Extrait :
Alice serre son sac sous son bras puis, en frissonnant, elle remonte son col et rentre le menton sous l'épaisse doublure de son duffle-coat noir. La bise mordante qui s'engouffre dans le tunnel vient de lui donner un avant-goût de ce qu'elle va devoir affronter pour rentrer chez elle. Elle maudit ce conseil de classe qui s'est éternisé et l'a contrainte à rentrer, si tard, dans ce froid glacial.
Ils ne sont qu'une poignée à emprunter l'escalier de sortie de la station de métro École Vétérinaire. Une fois passées vingt-deux heures, les rues de Maisons-Alfort sont désertes, les rideaux tirés des magasins regardent silencieusement passer les rares voitures circulant sur le boulevard. Les autres passagers se dispersent rapidement dans la nuit, pressés de regagner la chaleur de leurs foyers.
Alice passe devant la camionnette du vendeur de pizza arménien, installée sur le trottoir à la sortie de la station, où elle s'est si souvent nourrie sans même jeter un oeil vers les portions exposées sous plexiglas. Elle n'a pourtant plus rien à manger chez elle, mais cela dure depuis des semaines sans qu'elle fasse le moindre effort pour y remédier.
Elle ajuste les écouteurs de son iPod et se replonge dans le concerto d'Aranjuez. Bien qu'elle l'ait écouté pendant tout son trajet, elle ne cherche pas un morceau plus léger. Elle sait qu'elle n'a téléchargé que des musiques mélancoliques, car elle ne se sent pas capable d'écouter autre chose.
Depuis la mort de son mari, deux mois plus tôt, son humeur est invariablement morbide. Elle ne sourit plus, ne mange que le strict nécessaire pour ne pas défaillir, limite ses rapports sociaux à leur plus simple expression, fuit les contacts avec son frère, ses soeurs et amis dont les paroles maladroitement infantilisantes ne lui apportent aucun réconfort. Sans vouloir lutter, elle se replie sur elle-même dans une boule épaisse de tristesse et d'incompréhension.
Présentation de l'éditeur :
Paris, hiver 2011. La vie d'Alice Jourdan bascule dans l'horreur la nuit où elle se fait agresser par un vagabond fantomatique qui a le visage de son mari défunt. L'incident plonge la jeune femme dans un état de terreur paranoïaque. Elle va se confier à Victor Bellanger, flic marginal en pleine dérive, qui n'hésite pas à rompre avec tout cadre légal pour mener sa propre enquête. Tous deux se retrouvent au coeur d'une série d incidents violents liés au passé familial de la jeune femme. Les portes de la folie scientifique viennent de s ouvrir ! Isolés et traqués, ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour échapper à l'abîme où les entraîne la quête obsessionnelle des psychopompes, les guides de l'au-delà.
Une palpitante fuite post-mortem. Didier van Cauwelaert, président du Jury, en parle en ces termes : « Un polar hallucinant aux frontières de la vie ! MAGISTRAL ! »
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