Extrait :
Histoire et mémoire
L'originalité culturelle des Pyrénées tient, en partie, au maintien de têtes traditionnelles comme ultimes témoins de l'ancienne civilisation montagnarde. La plupart de ces fêtes sont aujourd'hui des évocations historiques d'un passé récent, certes, mais totalement révolu. Le rôle de la mémoire, à défaut de celui de l'histoire, y est prépondérant, ce qui explique l'aspect parfois cocasse de ces manifestations. Au cours des siècles précédents, les villages connaissaient la plus grande animation au moment de la fête patronale, celle du saint protecteur de la paroisse, que le 14 Juillet a souvent remplacée selon un phénomène d'uniformisation encouragé par l'État. Une des caractéristiques de ces fêtes patronales, que l'on ne retrouve plus du tout aujourd'hui, était la participation de tous les milieux sociaux, comme le notait La Boulinière : «... toutes les classes de la société M réjouissent [durant la fête patronale] et s'abandonnent à des excès souvent nuisibles à la santé et presque toujours aux bonnes moeurs.»
Il n'en était pas de même des carnavals, perçus comme des réjouissances populaires sinon vulgaires, très nombreux sur l'ensemble de la chaîne et dont très peu ont gardé leur identité. Si la moindre municipalité organise aujourd'hui un défilé pour le mardi gras, quelques associations culturelles se sont en revanche attachées à conserver le caractère traditionnel de cette fête d'hiver. Cela est vrai pour la Catalogne et le Roussillon avec les carnavals de Solsona (province de Lérida), celui de Limoux et, bien sûr, les carnavals basques et navarrais, classés par des ethnologues parmi les plus authentiques d'Europe. Le Sobrarbe aragonais a aussi maintenu sa tradition et l'on ne peut s'empêcher, en assistant à l'irruption des Trangas sur la place de Bielsa, de penser aux Luperques romains, adorateurs du dieu Bouc, «... le visage masqué de boue, les reins ceints d'un pagne de peau, ils déferlaient sur la tulle en cinglant de leur fouet tout ce qui se présente sur leur passage». L'héritage du paganisme, qui est omniprésent tout au long des Pyrénées, apparaît ici encore clairement.
Présentation de l'éditeur :
60 rendez-vous festifs qui font vivre les Pyrénées, autant de fêtes traditionnelles qui rythment les saisons dans les vallées.
Enracinées dans le terroir, dans l'histoire et dans la mythologie, ces fêtes offrent des découvertes insoupçonnées, du Roussillon au Pays basque et de la Catalogne à l'Euskadi. Jamais encore présentées dans un seul ouvrage, elles vous feront découvrir les secrets des carnavals montagnards, la somptuosité des cérémonies du Feu à la Saint-Jean, les symboliques sorties de l'Ours de la fin de l'hiver, les dernières apparitions de confréries issues du Moyen Age, les grands concours de chiens de bergers, la magnificence des costumes pyrénéens ou encore les anciennes traditions paysannes remises en scène.
Et beaucoup d'autres événements ancrés dans l'antique civilisation montagnarde. Une façon exceptionnelle de redécouvrir les Pyrénées et leurs acteurs les plus authentiques.
Olivier De Marliave a consacré de nombreux ouvrages aux Pyrénées : Trésor de la mythologie pyrénéenne, le Panthéon pyrénéen, Fêtes et traditions du Pays basque, Dictionnaire des mythologies basques et pyrénéenne, Histoire de l'ours, Dictionnaire de l'Ariège ou encore Magie et sorcellerie dans les Pyrénées.
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