Extrait :
Extrait de l'introduction
La mondialisation des trois dernières décennies englobe les échanges commerciaux - taux de croissance du commerce international supérieur à celui du PIB mondial -, l'internationalisation de l'investissement et de la production - taux de croissance de l'investissement direct étranger (IDE) supérieur à celui du commerce mondial -, la globalisation bancaire et, par-dessus tout, les «hauteurs béantes» de la mondialisation financière - taux de croissance des transactions financières internationales supérieur à celui de l'IDE.
La crise de la mondialisation est partie en 2007 de ces «hauteurs béantes» du capitalisme mondial avec la crise bancaire de l'immobilier américain (subprimes), puis s'est propagée aux banques multinationales dont la menace, puis la réalité de nombreuses faillites ont approché la crise systémique. La titrisation des dettes bancaires a transmis la crise aux bourses des valeurs (krach boursier) tandis que les banques en difficulté refusaient de se refinancer entre elles conduisant à un crédit crunch généralisé à la plupart des pays de l'économie mondiale. Perte de confiance et crise de liquidité ont déclenché la première récession économique globale de l'ère de la mondialisation. La récession a fait chuter le volume du commerce international. La phase actuelle de la mondialisation illustre l'articulation étroite de ses diverses dimensions.
Par-delà ce constat d'ensemble, la crise de la mondialisation est inégale et affecte différemment les pays développés, les pays en transition, les pays émergents et les pays les moins développés, sa profondeur est variable selon les secteurs d'activité et les politiques publiques de réponse à la crise.
Quelles sont les articulations entre les différents moments (financier, productif, commercial) de la crise ? Avec la mondialisation, on manque d'une analyse renouvelée de celles-ci. Quel moment est-il le plus crucial dans le déroulement de la crise et pour une éventuelle sortie de crise ? La ré-intermédiation (dé-titrisation) bancaire est-elle à l'ordre du jour ? Les risques pris sur les marchés financiers peuvent-ils décroître, être mieux contrôlés ? De nouvelles technologies seraient-elles de nature à faciliter la sortie de crise ? Une nouvelle hiérarchie des puissances économiques dans le monde (les États-Unis, la Chine, l'Europe, les pays émergents) est-elle en jeu dans cette crise ? Face aux pouvoirs des agents privés mondialisés - des hedge funds aux firmes multinationales en passant par les agences de notation et les banques multinationales - quelles nouvelles régulations sont-elles nécessaires, faisables ou réalistes ? Faut-il en finir avec «l'État mondialisateur» dont les politiques économiques ont sans cesse renforcé le mouvement de mondialisation de l'économie ? Quelles réformes en vue d'une réelle gouvernance mondiale à la hauteur des problèmes économiques de la mondialisation ? Confrontés aux aspects multiples et interconnectés de cette crise, quelles politiques et quelles stratégies les acteurs publics et privés tentent-ils de mettre en oeuvre ? Conduisent-elles à un retour vers une segmentation de l'économie mondiale avec un repli sur les marchés domestiques, des politiques recentrées sur les espaces nationaux et une remontée du protectionnisme, ou vont-elles renforcer les relations transnationales et une accentuation de la mondialisation ?
Présentation de l'éditeur :
Premier ouvrage spécifiquement consacré à la crise de la mondialisation, il prolonge et approfondit des intuitions présentes dans l'oeuvre de Charles-Albert Michalet. Il analyse d'abord les espaces de crise de la mondialisation : la finance mondialisée et la concurrence entre bourses des valeurs, le commerce mondial et les réponses protectionnistes à la crise, dont celle de l'Union européenne, la technologie et la propriété industrielle, et la place du Tiers-Monde dans cette crise.
Puis sont étudiées les stratégies des acteurs de la mondialisation face à la crise : concurrence entre les pouvoirs publics pour attirer les investisseurs étrangers, et surenchère à laquelle ils se livrent, d'un côté et, de l'autre, protection des systèmes nationaux d'innovation ; délocalisation et relocalisation d'activités dans l'industrie et les services ; recomposition de l'industrie mondiale de l'énergie ; émergence des firmes multinationales en provenance du « Sud » ; et impact de la mondialisation sur le travail.
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