Extrait :
Extrait de l'avant-propos :
Pardon si cet enfant dérange quelques-uns.
Il va déranger ceux qui écrivent sur les gabares sans avoir jamais posé un bout d'orteil sur le pont, ceux qui inventent un monde imaginaire pour essayer de faire revivre un passé qu'ils n'ont jamais connu et encore moins vécu, ceux qui sont bien emmitouflés dans la chaleur de leurs cages vitrées, mais qui ne savent même plus de quel côté de l'eau le soleil se lève, ceux qui ne savent pas regarder le bec orange ou noir des mouettes pour savoir d'où vient le vent, qui appellent vite au secours ! au moindre clapotis dans leur vie, ceux qui ne savent pas ce que sont des stalactites qui pendent au nez dans les veilles par temps de brouillards sur les plages avants, ceux qui ont les mains si fines qu'ils ne pourraient attraper que des lacets de souliers, mais sûrement pas des engelures en caressant les aussières de chanvre - en revanche, ils savent écrire amarre avec un seul r pour se donner un genre - et enfin ceux qui ne connaissent rien à madame Nature puisque qu'ils ne se sont jamais fait bercer par elle dans les houles de la nuit en conversant avec ses demoiselles les étoiles.
Oui ! Il va déranger celles et ceux qui galvaudent le mot Gabare à tout va, sans avoir jamais eu à trembler quand les caprices du dieu Eole balayaient l'estuaire en leur mettant des gifles sur leurs joues rondes ou qui n'ont jamais mis leurs petites mains d'enfant dans celles d'une grand-mère ou d'une mère pour les consoler de la dernière vision d'un être cher englouti à jamais par les flots et ceux qui n'ont jamais essuyé les larmes qui coulaient sur les joues ridées de leur grand-père en voyant dans le courant du fleuve un bras levé de leur matelot emporté dans son dernier adieu.
Présentation de l'éditeur :
Jean Paul Videau est né sur un chaland pétrolier, issu d'une lignée de marins de père en fils depuis la nuit des temps. Que d'événements, de récits authentiques, de fortunes de mer emplissent sa mémoire !
Les gabares sont les navires sur lesquels il a vécu, avec lesquels il a travaillé. Ces bateaux ont rythmé sa vie, l'ont accompagné.
Dans le sillage des gabares est un récit sincère : le témoignage des bonheurs et des malheurs de l'enfant qui par nécessité de la guerre vivra avec son entourage sur une gabare et quittera avec nostalgie ses chères embarcations, aujourd'hui disparues.
Jean Paul Videau rend un hommage émouvant aux marins, pêcheurs, gabariers et pilotes de l'estuaire de la Gironde, de la Garonne et de la Dordogne.
«Le lendemain matin c'était le père qui le prenait le drôle. Malin, il n'avait pas fait remonter le réveil. Aussi profita-t-il de ce que les deux femmes dormaient pour réveiller son fils.
- Jeannot ? Habille-toi ! On s'en va à la pêche.
- Hein ? Quoi ? Mais je ne sais pas nager moi.
- Ne t'occupe pas, arrête de rêver, ce n'est pas toi qui nage, ce sont les poissons...»
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