Extrait :
De la préhistoire à l'Antiquité
Les chasseurs de la préhistoire
La chasse, que tant de gens considèrent comme la manifestation d'un instinct primitif, contribua bien au contraire à l'épanouissement culturel et spirituel de l'homme. Sans elle, aucune évolution n'eut été possible ni même envisageable. Ces armes ingénieuses, ces gravures rupestres admirables, les preuves sont là, tangibles et bouleversantes, que la chasse appartient à l'histoire de l'aventure humaine. Non seulement elle assura la subsistance, mais elle fut aussi la première source d'inspiration artistique.
Omnivores, les premiers australopithèques ne chassaient pas ou peu, ils se nourrissaient surtout de fruits et de graines. Si Homo habilis semble plus apprécier la viande - mais il est vrai que le climat change et que les végétaux comestibles sont plus rares -, il se contente souvent des dépouilles d'animaux qu'il dispute aux fauves et dépèce au moyen d'outils à usages multiples : des galets aux rebords tranchants. L'évolution de l'outillage, en liaison avec l'installation durable de climats rigoureux, le contraint à développer sans doute des stratégies de chasse.
Les hommes du Paléolithique
Le vrai grand départ de l'aventure humaine, parallèlement à l'élaboration de techniques de chasse spécifiques, est situé approximativement vers -500000 ans, avec les premières industries lithiques acheuléennes et la fabrication de bifaces par le successeur d'Homo habilis, Homo erectus (apparu il y a environ 2 millions d'années en Afrique). Ce nomade, qui maîtrise probablement le feu, installe ses bivouacs en fonction des ressources naturelles offertes par le milieu ; il commence à s'intéresser aux grands animaux comme les mammouths qui sont d'abord poussés, lors de battues collectives, vers des zones bourbeuses ou des marais où ils s'enlisent.
Ce mode de chasse se perfectionne lorsque l'homme invente les premiers pièges : des fosses recouvertes de branchages, dont le fond est planté de pieux acérés sur lesquels le gibier s'empale. On lapide aussi les animaux du haut de promontoires à l'aide de blocs rocheux. Une technique originale, encore utilisée par certains Indiens au début du XXe siècle, consistait aussi à attirer les bisons dans la neige profonde où ils se trouvent pratiquement sans défense.
Les premières stratégies de chasse, adoptées par l'homme de Néandertal (les premiers fossiles datent de - 400 000 ans), puis par l'homme de Cro-Magnon, n'avaient donc pas pour but d'attaquer les animaux de front, mais de les placer en situation de vulnérabilité. Immobilisés, ou leur mobilité considérablement réduite, ils étaient lardés de coups de pieux et de javelots.
Une autre méthode consistait à mettre à profit l'instinct grégaire du gibier et à créer des mouvements de panique qui l'entraînaient à sa perte. Les innombrables ossements de chevaux - couvrant une superficie d'un hectare - découverts au pied de la roche de Solutré (Saône-et-Loire ; site du Paléolithique supérieur) pourraient illustrer cette stratégie : les troupeaux affolés par des rabatteurs auraient été canalisés vers un précipice. Au fil du temps et des battues, environ 100000 chevaux auraient péri de cette manière.
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