ai gagné.
Tiens, prends-toi ça dans la gueule. Ces lignes, tu vois, ce sont les premières que j'ai écrites et qui ont été publiées. J'avais 16 ans, et fallait pas m'emmerder. Aujourd'hui, j'ai dépassé les 40, et faut toujours pas m'emmerder.
Mais aujourd'hui, je suis écrivain. Punaise, j'adore dire cette phrase.
J'ai pas toujours pu la dire. Ça a été long...
J'explique : j'avais 16 ans et encore jamais couché avec une fille. Moi, je voulais bien, mais elles, moins. Pourtant j'étais pas vilain. Je mettais des grands imperméables noirs, des pantalons à pinces et des chaussures bateau. Ah oui, j'ai toujours été nul en chaussures. Et c'est bête, mais pour draguer, les chaussures, c'est important. Remarque, je suis nul en fringues, aussi. J'ai toujours pensé que draguer une nana en étant sapé comme un plouc, c'était plus classe que bien habillé. Ça veut dire que la fille te regarde vraiment pour toi, et pas pour tes fringues... mais apparemment, je suis le seul de cet avis.
J'avais une grande mèche devant les yeux, comme ça quand je voyais une fille, je pouvais passer la main dans mes cheveux et me caresser la mèche. Je trouvais ça classe. J'ai oublié un détail : je mettais des chapeaux. Les chapeaux, t'en mets soit quand t'es un gamin, soit quand t'es un vieux. Si t'en mets entre les deux, c'est que t'as loupé un épisode.
Je regardais les filles, mais je ne leur souriais pas. Ça fait con de sourire à une fille. Je préférais le regard mystérieux, plein de «oulalah, qu'est-ce que je souffre». On est rebelle ou on ne l'est pas. Blague mise à part, j'étais quand même un tantinet rebelle. Pas du genre à voler les voitures ou taper les vieilles. Mais bon.
Pour tout dire, je pense que j'avais légèrement une tête de con.
Faut dire que j'avais des raisons de l'être, rebelle. O.K., mon père ne me tapait pas, ma mère ne me tapait pas, mais la vie n'était pas une longue allée bordée de fraises. Ce n'était pas noir, ce n'était pas rose. Mes parents me regardaient comme si j'étais un problème. J'avais arrêté le collège. En 3e. Les profs avaient dit qu'il valait mieux limiter les dégâts. Que je n'étais pas fait pour le lycée. Que je n'aurais pas mon bac. Et comme tous les mauvais élèves, on m'a mis en technique.
Présentation de l'éditeur :
« Je ne comprenais pas où j'allais, mais j'y allais.
Je savais juste que je vivais un des moments les
plus importants de ma vie.
Que ça y était, moi le nul, le redoublant, le presque
dernier de la classe, le 30e sur 31, j'avais réussi
quelque chose. »
À la fin de la troisième, Vincent Cuvellier est viré du
collège. Son adolescence, c'est des stages bidons,
des petits boulots, le chômage… mais aussi les filles
et la rage de s'en sortir. Il sait une chose : il adore
écrire et rêve de devenir écrivain. Alors il écrit, sans
se poser de questions. C'est comme ça qu'il publie
son premier roman. À 16 ans. Vingt-cinq ans plus
tard, il se souvient de ses débuts d'écrivain.
Un livre vrai qui claque fort !
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