Parmi les auteurs de littérature érotique homosexuelle, François-Paul Alibert s'était fait remarquer des spécialistes en publiant, sous la houlette d'André Gide, Le Supplice d'une queue, justement réédité aujourd'hui. Et comme un livre peut en cacher un autre, voilà que les éditions de La Musardine publient un autre texte de ce poète masqué, jusque-là absolument introuvable puisque inédit : Le Fils de Loth, demeuré à l'état de manuscrit depuis sa rédaction dans les années trente. Dans l'histoire littéraire, jalonnée de livres interdits, on comprendra aisément que celui-ci soit resté caché : si le roman s'ouvre de façon lyrique sur les ébats amoureux de deux beaux adolescents (André et Roland), il glisse rapidement vers la confession d'un jeune homme, André, initié à l'amour par son père, "un splendide colosse". Rien de moins ! Le style de la phrase est classique, mais tranche volontiers avec un récit fortement imagé et sans ambiguïté, d'une sodomie l'autre. Dans la Bible, il est dit que Loth, à défaut de sa femme (métamorphosée en statue de sel pour s'être retournée contrairement à la défense divine) et à défaut d'autres créatures féminines, aurait abusé de ses propres filles. C'est précisément cette légende que reprend et détourne François-Paul Alibert, jusqu'à lui donner le titre de cet ouvrage sulfureux. D'autant plus sulfureux qu'ici, le père n'abuse pas mais initie son fils aux jeux de l'amour. De quoi étonner Genet, Guibert ou Dustan, et surtout troubler les lecteurs les plus avertis et les plus blasés. --Céline Darner
Deux jeunes hommes s'ébattent sur le sable. Ils sont beaux, ils s'aiment. L'un deux pose à l'autre une question: « Qui t'a initié à l'amour? » La réponse vient malaisément: « Mon père! » . Suit alors un récit murmuré dans une langue magnifique, celui de l'initiation sexuelle d'un jeune garçon par son père. La découverte du corps de son père, la fascination pour le sexe de son père, son amour pour son père, et, enfin, une relation sexuelle ô combien émouvante et subversive.
François-Paul Alibert, né en 1873, a collaboré à la NRF, aux côtés d'André Gide. Mais son nom est aujourd'hui associé à une oeuvre cachée de grand écrivain érotique. Jusqu'à ce jour, seul son mythique roman homosexuel, Le Supplice d'une queue, était parvenu à franchir les barrières de la censure. Deux romans de la même veine étaient restés inédits : Une couronne de pines et Le Fils de Loth. C'est ce dernier roman que Joë Bousquet décrivit à Jean Paulhan comme "le plus audacieux de tous" qui est publié ici pour la toute première fois.