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Extrait :
Pose toujours, tu m'intéresse !
Après sa collaboration au magazine Lui qui lui vaut une renommée internationale, Aslan poursuit son inlassable quête de la femme idéale. Cette quête se pérennise un temps à travers des pin-up à la gouache, que la presse et des commanditaires privés continuent de lui demander. Succès oblige. Elle se concrétise aussi dans des toiles peintes à l'huile - nous traitons cet aspect de l'oeuvre d'AsIan dans le dernier chapitre du présent ouvrage - ainsi que dans une suite ininterrompue de dessins à la mine de plomb, constituant un travail relativement méconnu à ce jour, sinon des aficionados de l'auteur.
En effet, si le maître français de la pin-up a réalisé environ deux cents images mémorables dans le cadre de sa fructueuse contribution au mensuel des éditions Filipacchi (de 1964 à 1982), peu de gens savent que sa passion pour le nu l'a entraîné dès le milieu des années 1980 à s'intéresser au plus près à la technique ingrate du noir et blanc. Ingrate, car généralement dépréciée par rapport à l'exécution en couleurs (qu'elle soit faite à la gouache, à l'acrylique ou à l'huile) l'illustration à la mine de plomb est souvent aussi considérée comme une ébauche, une étape intermédiaire d'un work in progess. Pourtant, Aslan se penche fort sérieusement sur la question et dessine selon un rythme de plus en plus régulier un grand nombre de nus en noir et blanc. Au total, près de 400 sont achevés en 2011. Bien entendu, nous n'en présentons ici qu'une petite fraction.
L'âge avançant, Aslan se concentre donc sur ce travail, en délaissant peu à peu la sculpture qui nécessite, on peut sans douter, une énergie plus conséquente. S'il dessine activement des femmes à la mine de plomb dans le courant des années 1990, cette exploration s'amplifie après l'an 2000, quand le créateur franchit son soixante-dixième anniversaire. Pour être précis, depuis son installation définitive au Canada, en 1995, c'est une préoccupation quotidienne. Tous les jours, il descend dans son atelier, s'installe sur sa table à dessin et entreprend la finalisation d'une image en noir et blanc. Chacune d'elle nécessite une semaine pour que l'assemblage le satisfasse. Mais il arrive parfois qu'un détail grippe cette belle machine. Le plus souvent un visage et une pose qui ne se marient pas ensemble, et l'esquisse est ainsi mise de côté, en attendant d'être revue.
Ceci dit, la chose est rare car, comme le souligne Aslan, c'est le visage et ses expressions, celles des yeux, de la bouche, du nez, qui déterminent l'ensemble de la composition. «Si je réussis le visage, explique-t-il, cela me motive : je ne veux pas l'avoir réussi pour rien. Mais si c'est un truc à moitié satisfaisant, je le terminerai ultérieurement, et je changerai la tête. Je n'ai pas envie de continuer le corps, parce que si je le travaille pour rien, avec une tête qui ne me revient pas, c'est le tout qui est fichu. Il m'est arrivé récemment de recommencer trois fois la tête d'une fille et elle ne me plaît toujours pas. C'est toujours le visage que l'on regarde en premier. C'est le plus important et le plus difficile des éléments. Je passe autant de temps sur la tête que pour dessiner le reste. Je dirai que cela constitue la moitié du travail.» En résumé, sans un visage qui convienne, point de réussite.
