Présentation de l'éditeur :
La présence du Parti communiste sur la scène politique française a été forte durant la plus grande partie du vingtième siècle. C'est encore le cas aujourd'hui dans certaines campagnes, ainsi que dans la plupart des zones urbaines, malgré l'effondrement de l'Union soviétique. En s'éloignant des approches habituelles qui se sont focalisées sur l'étude des relations entre le communisme et la classe ouvrière, Laird Boswell propose une nouvelle interprétation afin d'expliquer les succès du Parti communiste français et met en lumière les attitudes sociales et politiques qui se sont développées dans les campagnes durant une période critique, en pleine crise économique.
A partir de longs entretiens avec 34 militants communistes encore en vie, et en s'appuyant sur l'analyse des résultats électoraux, cet ouvrage met l'accent sur le poids persistant du Parti dans certains bastions ruraux du PCF, tels que le Limousin et la Dordogne, durant l'entre-deux-guerres. Boswell montre comment le communisme a fait entrer dans des communautés rurales isolées des pratiques politiques modernes, comment il a redonné vie aux réseaux de sociabilité et de culture dans les villages, et comment il a réagi face à l'incapacité de l'Etat à faire face aux énormes changements que la lente disparition de la société paysanne engendrait.
Boswell remet en question les interprétations habituelles qui attribuent les succès du Parti dans les zones rurales à la tradition de gauche, au républicanisme rouge, ou aux structures familiales. En montrant comment les paysans français ont utilisé l'arène politique pour défendre leurs intérêts, ce livre apporte un éclairage important sur la nature du communisme européen et sur la transformation des campagnes françaises durant le XXe siècle.
Extrait :
Extrait de l'introduction :
Depuis que le Parti communiste s'est implanté, dès la fin du mois de décembre 1920, dans la campagne vallonnée au nord-ouest de Tulle, capitale administrative de la Corrèze, cette région est restée un bastion du communisme rural. C'est dans les petits villages de cette région - deux d'entre eux sont communistes depuis la création du Parti - que j'ai eu les entretiens les plus enrichissants avec de petits paysans qui avaient milité au sein du Parti communiste durant l'entre-deux-guerres ; parmi eux, Jean-Baptiste Champseix, un petit agriculteur du village de Beaumont (voir les lieux où se sont déroulés les entretiens sur la carte 1) qui a milité à la fois au Parti et dans les syndicats agricoles durant les années vingt et trente. Champseix avait été - et était encore, malgré son âge - un militant communiste rural exemplaire.
La première chose qui attira mon regard en entrant dans la ferme de Champseix à Beaumont fut la statue en pied de Lénine placée au centre sur le linteau de la cheminée. Champseix, qui l'avait remarqué, m'expliqua fièrement qu'il l'avait ramenée de son unique voyage effectué en Union soviétique ; il ajouta, d'un ton convaincu, que Lénine resterait «le plus grand homme» car il était le père de la plus réussie de toutes les révolutions. La statue du révolutionnaire russe que possédait Champseix n'était pas un ornement exceptionnel : dès les années vingt, les paysans du Limousin et de Dordogne affichèrent publiquement et de façons très diverses leur sympathie pour le mouvement communiste.
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