Extrait :
«Et voilà, maintenant je vais être de mauvaise humeur toute la journée !
- À cause du type là ?
- Ben oui, quoi d'autre ?
- Un type te dit : "T'as de beaux seins, tu sais ?" et ça te mine l'humeur ?
- Oui, en plus il m'a tutoyée.
- Mais c'était un compliment !
- Non, une agression. Est-ce que je lui parle de sa bite, moi, comme ça en pleine rue, dès le matin ?
- On ne la voit même pas, sa bite, qu est-ce que tu veux dire dessus ?
- Ça va être ma faute. Faudrait que je me déguise en footballeur américain pour qu'on ne voie rien sous mes épaules ?
- Mais non, tu as raison de ne pas cacher tes seins et comme ils sont beaux, c'est normal que les hommes les remarquent.
- Sauf que moi je me sens salie, je me sens comme une chose.
- Tu prends tout de travers. C'est un hommage à ta beauté. Et puis le gars ne t'a pas touchée, il a juste dit...
- Manquerait plus qu'ils essaient d'y mettre la main ! T'as vu la gueule qu'il avait ? C'est toujours les mochetés qui se permettent des remarques.
- J'ai pas vu qu'il était moche, ça ne m'a pas frappée.
- Immonde, je te dis. Et justement, quand un mec immonde me fait ce que tu appelles un compliment, j'ai l'impression qu'il me croit accessible, que je suis à son niveau. Alors après je me sens moche. Et ça dure, ça me colle.
- C'est toi qui as un problème alors.
- Excuse-moi de n'être pas aussi décontractée que toi.
- Pas "aussi" ? Pas du tout, tu veux dire.
- Toi, bien sûr, tu n'as aucun doute sur toi-même, tu es une bombe. Tu es fière de tes seins, de ton cul, de ta bouche, tu es même fière de ton intelligence. À un tel point de fierté, on pourrait croire que tout ça ne t'appartient pas vraiment.»
Présentation de l'éditeur :
Deux, elles sont deux : elle et l'autre, la pauvre Elle et Autre-la-terrible. Miss Anna et Sister Bomb : allantes et offertes aux poids des regards ; l'une qui endure souffrance, l'autre qui en jouit dans l'instant; l'une qui se tend et s'offre, l'autre qui se retient, s'affole ; l'épanouie et la rétractée. Siamoises et conflictuelles, elles ne sont d'accord sur rien : l'art de draguer, la valeur du string, conclure vite ou non. Et pourtant, il faut que l'une fasse avec l'autre et surtout avec le désir, ce «chien chinois sans poil» nous souffle la Bombe, le chihuahua pathétique qui s'enrhume, tremble et trottine. Elles vont donc ainsi : soudées, partageant les rencontres, les soirées moites et les salons du livre, les élans sans suite et les occasions perdues, soeurs de chaîne et copines comme cochons. Et puis un jour, coup de gueule : tout implose. La bombe s'éclipse. L'une a-t-elle mangé l'autre ou l'autre avalé l'une ?
Anna Rozen, face miroir, nous offre ses deux profils et nous assure d'une chose : le désir a les yeux vairons.
Malgré de fréquentes envies d'exploser, Anna Rozen n'est pas une bombe et s'en désole parfois. Le reste du temps, elle vit plutôt joyeusement, à Paris, une vie qu'on pourrait qualifier de paisible sans tomber trop loin de la vérité.
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