Revue de presse :
La publication d'un recueil de près de cent contes, écrits par Charles Perrault et ses successeurs, renouvelle l'interrogation sur leur origine et leur pérennité...
Charles Perrault est-il l'inventeur du conte de fées, genre littéraire inédit jusqu'à lui, ou bien le scribe consciencieux de récits traditionnels recueillis «de la bouche même du peuple» ?...
Leur simplicité naïve, leur mélange de vraisemblable et de merveilleux situent logiquement ces contes de fabrication lettrée dans la sphère esthétique de la féminité...
Prosateur que ses dons situent en retrait parmi les grands écrivains de son siècle, auteur d'une suite de volumes aujourd'hui oubliés, Charles Perrault a eu la grâce d'être un jour grand sur le mode mineur. C'était au soir de sa vie, et il ne savait pas ce qu'il faisait : à défaut de tirer de son propre fonds la matière de ses contes de fée, il en inventait la manière. (Sébastien Lapaque - Le Figaro du 15 mars 2007)
Cette passionnante anthologie donne à lire dans leur intégralité les contes de Perrault : les huit textes en prose publiés dans le recueil de 1697, Histoires ou contes du temps passé, avec des moralités et les trois pièces en vers, dont Peau d'âne, à laquelle est jointe sa première version en prose...
Ensuite en donnant à voir de nombreuses illustrations de ces contes, en particulier celles de Gustave Doré pour l'édition Hetzel de 1862, mais aussi quelques exemples de celles qu'en donna l'imagerie populaire. Enfin, parce que chacun des contes est confronté à d'autres textes de nature très différente...
Il y a ensuite les textes postérieurs à Perrault et s'en inspirant qui sont d'une grande diversité puisqu'on y trouve aussi bien le livret d'un opéra-bouffe de Meilhac et Halévy qu'un long conte philosophique en vers de Voltaire qui fait écho à Riquet à la houppe ou une saynète drôlissime de l'humoriste Cami. Le sommaire, là aussi, est brillant... (Jacques Baudou - Le Monde du 27 avril 2007)
Extrait :
Le Petit Chaperon rouge
Il était une fois une petite fille de village, la plus jolie qu'on eût su voir : sa mère en était folle, et sa mère-grand plus folle encore. Cette bonne femme lui fit faire un petit chaperon rouge, qui lui seyait si bien, que partout on l'appelait le Petit Chaperon rouge.
Un jour sa mère ayant fait des galettes lui dit :
«Va voir comme se porte ta mère-grand, car on m'a dit qu'elle était malade ; porte-lui une galette et ce petit pot de beurre.»
Le Petit Chaperon rouge partit aussitôt pour aller chez sa mère-grand, qui demeurait dans un autre village. En passant dans un bois elle rencontra compère le loup, qui eut bien envie de la manger ; mais il n'osa, à cause de quelques bûcherons qui étaient dans la forêt. Il lui demanda où elle allait ; la pauvre enfant, qui ne savait pas qu'il est dangereux de s'arrêter à écouter un loup, lui dit :
«Je vais voir ma mère-grand, et lui porter une galette avec un petit pot de beurre que ma mère lui envoie.
- Demeure-t-elle bien loin ? lui dit le loup.
- Oh ! oui, dit le Petit Chaperon rouge, c'est par-delà le moulin que vous voyez tout là-bas, là-bas, à la première maison du village.
- Eh bien, dit le loup, je veux l'aller voir aussi ; je m'y en vais par ce chemin-ci, et toi par ce chemin-là, et nous verrons qui plus tôt y sera.»
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