Image corps (format poche) - Couverture souple

Ardenne, Paul

4,25

8 �valuations de Goodreads

9782841052622: Image corps (format poche)

Couverture souple

ISBN 10 : 2841052621 ISBN 13 : 9782841052622

Editeur : Du Regard, 2011

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Pr�sentation de l'�diteur :

Ce livre n'est pas l'inventaire exhaustif des figurations du corps humain par l'art du XXe si�cle. Comment, d'ailleurs, pourrait-il l'�tre ? Le sujet est, par nature, in�puisable. Ce livre, plut�t, se prom�ne entre des figures, des mani�res de pr�senter, d'installer sur la sc�ne artistique le corps des hommes, morphologie, postures et engagements confondus. Il dresse un tableau, � son tour : celui de l' �image corps�, tableau fait des formes multiples qu'adopte sur le plan plastique le corps ainsi qu'en ont us� les artistes au cours d'un si�cle riche en p�rip�ties esth�tiques. Du corps, cette substance priv�e et publique que la vie nous impose au quotidien, Antonin Artaud put parler comme d' �un champ de guerre o� il serait bon que nous revenions�. Tel est l'objet de cette �tude. Car la conscience de soi du sujet occidental, aussi ind�cise que flottante, n'est pas sans g�n�rer une guerre port�e jusque dans le p�rim�tre de la repr�sentation de la figure humaine. Le corps que les artistes vont tendre au regard, du coup, se r�v�le divers, contradictoire souvent, unifi� jamais. Figure de gloire pour les uns, qui sanctifient son extr�me beaut� ou le r�quisitionnent � des fins de propagande, il devient figure de souffrance pour d'autres, r�actualisant, eux, le th�me de la Crucifixion et de la chair de douleur. Figure propice, pour certains, au jeu ou aux mises en ab�me de la sexualit� ou de la vie sociale, il se fait, pour d'autres encore, figure de monstruosit�, voire mati�re carr�ment quelconque. Nombre d'artistes, pour finir, pr�f�rent mettre en sc�ne non le corps mais sa disparition. Le corps en images, l' �image corps� ? Oui, de toute fa�on, m�me au risque de l'effacement. La paix, non. On l'aura compris : tel que l'art du XXe si�cle l'a offert � l'oeil du spectateur, le corps est moins que jamais une figure neutre. Un espace de conflits plut�t, trouble d�calque de l'instabilit� de la condition humaine.

Agr�g� d'Histoire, docteur en Histoire de l'art. Paul Ardenne est ma�tre de conf�rences � l'universit� de Picardie Jules-Verne d'Amiens (facult� des arts). Collaborateur des revues Art press et Archistorm, il a publi� ces derni�res ann�es plusieurs �tudes consacr�es � la cr�ation vivante en arts plastiques, notamment Art, l'�ge contemporain (1997). Pratiques contemporaines : l'art comme exp�rience (1999), L'Art dans son moment politique (2000). Extr�me (2006), Art, le pr�sent-La cr�ation plasticienne au tournant du XXIe si�cle (2009).

Extrait :

Extrait de l'avant-propos

27 novembre 1960 : Yves Klein, h peintre de l'espace se jette dans le vide ! L'image est connue : une ic�ne du 20e si�cle artistique. Depuis le toit d'une maison de gardien jouxtant une rue, un homme se lance dans le vide - Yves Klein en personne, le ma�tre d'oeuvre de la c�l�bre exposition du Vide, chez Iris Clert, � Paris, un an plus t�t, celui, aussi, des monochromes bleus, ainsi que des Anthropom�tries, toiles r�sultant de l'utilisation par l'artiste, comme pinceaux vivants, de femmes nues � l'�piderme enduit de peinture. Yves Klein se jette dans le vide. Ce photomontage (car il s'agit d'une photographie retouch�e) appara�t � la une de Dimanche, Journal d'un seul jour, une publication �ph�m�re dont l'artiste est l'unique r�dacteur. Un journal, "Dimanche". Un affichage � la une. Un titre en lettres claquantes, faisant dans le sensationnel, "Le peintre de l'espace se jette dans le vide !" Un �v�nement, donc. L'�v�nement m�me du corps devenu gloire, s'arrachant � la pesanteur, en route pour la conqu�te de l'espace.
Regardons l'image. L'artiste saute. Tout son corps se d�contracte, bras, tendons des pieds. Lib�ration d'�nergie. Sous lui, le trottoir, la rue en enfilade. Il se lance. Son corps ? Celui d'un danseur, ce danseur rimbaldien courant sur les �toiles. Corps souriant, exalt�. Sauter comme on se d�fenestrerait, pour en finir ? Non. Le corps, plut�t, para�t s'�lever. S'�lever, qui plus est - tenons-nous en au titre de l'oeuvre -, "dans le vide". Un saut comme un �quivalent de l'assomption chr�tienne. Ce "vide" autour du corps, devant lui, comment le comprendre ? Comme un manque de mati�re, milieu libre de particules o� se raccrocher � rien, o� tomber comme tombent les anges d�chus de Bruegel, en une chute que n'arr�tera que l'impact du corps sur la premi�re mati�re venue, avec la destruction pour cons�quence ? Pas s�r. Regardons mieux. Le corps d'Yves-le-monochrome ? Il va prendre son envol. Le vide ? Il devient pour lui cet univers n'offrant nulle r�sistance, que l'on parcourt sans effort, o� se mouvoir � sa guise, d'une simple impulsion de la volont�, d'un geste efficace mettant en correspondance demande et effet. Et, par extension, un espace d'accueil absolument p�n�trable, sans nulle place pour la notion de contrainte physico-m�canique. Cet espace m�me, on l'a compris, o� la gloire du corps peut s'offrir sans pareille. Il y a le corps et le vide, autant dire : il y a cette mati�re seule, le corps, et rien autour. Resplendissement. Les alentours deviennent anecdotiques. Le corps de l'artiste, � lui seul, a capt� l'attention, structur� le visible, condens� l'�nergie.

Les informations fournies dans la section � A propos du livre � peuvent faire r�f�rence � une autre �dition de ce titre.