Bagnards - Couverture rigide

Godfroy, Marion

Couverture rigide

ISBN 10 : 284277390X ISBN 13 : 9782842773908

Editeur : Editions du Chêne, 2002

Synopsis

216pages. in4. Cartonné jaquette.

A propos du livre

Extrait :

Extrait de l'introduction :

«Le dimanche est le jour du seigneur, on le lui doit tout entier.»

Dimanche 23 mai 1852. Ce jour-là, aux îles du Salut, en présence de Joseph Napoléon Sarda-Garriga, gouverneur de Guyane, on célébrait une messe à l'intention des bagnards fraîchement débarqués. Monseigneur le préfet apostolique dirigeait la prière. Aux dires des témoins, l'émotion affleurait à chaque syllabe du sermon. Scène inaugurale d'un siècle d'histoire pénitentiaire que la mémoire collective n'a pas retenue.
Galériens, forçats et bagnards, mêlés confusément en un même vocable, ont exercé sur notre imagination une fas­cination troublante. Balzac s'est inspiré de Vidocq, ami d'Eugène Sue, pour créer Vautrin, avant que Jean Valjean ne brûle les planches de Covent Garden. Au point qu'on parle moins souvent d'hommes que de personnages, de vies que de destinées. Le bagne est ainsi devenu peu à peu le domaine des écrivains, des journalistes, des poètes, des compositeurs, des metteurs en scène et de réalisateurs plus ou moins scrupuleux, qui ont joué d'une gamme de sentiments sur un mode de puissance et de violence.
La Guyane, terre de bagne par volonté impériale en 1854, a ainsi nourri notre imaginaire. Un peu trop facilement. Car l'histoire de cette colonie ne se résume pas aux mythes qu'elle a engendrés. Il y est question de transportation, de déportation, de relégation, d'un tribunal maritime spécial (TMS), de manilles aux chevilles et de plans enfoncés dans l'anus, d'engagistes et de libérés, autant de termes qui mêlent argot des chiourmes et idiomes du monde colonial, et qui nécessitent de s'attarder sur un univers où se révèlent des réalités de l'histoire sociale, pénale et coloniale des XIXe et XXe siècles. Un monde dont l'image est celle d'un autre lieu, régi par d'autres règles, et qui ne semble pouvoir s'expliquer, se comprendre, sans autre référence qu'à lui-même. Un monde, enfin, étrangement semblable à celui d'une tragédie grecque, où tout est pharmakos - à la fois remède et poison dans la langue d'Homère - tant les solutions appliquées, les décisions, les arrêts et les autres mesures destinées à calfeutrer les défaillances du système sont transformés en règlements rigides et parfois ridicules. Ainsi, la volonté de correction des premières années, face aux échecs répétitifs maintes fois constatés d'hommes idémistes, se trouve noyée dans l'inertie.
Paris dicte à Cayenne des mesures qui témoignent de sa souveraineté, et reflète aussi la méconnaissance de la réalité. D'où nombre de décisions inadéquates, contradictoires, ubuesques, à l'exemple de ces bonnets de femme que l'on s'évertue à renvoyer de métropole en 1930 alors que les bagnardes ont quitté la colonie depuis une décennie... Les archives du bagne, ou plus exactement les archives de l'administration pénitentiaire, dite «AP», dénoncent alors à travers de multiples rapports une situation qui, de 1852 à 1946, a voulu que les remèdes s'y révèlent maux, et que toute transformation - éphémère - soit para­doxalement appelée à durer. Aborder, expliquer cet univers nécessite le truchement de l'histoire scientifique et coloniale - pour comprendre ce qui a poussé navigateurs et explorateurs vers ces horizons - de l'histoire pénale - qui noue le fil des galères aux bagnes portuaires - et enfin de l'histoire politique - pour revivre un temps où les adversaires du pouvoir subissaient le bannissement. Sans cela, l'histoire des bagnes ne serait alors que la photographie détaillée, méthodique et pâle, de simples journées d'enfermement.

Présentation de l'éditeur :

Ils eurent pour nom Vidocq, Jean Valjean, Dreyfus ou Papillon. Ils cristallisèrent les fantasmes de l'opinion publique, cas célèbres masquant la foule des inconnus sans nombre et sans visage, " droit commun " ou " politiques ", condamnés à l'exil sur la volonté d'un empereur soucieux d'éloigner de la métropole tous ses risques de " gangrène " potentielle. Transportés par bateaux, emprisonnés dans des pénitenciers ou des camps, réduits à l'état de matricules, soumis à l'arbitraire des gardes-chiourmes ou d'un système judiciaire ubuesque, les bagnards n'eurent que peu d'espoir de retour. Dans ce monde de violences, où l'on doit rendre coup pour coup pour survivre, voler pour exister, et se défendre avec la hargne des exclus, vécurent des milliers d'hommes et quelques centaines de femmes, qu'on tenta d'apparier pour les inciter à faire souche et à développer, en lieu et place des esclaves affranchis, cette colonie encore balbutiante qu'était la Guyane. Grâce à une iconographie inédite et à un reportage réalisé dans les lieux mêmes du bagne, cet ouvrage en raconte l'histoire, donne à voir et à comprendre l'existence de ces bannis qui, un siècle durant, vécurent entre corvées, punitions et rêves d'évasion.

À propos de cette édition

• Éditeur: Editions du Chêne
• Date d'édition: 2002
• ISBN 10: 284277390X
• ISBN 13: 9782842773908
• Reliure: Relié
• Nombre de pages: 216
• Illustrateur: Fautré Stanislas