Articles liés à Gabrielle ou le désarroi

Dana, Jacqueline Gabrielle ou le désarroi ISBN 13 : 9782844925930

Gabrielle ou le désarroi - Couverture souple

 
9782844925930: Gabrielle ou le désarroi
Afficher les exemplaires de cette édition ISBN
 
 
Extrait :
Extrait du prologue

Elle se retourne sous les draps si usés qu'ils sont devenus doux comme de la soie et se glisse de son côté, là où demeurent encore sa chaleur et son odeur. Il est parti sans faire de bruit pour ne pas la réveiller. Elle a le droit de faire la grasse matinée, de se lever quand il lui plaît, de dormir tout son saoul. Comme une patronne... C'est une découverte, elle n'a jamais connu une existence si luxueuse. Rêve-t-elle ? Son corps est alangui, sa peau frémissante de plaisir, elle sent encore les bras fermes et tendres qui l'ont étreinte et bercée.
Aussi loin que remontent ses souvenirs, personne ne l'avait jamais prise dans ses bras. Ni bercée.
Si sa mère l'a fait, sa mémoire ne l'a pas retenu. Une mère fantôme, morte quand elle avait six mois. Lorsque mémé est venue la chercher, elle était dans une pouponnière. Des mains étrangères ont dû la saisir, la retourner, la changer, la laver, la coucher, ça, ce n'est pas prendre dans les bras.
Mémé avait des principes : un bébé, moins on le touche, mieux il se porte. S'il pleure, il faut le laisser pleurer, il finira bien par se fatiguer et s'endormira. Donc, Gabrielle s'était endormie, solitaire dans son berceau sombre comme un tombeau.
Mémé l'aimait sans doute, d'un amour silencieux et bourru, empli de regrets, de chagrin, de révolte jamais résignée. Elle n'avait eu qu'une fille, son mari, maréchal-ferrant à Bonnières-sur-Seine, s'était fait tuer au mois de mai 1915 au cours d'une offensive dans l'Artois. Une jolie petite fille qu'elle n'avait jamais prise dans ses bras, il ne fallait pas «tripoter les bébés». On l'avait appelée Fernande comme son père, Fernand Robin, un bel homme grand et costaud. Fernande était grande, elle aussi, mais fluette. A dix-huit ans, elle partit à la ville, à Mantes, où elle rencontra un homme marié, un bourgeois, bel homme fringant qu'elle aima éperdument mais imprudemment. A vingt et un ans, elle mettait au monde Gabrielle, puis mourait.
«Elle est morte de chagrin, avait dit mémé, ce bourgeois, cet homme de la haute, un professeur, ou je ne sais trop quoi, l'a bel et bien abandonnée quand il a su qu'elle était enceinte. Quelques billets... et au revoir, ma p'tite. Une bâtarde, t'imagines le scandale, la légitime qui se tord les mains de désespoir et ameute toute la ville, les autres enfants - car il y en avait sûrement d'autres - accrochés à ses jupes. Pauvre Fernande, elle avait honte, elle ne m'a rien dit, elle est allée dans un institut où les religieuses l'ont recueillie. Ce sont elles qui m'ont avertie, ma fille était morte et une petite fille m'attendait.»
Et elle jetait un regard troublé sur Gabrielle où se mêlaient confusément reproches retenus et amour frustré.
Un mot de l'auteur :
Je me suis toujours demandé : Qu'aurais-je fait si j'avais été "grande" pendant la dernière guerre ? Aurais-je fait de la Résistance, caché des juifs, ou aurais je entretenu des rapports courtois et professionnels avec l'occupant ? Facile aujourd'hui de prendre position, maintenant, oui, on voit clair, on peut choisir son camp mais en 1940, dans le désespoir de l'exode, en 1942, quand à chaque attentat des otages étaient fusillés ? N'avait on pas le droit d'être dans le désarroi ?
Comme Gabrielle, mon héroïne, encore enfantine, ignorante, désarmée face aux discours ambiants. Qui croire ? qui suivre ? Le discours des possédants prêts à se jeter dans les bras de la puissante Allemagne pour être défendus contre ce bolchevisme qui fait si peur ? Celui de l'amour ? Celui des rebelles ? Celui des patriotes ? Celui de la culpabilité ? La toute jeune fille descendue à Aix en Provence pour suivre ses patrons va comprendre peu à peu à travers ses amis, à travers les livres et les conseils littéraires que lui donne son amant allemand que le bien et le mal peuvent se ressembler, que la vérité n'est ni blanche ni noire, mais qu''à un moment précis le chemin à suivre s'impose, que la rédemption est toujours possible même si la vie peut se révéler tragiquement injuste. Elle sera une femme courageuse, sans préjugés, tendre et téméraire et prête à choisir sa vie... Ce choix ? Le lecteur tranchera, je lui fais une totale confiance.

Jacqueline Dana

Les informations fournies dans la section « A propos du livre » peuvent faire référence à une autre édition de ce titre.

  • ÉditeurLibra Diffusio
  • Date d'édition2014
  • ISBN 10 2844925936
  • ISBN 13 9782844925930
  • ReliureBroché
  • Nombre de pages280

Autres éditions populaires du même titre

9782258096516: Gabrielle ou le désarroi

Edition présentée

ISBN 10 :  ISBN 13 :  9782258096516
Editeur : Presses de la Cité, 2012
Couverture souple

Meilleurs résultats de recherche sur AbeBooks

Image d'archives

Jacqueline Dana
Edité par Libra Diffusio (2014)
ISBN 10 : 2844925936 ISBN 13 : 9782844925930
Neuf Couverture souple Edition originale Quantité disponible : 1
Vendeur :
LIBRAIRIE DES 3 ABERS
(PONT-SCORFF, France)
Evaluation vendeur

Description du livre Couverture souple. Etat : Neuf. Etat de la jaquette : Neuf. Edition originale. Livre neuf (mais pas sous emballage plastique)-. N° de réf. du vendeur SA-4023

Plus d'informations sur ce vendeur | Contacter le vendeur

Acheter neuf
EUR 21,90
Autre devise

Ajouter au panier

Frais de port : EUR 3,70
Vers France
Destinations, frais et délais