Extrait :
Introduction
«La mer m'est tombée dessus avec le monde»
Irène Train
Dans la famille tous les hommes étaient à la mer.
Enfant, je me suis construit de vagues, de ces vents têtus qui sculptent à vie les arbres du chemin des douaniers. Les récifs ont été mes terrains de jeu.
A peine sorti de l'école, je cherchais l'aventure aux quatre coins du port de
Cherbourg dans les odeurs tenaces de radoub et de marée.
J'ai passé des vacances à godiller des plates...
Ces émois retrouvés, je veux vous les faire partager.
Vous qui voulez transcrire vos propres bonheurs sur le papier, sur la toile, allons-y, il faudra juste affûter votre regard.
Peindre ces vagues qui s'agitent sans arrêt ? C'est diabolique ! Dans quel tube se cachent les nuances nacrées de cette écume ? Dessiner ces barques qui dansent le long du quai... coque cambrée, étrave haut relevée...
Saisir le mouvement du groupe turbulent de pêcheurs qui embarquent. Un voilier sort vers le large. Voyez, son haut mât crée une ligne de force. Elle va tenir debout tout le tableau !
Peignons ce maquereau tout juste sorti de l'eau, sa courbe d'acier rigide luit de tons irisés et cet oeil vif noir et blanc, nacré !
Déception, mes rochers ont l'air de caramel mou ! C'est dur, un rocher, c'est rugueux un caillou !
Et surtout, je voudrais avoir mon propre style, est-ce que cela sera long ? La réponse à ces questions si souvent entendues, c'est d'avoir un contact nécessaire, régulier, assidu, intime avec la peinture.
J'ai voulu faire de ce livre un «atelier» où nous vivrons la peinture avec autant de simplicité, d'émotions partagées et, j'en suis sûr, autant de passion que dans mes expériences du quotidien.
Bienvenue à l'atelier !
Un mot de l'auteur :
La «marine» est un sport complet !
On y croise bien sûr tous les aspects de la peinture mais c'est justement le côté «marin» qui interpelle le peintre, ordinairement assez enclin à la tranquillité...
J'ai là dans ma besace vents, averses, embruns, sable qui vole et qui colle à la toile et autres trublions.
Mais quoi ! Cet aspect n'est que bagatelle en regard de ce que notre promenade côtière nous promet...
La côte est «pittoresque», de l'italien pittura, peinture : elle est à peindre...
Aussi j'ai ajouté pour vous dans mon sac ce monde si varié des rivages, avec ses tenaces odeurs de varech, les embruns salés sur la peau, le vent du grand large qui oblige à s'arc-bouter et accompagne le vacarme lancinant du ressac.
Pinceau en main, vous reviendront des images de ports à l'animation bruyante, de plages à perte de vue, de falaises, de récifs inquiétants. Et ces longues soirées d'été sur une plage désertée, toute à vous, et que vous pensiez avoir oubliées.
C'est ainsi qu'en décrivant pour vous comment peindre ces paysages marins, sont remontés comme le flot les souvenirs de cet enfant né et grandissant sur le port de Cherbourg. Chaque «motif» m'a ramené son lot d'émotion.
Ensemble, voyons donc par quelle technique, quelle astuce, avec quel outil évoquer sur la toile ou le papier le vécu de chaque scène. Peindre le vent et la turbulence des vagues écumantes sur les brisants, mais aussi la paix douillette d'une après-midi de farniente dans les dunes.
La peinture plaisir...
Gérard Riou
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