Extrait :
Introduction
Tout est en tout.
Dans la marche autant que dans les paysages traversés, dans l'effort comme dans la contemplation, on trouve matière à l'introspection, à s'interroger sur le sens de la vie, à la philosophie, à l'humour, à l'humeur et au rien foutre. Tout est en tout et, pas à pas, l'être se crée, se modèle, se transforme. En bipède contemporain, je traverse la vie, dressé sur mes postérieures, essayant de deviner au loin de quoi demain sera fait. De passage, je me faufile, je cherche ma place, je donne la vie, porte le deuil, j'exulte, je m'applique à composer avec mes contradictions, à marcher droit sur les chemins de traverse, Suivant les envies, je randonne, je flâne, je traille, je botanise, je fais du trekking, je reste derrière la vitre à regarder dehors... Pourquoi marcher ? Pourquoi, à l'heure du moteur à explosion, des voyages dans l'espace, des vols low cost, vouloir rester cloué au sol à 3 km/h ? Se peut-il que l'escargot, baveux, rampant, soit en avance sur l'homme pressé ? La montagne, les espaces «sauvages», sont-ils des intervalles de liberté ? Dans un monde du tout, tout de suite, sans risque, mais avec du frisson, pourquoi se frotter à son juste opposé ? L'univers des sommets oblige le montagnard à l'adaptation. Le rigide se brise. L'univers des sommets oblige le montagnard à la responsabilisation. L'inconscient s'abîme. Savez-vous qu'il neige en hiver, que Newton précipite les corps au bas des falaises, que vivre est mortel ? Mais que font le maire, le préfet, le président, les dieux, ma mère ? Enfant gâté, je jouis de chaque instant, sensible au privilège qui m'est donné d'arpenter le monde à petits pas. Pourvu que je ne casse pas mon jouet dans une seconde d'inconscience...
Tout est en tout et, à travers quelques images glanées au fil du temps, des saisons, je vous propose de me suivre dans mes univers montagnards. Sur ces sommets, ces recoins, que de mes fenêtres je regarde chaque jour varier. Belledonne, Chartreuse, Vercors, ailleurs, j'écris les noms pour les localiser, pour qu'ils soient, avec la furieuse envie de ne rien dire, de laisser les lieux au mystère, de les soustraire à notre besoin de limiter, de savoir où, quand, comment. Accompagnateur en montagne, j'aime ces instants où le partage devient l'essentiel, où le moindre caillou sur lequel on trébuche, le moindre chant d'oiseau sont prétextes à mille et une histoires. J'espère que ces quelques pages seront pour vous mille et une histoires.
Présentation de l'éditeur :
Au fil des saisons, Alain Douce exerce la profession d'accompagnateur en montagne. Et de photographe. Les massifs de Belledonne, de la Chartreuse et du Vercors sont pour lui ressources et sources de vie. Il en superpose les plis, les creux, les arêtes, les pics, les ombres et les lumières à leurs doubles intérieurs, intimes, sans doute même métaphysiques. L'espace, la géographie, la faune et la flore se font poésie, philosophie, expérience sensuelle. La roche, lèvent, l'arbre, la sente deviennent humeur, impression, pensée, vocable. L'homme interroge la montagne - qui le lui rend bien... En près de cent vingt images et autant de légendes brèves comme des instantanés inspirés, Alain Douce interroge les paysages et le temps, fixe puis laisse fuir les étendues et les situations. Parallèlement, en quelques textes plus gourmands, il explore avec la même acuité et le même sens du «mouvement contemplatif» le lexique du montagnard : Vertige, Aurore, Pluie, Renoncer, Refuge, Autre Versant...
«Tout est en tout. Dans la marche autant que dans les paysages traversés, dans l'effort comme dans la contemplation, on trouve matière à l'introspection, à s'interroger sur le sens de la vie, à la philosophie, à l'humour, à l'humeur et au rien foutre. Tout est en tout et, pas à pas, l'être se crée, se modèle, se transforme. De passage, je me faufile, je cherche ma place, je donne la vie, porte le deuil, j'exulte, je m'applique à composer avec mes contradictions, à marcher droit sur les chemins de traverse. Suivant les envies, je randonne, je flâne, je traille, je botanise, je fais du trekking, je reste derrière la vitre à regarder dehors. [...] Enfant gâté, je jouis de chaque instant, sensible au privilège qui m'est donné d'arpenter le monde à petits pas. Pourvu que je ne casse pas mon jouet dans une seconde d'inconscience...» Il va sans dire que la sensibilité du montagnard à l'esprit des lieux telle qu'exprimée en ces pages est extensible à tous les autres massifs... «Ne plus voir la montagne, être une partie d'elle.»
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