Extrait :
Khéty marche dans le désert, un désert de pierre, un désert minéral. Il n'avance que lentement, mais il ne ressent aucune fatigue. Tout au contraire, il se sent léger, comme s'il ne possédait pas de corps, comme si seul continuait de vivre son kâ, ce double, cette autre âme propre à chaque être humain et qui épouse la forme du corps. Et, soudain, il fait de si grandes enjambées qu'il lui semble voler à chaque pas. Il aperçoit au loin un bouquet d'arbres qui paraît danser. Il connaît bien ce phénomène, dont il ne sait s'il est provoqué par quelque divinité ou par l'un de ces démons qui hantent ces lieux, ou même par Ha, le dieu mystérieux qui règne sur tous les déserts qui bornent la vallée du Nil. Il lui semble que ces arbres, peut-être des palmiers, ne sont qu'une illusion et que, lorsqu'il croira les atteindre, ils s'éloigneront aussitôt, toujours plus loin, alors que, selon une apparence trompeuse, ils paraissaient se rapprocher.
Il se pense l'objet d'une illusion créée par le dieu mauvais Seth le Rouge, maître des déserts. Car les palmiers qui annonçaient une oasis se sont soudainement estompés et Khéty ne voit plus qu'un petit arbre, un sycomore qui lui rappelle ceux de son enfance, souvent aperçus aux lisières du désert occidental. D'ailleurs, c'est bien dans ce désert qu'il progresse. N'est-il pas parti vers le Bel Occident, l'Amentit où vivent les heureux défunts ? Ne va-t-il pas y chercher celle qui réside toujours au fond de son coeur, Iset, l'amour de sa jeunesse ?
Voilà que, tout à coup, une femme apparaît devant lui, comme si elle surgissait du sycomore ou de derrière le tronc de l'arbre qui la dissimulait. Il croit reconnaître Iset elle-même ! Mais elle ouvre la bouche, elle lui parle. Elle lui dit qu'en vérité elle est Isis, la dame du sycomore, et elle lui rappelle que son Iset n'est pas morte, l'aurait-il oublié ? Pourquoi donc aller la chercher dans le pays où vivent les âmes des morts justifiés ?
Présentation de l'éditeur :
Le jeune Khéty, paysan du Nil devenu l'héritier du trône d'Horus, goûte à Cnossos le repos forcé de l'exil. N'est-ce pas grâce à lui, pourtant, que Shareq a fini par coiffer la couronne d'Egypte ? En épousant sa fille, Khéty n'est-il pas aussi devenu l'héritier de ce souverain dont l'empire s'étend de la vallée du Nil jusqu'au pays de Canaan ?
Que de chemin parcouru depuis sa première expédition ! Après avoir pris les armes contre l'envahisseur, puis compris que les Hyksos n'étaient pas les barbares que l'Egypte redoutait, Khéty découvre en Crête minoenne une société pacifique, régentée par les femmes. Il s'en faudrait de peu qu'il ne s'abandonne aux charmes de cette île, si ne le hantait le sort de l'Empire, tombé aux mains d'un traître...
Le secours du roi de Cnossos ne sera pas vain pour que s'accomplisse enfin, par le bras de Khéty, la volonté d'Horus : la reconquête du trône d'Egypte par un de ses enfants. Mais que vaut la royauté quand un être vous manque et que cet être est une femme : Iset, sa première épouse disparue ?
Une vie de voyages et sa passion pour l'histoire, l'ethnologie et l'archéologie ont fait de Guy Rachet l'un des maîtres du roman égyptien, depuis Les Vergers d'Osiris (Olivier Orban, prix RTL 1981) et Le Manuscrit secret du Nil (Le Rocher, 1993) jusqu'aux cinq tomes du Roman des pyramides (Le Rocher, 1996-1998). Le Maître des serpents est l'ultime volet des Larmes d'Isis, sa trilogie située dans l'Egypte décadente du XVIIe siècle av. J.-C.
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