Nous parlions plus haut d'«assemblage» et il est peut-être nécessaire de revenir sur le processus qu'Aslan a développé tout au long de sa vie pour fabriquer une imagerie de pin-up. L'artiste pioche dans un stock de milliers de photographies qui ont été prises durant une trentaine d'années. Ce sont des clichés faits par les photographes du magazine Lui et ensuite par lui-même avec une quinzaine de ses modèles fétiches. À partir de cet immense stock, Aslan en choisit plusieurs pour concevoir une nouvelle image. À l'instar du docteur Frankenstein, Aslan compose chaque nouvelle créature avec plusieurs éléments issus de différentes séances de poses. L'attitude générale peut ainsi être inspirée d'une photo de Marilyne (c'est le prénom d'un modèle) mais le corps sera toujours composite. Les jambes sont par exemple celles de Sylvie (un autre modèle), les hanches, celles de Claudine, les seins d'Hélène, etc., et il en va de même évidemment pour l'élaboration du visage, travaillé en premier lieu. Celui-ci peut volontiers s'inspirer des traits de Muriel, le nez appartenir à Brigitte et la coupe de cheveux emprunter à une coiffure de Maud. Cette étrange mode de fabrication fonctionne sur le ressenti, sur l'impalpable sentiment qui conduit l'artiste à savoir quels sont les bons ingrédients d'un dessin, savoir à quel moment il est arrivé à son terme et aussi, cela va de soi, sur l'expérience accumulée. En 40 ans de métier, Aslan s'est entouré de rituels et de «trucs» techniques, il a également inventé ses propres outils. Après avoir puisé les éléments photographiques qui vont lui servir, Aslan tire une feuille de papier, la fixe sur sa table et commence le travail. Au début de sa collaboration avec Lui, il a utilisé le découpage en carreaux, puis la rétroprojection pour étayer ses compositions. Plus tard, et pour diverses raisons, notamment la maîtrise de la technique, cette patience d'orfèvre n'a plus eu son utilité. Quand le dessinateur passe à la manoeuvre, tout semble naturel et aller de soi. À dire vrai, il paraît aussi à l'aise dans le modelage d'un dessin que celui d'une pièce sculptée. La sculpture étant sa vocation première, Aslan façonne toujours ses filles de papier avec la vision du sculpteur. Crayon et gomme passent d'une main à l'autre avec une facilité déconcertante car, même si l'auteur est davantage gaucher que droitier, sa passion l'a naturellement contraint à être ambidextre.
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Présentation de l'éditeur :
Après sa collaboration au magazine Lui qui lui vaut une renommée internationale, Aslan poursuit son inlassable quête de la femme idéale. Cette quête se pérennise un temps à travers des pin-up à la gouache, que la presse et des commanditaires privés continuent de lui demander. Succès oblige. Elle se concrétise aussi dans des toiles peintes à l'huile - nous traitons cet aspect de l'oeuvre d'AsIan dans le dernier chapitre du présent ouvrage - ainsi que dans une suite ininterrompue de dessins à la mine de plomb, constituant un travail relativement méconnu à ce jour, sinon des aficionados de l'auteur.
En effet, si le maître français de la pin-up a réalisé environ deux cents images mémorables dans le cadre de sa fructueuse contribution au mensuel des éditions Filipacchi (de 1964 à 1982), peu de gens savent que sa passion pour le nu l'a entraîné dès le milieu des années 1980 à s'intéresser au plus près à la technique ingrate du noir et blanc. Ingrate, car généralement dépréciée par rapport à l'exécution en couleurs (qu'elle soit faite à la gouache, à l'acrylique ou à l'huile) l'illustration à la mine de plomb est souvent aussi considérée comme une ébauche, une étape intermédiaire d'un work in progess. Pourtant, Aslan se penche fort sérieusement sur la question et dessine selon un rythme de plus en plus régulier un grand nombre de nus en noir et blanc. Au total, près de 400 sont achevés en 2011. Bien entendu, nous n'en présentons ici qu'une petite fraction.
L'âge avançant, Aslan se concentre donc sur ce travail, en délaissant peu à peu la sculpture qui nécessite, on peut sans douter, une énergie plus conséquente. S'il dessine activement des femmes à la mine de plomb dans le courant des années 1990, cette exploration s'amplifie après l'an 2000, quand le créateur franchit son soixante-dixième anniversaire. Pour être précis, depuis son installation définitive au Canada, en 1995, c'est une préoccupation quotidienne. Tous les jours, il descend dans son atelier, s'installe sur sa table à dessin et entreprend la finalisation d'une image en noir et blanc. Chacune d'elle nécessite une semaine pour que l'assemblage le satisfasse. Mais il arrive parfois qu'un détail grippe cette belle machine. Le plus souvent un visage et une pose qui ne se marient pas ensemble, et l'esquisse est ainsi mise de côté, en attendant d'être revue.
Ceci dit, la chose est rare car, comme le souligne Aslan, c'est le visage et ses expressions, celles des yeux, de la bouche, du nez, qui déterminent l'ensemble de la composition. «Si je réussis le visage, explique-t-il, cela me motive : je ne veux pas l'avoir réussi pour rien. Mais si c'est un truc à moitié satisfaisant, je le terminerai ultérieurement, et je changerai la tête. Je n'ai pas envie de continuer le corps, parce que si je le travaille pour rien, avec une tête qui ne me revient pas, c'est le tout qui est fichu. Il m'est arrivé récemment de recommencer trois fois la tête d'une fille et elle ne me plaît toujours pas. C'est toujours le visage que l'on regarde en premier. C'est le plus important et le plus difficile des éléments. Je passe autant de temps sur la tête que pour dessiner le reste. Je dirai que cela constitue la moitié du travail.» En résumé, sans un visage qui convienne, point de réussite.
