Le Postmodernisme ou la logique culturelle du capitalisme tardif - Couverture souple

Fredric Jameson

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9782840561507: Le Postmodernisme ou la logique culturelle du capitalisme tardif

Couverture souple

ISBN 10 : 2840561506 ISBN 13 : 9782840561507

Editeur : ENSBA, 2007

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Extrait :

Extrait de l'introduction :

Le plus s�r est d'appr�hender le concept du postmoderne comme une tentative de penser le pr�sent historiquement � une �poque qui, avant tout, a oubli� comment penser historiquement. Dans ce cas, soit le postmoderne �exprime� un �lan historique profond et irr�pressible (sous quelque forme biais�e que ce soit), soit il le �r�prime� et le d�vie efficacement, selon le c�t� de l'ambigu�t� qui a votre faveur. Le postmodernisme, la conscience postmoderne, pourrait bien alors n'�tre rien d'autre qu'une th�orisation de sa propre condition de possibilit�, ce qui se r�sume, au fond, � une simple �num�ration de changements et de modifications. Le modernisme, lui aussi, r�fl�chissait compulsivement sur le Nouveau et cherchait � en observer l'apparition (inventant dans ce but des moyens d'enregistrement et de notation analogues � la chronophotographie historique), mais le postmoderne aspire, pour sa part, aux ruptures, aux �v�nements plus qu'aux nouveaux mondes, � l'instant r�v�lateur apr�s lequel il n'est plus le m�me; au �moment o� tout a chang�, comme le dit Gibson ', ou, mieux encore, aux modifications et aux changements irr�vocables dans la repr�sentation des choses et dans leur mani�re de changer. Les modernes s'int�ressaient � ce qui pouvait r�sulter de ces changements et � leur tendance g�n�rale : ils r�fl�chissaient � la chose elle-m�me, substantivement, de mani�re utopique ou essentielle. Le postmodernisme est plus formel en ce sens, et plus �distrait� comme aurait pu le dire Benjamin; il ne fait que mesurer les variations et ne sait que trop bien que les contenus ne sont que des images de plus. Dans le modernisme, comme je vais tenter de le montrer plus loin, subsistent encore quelques zones r�siduelles de �nature� ou d'��tre�, du vieux, du plus ancien, de l'archa�que; la culture parvient encore � exercer un effet sur cette nature et oeuvre � transformer ce �r�f�rent�. Le postmodernisme est donc ce que vous obtenez quand le processus de modernisation est achev� et que la nature s'en est all�e pour de bon. C'est un monde plus pleinement humain que l'ancien, mais un monde dans lequel la �culture� est devenue une v�ritable �seconde nature�. En effet, un des indices les plus importants pour suivre la piste du postmoderne pourrait bien �tre le sort de la culture : une immense dilatation de sa sph�re (la sph�re des marchandises), une acculturation du R�el immense et historiquement originale, un grand saut dans ce que Benjamin appelait �l'esth�tisation� de la r�alit� (il pensait que cela voulait dire le fascisme, mais nous savons bien qu'il ne s'agit que de plaisir : une prodigieuse exultation face � ce nouvel ordre des choses, une fi�vre de la marchandise, la tendance pour nos �repr�sentations� des choses � exciter un enthousiasme et un changement d'humeur que les choses elles-m�mes n'inspirent pas n�cessairement). Ainsi, dans la culture postmoderne, la �culture� est devenue un produit � part enti�re; le march� est devenu absolument autant un substitut de lui-m�me et une marchandise que n'importe lequel des articles qu'il inclut en lui-m�me : le modernisme constituait encore, au minimum et tendanciellement, une critique de la marchandise et une tentative pour qu'elle se transcende. Le postmodernisme est la consommation de la pure marchandisation comme processus. Par cons�quent, le �style de vie� propre au super-�tat a le m�me rapport avec le f�tichisme de la marchandise de Marx que les monoth�ismes les plus avanc�s avec les animismes primitifs ou le culte des idoles le plus rudimentaire; toute th�orie �labor�e du postmoderne devrait donc entretenir avec l'ancien concept d'�Industrie de la culture� de Horkheimer et Adorno un rapport un peu du m�me type que celui de MTV et les publicit�s fractales avec les s�ries t�l�vis�es des ann�es cinquante.
Entre temps, la �th�orie� a chang� et offre un indice de son cru sur ce myst�re. En effet, la fa�on dont toutes sortes d'analyses tendancielles de types jusqu'alors tr�s diff�rents - pr�visions �conomiques, �tudes de march�, critiques culturelles, nouvelles th�rapies, lamentations (en g�n�ral officielles) sur la drogue ou la permissivit�, critiques de manifestations artistiques ou de festivals de films nationaux, cultes ou �renouveaux� religieux -se sont fondues en son sein pour former un nouveau genre de discours, que nous pourrions tout aussi bien appeler la �th�orie du postmodernisme�, est l'une des caract�ristiques les plus frappantes du postmoderne et requiert une attention particuli�re. Il s'agit clairement d'une classe qui fait partie de sa propre classe, et je ne voudrais pas avoir � d�cider si les chapitres qui suivent constituent une �tude sur la nature de cette �th�orie postmoderne� ou n'en sont qu'une simple illustration.

Revue de presse :

Publi� en 1984 sous la forme d'un article avant de devenir un livre, le Postmodernisme ou la logique culturelle du capitalisme tardif a rencontr� une audience consid�rable aux Etats-Unis, en Am�rique latine, en Chine. Vendu � plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires, l'ouvrage �carte les slogans sur la soci�t� postindustrielle, la fin des id�ologies, voire, implicitement, le catastrophisme d'un Baudrillard, dont il fut pourtant proche. Pour lui, le capitalisme a d�vor� l'ensemble de la r�alit� humaine, ses d�sirs, ses objets, sa culture, son pass�. La postmodernit� telle qu'elle s'exprime dans l'architecture, au cin�ma ou dans la science-fiction, en est comme la deuxi�me peau culturelle. Une globalisation, une marchandisation g�n�rale du monde que Jameson d�crit sous le terme de �totalit� : l'id�e m�me de distance (g�ographique, culturelle, et m�me la �distance critique� si ch�re � la gauche) �a tr�s pr�cis�ment �t� abolie dans le nouvel espace du postmodernisme�.S'il existe encore un �autre� auquel nous sommes confront�s, ce n'est plus la Nature, mais bien �le syst�me-monde� lui-m�me, o� nos �corps postmodernes� sont plong�s et dont la sp�cificit� est, puisque tout y est fondu, d'�tre �irrepr�sentable�...
Mais l� o� l'essayiste nostalgique aurait d�j� annonc� la fin de la vraie culture et, dans la foul�e, de l'esp�ce humaine, Jameson pr�f�re mettre l'accent sur les efforts consentis par la conscience humaine pour se repr�senter ce syst�me-monde irrepr�sentable. L� serait �le moment de v�rit� d'une postmodernit� fond�e sur la culture du faux. (Eric Aeschimann - Lib�ration du 25 octobre 2007)

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