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Ecritures du chaos ; Lecture des oeuvres de Frankétienne, Reinaldo Arenas, Joël Des Rosiers - Couverture souple
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Extrait :
Extrait de l'introduction :
«Comment ça marche ?» demande un jour un aveugle au paralytique. «Comme vous voyez», répond le paralytique à l'aveugle.
Mot d'esprit de Lichtenberg cité par Freud.
Si quelque chose «marche» dans la littérature, c'est sans doute de manière parfaitement bancale, aveugle et pour le moins provisoire. La littérature pourrait sauver, réparer, il n'est que de relire poèmes lyriques et épopées qui semblent tenter d'arracher quelque chose au néant, un peu de mémoire, une trace : Orphée, prince des poètes, descendrait aux enfers pour enchanter Proserpine et lui reprendre Eurydice, les héros exigent que leur mort soit au moins sublimée dans «une bonne chanson». Plus près de nous, Jean Genêt justifiait son journal en ces termes : «Si j'examine ce que j'écrivis j'y distingue aujourd'hui, patiemment poursuivie, une volonté de réhabilitation des êtres, des objets, des sentiments réputés vils.» L'écrivain lui-même est sans doute celui qui, dans l'écriture, tente de survivre, de mesurer un abîme, d'y échapper, peut-être. N'est-ce pas ce qu'Edouard Glissant lui-même suggérait lorsque, dans ses romans, essais, ou articles des années 1975 à 1981, il analysait, non certes ses propres états d'âme, mais les «pulsions morbides» d'une société tout entière, ou encore le «délire verbal» qui, sous différentes formes, «délire verbal coutumier», «délire de représentation», «délire de théâtralisation», recouvrait toute la réalité sociale et historique des Antillais ? V. S Naipaul, dans L'Enigme de l'arrivée, n'évoquait-il pas l'impression de déréliction que lui inspiraient les restes de l'empire britannique, en relation avec son propre sentiment d'être déplacé, de se tenir dans une sorte de forclusion : «That idea of ruin and dereliction, of out-of-placeness, was sometbing I felt about myself, attached to myself.» Il décrira plus tard l'état mélancolique qui le rendait incapable d'agir, d'écrire le roman projeté : «I began to be awakened by thoughts of death, tbe end of things ; and sometimes not even by thoughts so spécifie, not even by fear rational or fantastic, but by great melancholy.»
Présentation de l'éditeur :
«Comment ça marche ?» demande un jour un aveugle au paralytique. «Comme vous voyez», répond le paralytique à l'aveugle.
Mot d'esprit de Lichtenberg cité par Freud.
Si quelque chose «marche» dans la littérature, c'est sans doute de manière parfaitement bancale, aveugle et pour le moins provisoire. La littérature pourrait sauver, réparer, il n'est que de relire poèmes lyriques et épopées qui semblent tenter d'arracher quelque chose au néant, un peu de mémoire, une trace : Orphée, prince des poètes, descendrait aux enfers pour enchanter Proserpine et lui reprendre Eurydice, les héros exigent que leur mort soit au moins sublimée dans «une bonne chanson». Plus près de nous, Jean Genêt justifiait son journal en ces termes : «Si j'examine ce que j'écrivis j'y distingue aujourd'hui, patiemment poursuivie, une volonté de réhabilitation des êtres, des objets, des sentiments réputés vils.» L'écrivain lui-même est sans doute celui qui, dans l'écriture, tente de survivre, de mesurer un abîme, d'y échapper, peut-être. N'est-ce pas ce qu'Edouard Glissant lui-même suggérait lorsque, dans ses romans, essais, ou articles des années 1975 à 1981, il analysait, non certes ses propres états d'âme, mais les «pulsions morbides» d'une société tout entière, ou encore le «délire verbal» qui, sous différentes formes, «délire verbal coutumier», «délire de représentation», «délire de théâtralisation», recouvrait toute la réalité sociale et historique des Antillais ? V. S Naipaul, dans L'Enigme de l'arrivée, n'évoquait-il pas l'impression de déréliction que lui inspiraient les restes de l'empire britannique, en relation avec son propre sentiment d'être déplacé, de se tenir dans une sorte de forclusion : «That idea of ruin and dereliction, of out-of-placeness, was sometbing I felt about myself, attached to myself.» Il décrira plus tard l'état mélancolique qui le rendait incapable d'agir, d'écrire le roman projeté : «I began to be awakened by thoughts of death, tbe end of things ; and sometimes not even by thoughts so spécifie, not even by fear rational or fantastic, but by great melancholy.»
Face à la violence historique et à la dictature, trois auteurs de la Caraïbe, Frankétienne (Haïti), Reinaldo Arenas (Cuba, Miami), Joël Des Rosiers (Haïti, Québec), tentent d'inventer un symbole neuf. C'est du côté de l'imaginaire que l'oeuvre déploie ses miroirs et ses leurres. Mais quand la langue est usée jusqu'à la trame des signifiances, jusqu'au trou du texte, c'est dans le réel de l'écriture, chaos ou vide, que l'oeuvre essaie de faire renaître un son ou de sacrifier un reste : alors surgissent les plus belles surprises de ces écritures affolées et énigmatiques qu'une lecture au plus près des signifiants travaille à décrypter.
Dominique Chance, maître de conférences en littératures française, francophone et comparée à l'Université Bordeaux 3, poursuit avec ce livre une réflexion sur le symbolique, l'imaginaire et le réel, commencée en 1998 (L'Auteur en souffrance, Puf 2000, Poétique baroque de la Caraïbe, Karthala, 2001, Les Fils de Lear, Karthala, 2003).
Dominique Chance, maître de conférences en littératures française, francophone et comparée à l'Université Bordeaux 3, poursuit avec ce livre une réflexion sur le symbolique, l'imaginaire et le réel, commencée en 1998 (L'Auteur en souffrance, Puf 2000, Poétique baroque de la Caraïbe, Karthala, 2001, Les Fils de Lear, Karthala, 2003).
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- ÉditeurPU VINCENNES
- Date d'édition2009
- ISBN 10 2842922239
- ISBN 13 9782842922238
- ReliureBroché
- Nombre de pages256
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Ecritures du chaos
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PU VINCENNES
(2009)
ISBN 10 : 2842922239
ISBN 13 : 9782842922238
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Description du livre Etat : Neuf. N° de réf. du vendeur 9782842922238
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