Extrait :
T.M. : C'est ce qui va faire vendre le bouquin, vous savez !
E.D. : Et tout ce qui concerne Ruby Ryder...
T.M. : On a déjà évoqué ce sujet.
E.D. : Oui mais... je sais plus, Tony...
T.M. : C'est quand même un des éléments vendeurs de votre histoire. Vous étiez mariés, après tout...
E.D. : Mais elle essaie de faire redécoller sa carrière. Je sais qu'elle ne sera pas contente qu'on remue à nouveau tout ce passé.
T.M. : Écoutez, on ne pourrait pas s'en tenir au récit des événements, pour le moment ? On reviendra là-dessus plus tard.
E.D. : Non, je veux qu'on règle ça maintenant.
T.M. : Eddie...
E.D. : Arrêtez le magnéto.
T.M. : On a pris du retard sur le programme, vous savez.
E.D. : Je vous ai dit d'arrêter ce putain de magnéto.
Fin de l'enregistrement
«Voilà. (J'ai appuyé sur le bouton Stop. Eddie avait l'air sur le point de se jeter sur le magnéto.) C'est arrêté.»
- Bien.
Eddie se carre dans son fauteuil, croise les bras et me lance un de ses regards très étudiés. Un regard que j'ai vu chez tant de truands et de vieux chevaux de retour. Je soupire et j'essaie de calmer la situation.
- Bon, alors on va discuter. D'accord ?
- Ouais, fait-il à contrecoeur.
Je sais que ça va être coton mais il faut que j'essaie de le faire parler. Tout simplement parce que ce n'est pas mon histoire. «Récit recueilli par...» ou «avec l'aide de...», c'est là que j'interviens. Je suis le nègre.
Un jour que j'étais saoul, lors du lancement de je ne sais plus quel bouquin épouvantable, englué dans une de ces conversations oiseuses où l'on en arrive toujours à la sempiternelle question «Qu'est-ce que vous faites dans la vie ?», j'ai décliné mes états de service en bafouillant que j'étais un écrivain fantôme. Ça m'a fait revenir en mémoire une vieille chanson de country, Ghostriders in the Sky, l'histoire de cow-boys condamnés pour l'éternité à pourchasser un troupeau fantôme à travers les cieux.
Présentation de l'éditeur :
L'Angleterre des années Blair : l'héritage amer des années Thatcher, les rave-parties, l'Ecstasy, l'homophobie toujours présente... Ce décor sert de toile de fond à un récit à trois voix, celles de personnages dont le gangster Harry Starks a marqué la vie : Julie, devenue actrice pour fuir le passé criminel de son père, abattu dans un règlement de comptes, Tony, journaliste psychopathe de la presse à scandale, contraint de servir de " nègre " à un braqueur encombrant ; et Gaz, petit voyou manipulé qui va effectuer une étonnante sortie par le haut grâce à la fascination exercée par la violence sur notre société En prise avec son époque, Jake Arnott dresse le portrait de la société anglaise à travers les grands moments de la scène culturelle londonienne depuis les années 70 : le mouvement punk, l'esthétique gay qui envahit la mode, un certain cinéma qui surfe sur la vague initiée par Tarantino... Dans un récit d'une efficacité impeccable, l'auteur décrit un monde où la perte de repères pousse à la surenchère une société capable d'élever au rang d'icônes gangsters et acteurs de second ordre.
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