Extrait :
Extrait de la préface de Charles Silvestre :
La carte du tendre
Après quel rêve court Francis Pornon ? À la poursuite de quelle Dulcinée ? Monté sur quelle Rossinante ? Toujours en route, prêt au départ, à peine revenu. De prime abord, aimable, doux, juste souriant, sans affichage, le bonhomme, pour un peu, ferait petit père tranquille. De plus près : l'oeil noir, le cheveux frisé, le teint mat. «Excusez-moi, je vous avais pris pour un Algérien», lui dira un jour un complexé du Maghreb.
On peut prendre Francis Pornon pour un Juif de Rabat, un Arabo-Andalou de Cherchell, un Berbère de Carcassonne, un Occitan de la Réunion. Petit Poucet semant ses cailloux dans la forêt d'une humanité où il aimerait se retrouver.
On pouvait craindre, pour ces Carnets édités par le Temps des Cerises après avoir été publiés dans L'Humanité, les comparaisons. Ne serait-ce qu'au regard de ceux auxquels il se réfère : Michel Le Bris, Jacques Lacarrière, Nicolas Bouvier. Chemin faisant, on réalise que ses voyages, bien plus que de nous enseigner les lieux et les explorations, invitant le lecteur à se mettre en route, sont une plongée dans l'univers de cet autre qu'est son voisin dans l'Histoire. Pas l'autre, abîme (Abyssinie ?) de soi-même, l'autre de chair et de sang, d'amour et de mort.
Francis Pornon n'a pas eu à chercher bien loin son double : l'Algérie pour un homme du sud de la France, c'est la porte à côté. Sur le même palier. Toc, toc, toc, vous êtes là, Ahmed, Djamila ? Ils sont là, anciens élèves du prof de philo qu'il fut, de 1968 à 1971, établi dans une ex-colonie, comme d'autres furent établis en usine. Guidant, à leur tour, dans le livre de leurs vies, à Alger, à Bejaïa, l'auteur avide de saisir, déterminé à ne pas subir l'absurde de cette actualité terroriste déversée sur leurs souffrances et leurs désirs.
Inutile de chercher dans ces pages algériennes des thèses sur l'histoire de ce pays, sur ses délires trabendistes, ses folies intégristes, ses martingales du pouvoir et de l'armée, qui font le paysage des déambulations du voyageur. Pornon s'arrête sur les personnages plutôt que sur le «paysage». Il prend par la main des êtres douloureux, joyeux - pour qui connaît, l'Algérien est le champion de l'acrobatie entre ces deux états -, souvent surprenants, rarement mesquins.
Présentation de l'éditeur :
«Le monde est un livre dont chaque pas nous ouvre une page.»
Lamartine
Voyager ! Quel désir plus fort ? Le voyage, expérience personnelle, se peut-il partager ?
Au-delà des images télévisées, l'écriture aime et entend. Voici les textes inspirés, respires de divers voyages. L'auteur du présent ouvrage a bourlingué dans diverses contrées : l'île de la Réunion, l'Aude, le Maroc, l'Algérie...
Par son regard aigu, il nous livre des pages débordantes d'émotion et de poésie qui emportent le lecteur loin d'ici et tout près de lui-même.
Des reportages, notes et carnets de route publiés notamment dans le journal L'Humanité, sont suivis d'un «Eloge du voyage». Le livre est préfacé par Charles Silvestre.
«En vérité, le voyage, le voyage authentique, à la fois fuite et quête, ne s'accomplit pas pour passer le temps. Il commence où finit l'attachement à la glèbe et à l'air où l'on étouffe. Pas seulement espoir que la misère soit moins pénible au soleil. Mais aussi choc existentiel [...]»
Francis Pornon a publié une vingtaine d'ouvrages dont Algérie, Algérie ! et Un homme seul chez Paroles d'Aube, Couthon le mal aimé, La Souveraine et Blanche la rouge chez Messidor, Saône interdite (Le Poulpe) chez Baleine-Seuil ainsi que Le Beau Frank et Algérie des sources au Temps des Cerises.
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