Nous parlions plus haut d'«assemblage» et il est peut-être nécessaire de revenir sur le processus qu'Aslan a développé tout au long de sa vie pour fabriquer une imagerie de pin-up. L'artiste pioche dans un stock de milliers de photographies qui ont été prises durant une trentaine d'années. Ce sont des clichés faits par les photographes du magazine Lui et ensuite par lui-même avec une quinzaine de ses modèles fétiches. À partir de cet immense stock, Aslan en choisit plusieurs pour concevoir une nouvelle image. À l'instar du docteur Frankenstein, Aslan compose chaque nouvelle créature avec plusieurs éléments issus de différentes séances de poses. L'attitude générale peut ainsi être inspirée d'une photo de Marilyne (c'est le prénom d'un modèle) mais le corps sera toujours composite. Les jambes sont par exemple celles de Sylvie (un autre modèle), les hanches, celles de Claudine, les seins d'Hélène, etc., et il en va de même évidemment pour l'élaboration du visage, travaillé en premier lieu. Celui-ci peut volontiers s'inspirer des traits de Muriel, le nez appartenir à Brigitte et la coupe de cheveux emprunter à une coiffure de Maud. Cette étrange mode de fabrication fonctionne sur le ressenti, sur l'impalpable sentiment qui conduit l'artiste à savoir quels sont les bons ingrédients d'un dessin, savoir à quel moment il est arrivé à son terme et aussi, cela va de soi, sur l'expérience accumulée. En 40 ans de métier, Aslan s'est entouré de rituels et de «trucs» techniques, il a également inventé ses propres outils. Après avoir puisé les éléments photographiques qui vont lui servir, Aslan tire une feuille de papier, la fixe sur sa table et commence le travail. Au début de sa collaboration avec Lui, il a utilisé le découpage en carreaux, puis la rétroprojection pour étayer ses compositions. Plus tard, et pour diverses raisons, notamment la maîtrise de la technique, cette patience d'orfèvre n'a plus eu son utilité. Quand le dessinateur passe à la manoeuvre, tout semble naturel et aller de soi. À dire vrai, il paraît aussi à l'aise dans le modelage d'un dessin que celui d'une pièce sculptée. La sculpture étant sa vocation première, Aslan façonne toujours ses filles de papier avec la vision du sculpteur. Crayon et gomme passent d'une main à l'autre avec une facilité déconcertante car, même si l'auteur est davantage gaucher que droitier, sa passion l'a naturellement contraint à être ambidextre.
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Si le nom d'Aslan n'évoque pas forcément quelque chose au public de moins de trente ans, la seule mention des pin-up de Luireplace tout de suite l'artiste dans son contexte. Car c'est Aslan, qui durant 18 ans dessina, chaque mois, la fameuse pin-up qui a nourri les fantasmes de plusieurs générations. Ses femmes blondes, brunes ou rousses, souvent plus opulentes que brindilles, souriantes ou à la mine gentiment boudeuse, provocantes avec la main entre les jambes, s'exhibant, toujours dans des positions sans cesse renouvelées, ont presque toutes un point commun : ce regard pénétrant et troublant dans lequel le spectateur ne pouvait que se perdre, pour son plus grand plaisir.Dans ce deuxième volume, on retrouvera un choix de "filles à épingler' en couleurs, faites pour Luiet d'autres revues, mais aussi une première sélection de travaux à la mine de plomb qu'Aslan a débuté au beau milieu des années 1980 et qu'il continue toujours de réaliser. Ces œuvres inédites seront triées parmi des centaines et elles témoignent des recherches incessantes que le peintre, mais aussi sculpteur, a mené sa vie durant sur le corps de la femme. Ces nues en noir et blanc, aux volumes délicats, s'inscrivent dans une quête perpétuelle de la beauté, et prouvent encore une fois, et s'il en était besoin, qu'Alain Gourdon, dit Aslan, est l'un des plus grands artistes du XXe siècle.
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- ÉditeurLa Musardine
- Date d'édition2011
- ISBN 10 2842714989
- ISBN 13 9782842714987
- ReliureBroché
- Nombre de pages128
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Pin-Up, Couleurs et mines de plomb
Edité par
La Musardine
(2011)
ISBN 10 : 2842714989
ISBN 13 : 9782842714987
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