Revue de presse :
La banalisation du mal
Simon est psychologue et travaille depuis sept ans au département des ressources humaines de la filiale française d'une multinationale d'origine allemande. Karl Rose, le directeur adjoint de la firme, lui demande un beau jour d'enquêter discrètement sur la santé mentale du PDG, Mathias Jüst. Très vite, d'une écriture limpide, faussement simple, par le biais d'un récit construit de manière implacable, François Emmanuel nous conduit au bord du malaise. Très loin des simples conflits de personnes, au fond des mémoires, des douleurs intimes, dans le passé des personnages liés à l'Holocauste. Les temps se brouillent et se superposent.
La " solution finale " et la " collaboration " s'imposent comme sujets centraux. Simon découvre une note secrète du 5 juin 1942 - qui avait été adressée sous forme de lettre anonyme à Mathias Jüst - sur les modifications techniques à apporter aux camions qui servaient de chambres à gaz roulantes, à Kulmhof et Chelmno : " Depuis décembre 1941, était--il écrit, 97 000 ont été traités (verarbeitet) de façon exemplaire avec trois voitures dont le fonctionnement n'a révélé aucun défaut... " A son tour visé par des envois anonymes, Simon ne se sent plus capable d'exercer ses fonctions : la sélection du personnel et l'animation de séminaires destinés à motiver les cadres. Licencié, il quitte l'entreprise en une heure.
Loin d'établir un parallèle grossier entre camps de concentration et multinationales, ce livre remarquable, tout en subtilité, propose à tout lecteur une réflexion personnelle sur la question humaine. --Dominique Sicot-- -- L'Entreprise
Présentation de l'éditeur :
Singulière mission que celle confiée à Simon, psychologue d'entreprise : enquêter discrètement sur la santé mentale de Mathias Jüst, directeur général de la SC Farb, une multinationale d'origine allemande. Simple manœuvre de déstabilisation organisée par un rival ? Entraîné dans l'intimité et la confidence de l'homme qu'il doit observer, Simon va découvrir des enjeux bien plus redoutables. Par-delà la violence feutrée de la grande entreprise - licenciements collectifs, stages de " motivation " où l'on fait appel à toutes les ressources de l'agressivité et de la peur -, apparaît bientôt en filigrane la hantise d'autres atrocités : celles que dissimulait sous le même langage abstrait, technocratique, l'organisation du génocide au temps du Reich. Telle est la question - la question humaine - que pose ce récit troublant, implacable et sobre, salué par la critique comme un livre exceptionnel.
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