Extrait :
Extrait de l'introduction :
Le 18 février 1946, le pape Pie XII présidait un consistoire public et créait trente-deux nouveaux cardinaux. En examinant de près les noms des élus, nous pourrions appeler cette assemblée «le consistoire des résistants». Nous y trouvons, en effet, les noms d'un certain nombre de prélats qui ont résisté ou qui auront encore à résister à la pression des régimes totalitaires et aux troupes d'occupations. Parmi eux, citons seulement les cardinaux Saliège de Toulouse, Sapieha de Cracovie, Frings de Cologne, von Preysing de Berlin et son cousin von Galen de Münster...
Je vous invite à vous rendre à la basilique Saint-Pierre parée de ses plus beaux ornements, à assister à la cérémonie solennelle de la remise de la barrette cardinalice et à tendre l'oreille :
Quand, à l'entrée des cardinaux dans Saint-Pierre, Clemens August [von Galen] apparut sur le seuil, un murmure traversa la foule des assistants : «Le voilà, c'est lui». Vu que, comme caudataire, je marchais juste derrière le cardinal, je pouvais entendre ce que les gens disaient et, tandis que sa figure de géant traversait la nef -centrale, un ouragan d'enthousiasme se déclencha. Les applaudissements atteignirent leur comble au moment où le cardinal monta vers le trône du Saint Père. Pie XII lui dit : «Je vous bénis. Je bénis votre patrie».
Le lendemain, un célèbre journal romain commente :
Particulièrement longs et vifs furent les applaudissements pour le cardinal von Galen, l'évêque héroïque de Munster, [...] que le Pape garda manifestement auprès de lui plus longtemps que les autres.
Un mois plus tard, le 22 mars, Clemens August von Galen mourrait à Munster. La presse allemande d'alors le présentait comme un combattant pour la justice, un grand bienfaiteur de l'humanité. Giovanni Battista Montini, le futur Paul VI, écrivit à l'ambassadeur d'Allemagne :
Avec la mort de ce prélat, ce pays a perdu une des plus grandes personnalités de notre temps.
Soixante ans après sa mort, le cardinal von Galen est toujours considéré, comme l'un des plus grands hommes d'Allemagne. Il occupe une place irremplaçable dans la conscience historique de la Nation et depuis le 9 octobre 2005, il est entré dans l'histoire de l'Église catholique comme un de ses plus nobles fils.
Mais qui donc est Clemens August von Galen ? Qui est ce cardinal dont l'entrée à Saint-Pierre déchaîne un tel enthousiasme ? Qui est ce cardinal qui laisse une telle trace dans l'histoire de son pays ? Pour nous, Français, il est un illustre inconnu, sauf peut-être pour les cinéphiles qui peuvent se souvenir de son nom grâce aux premières minutes du film si controversé, Amen de Costa-Gavras (2002).
Nous essayerons, dans ces pages, de présenter quelques traits de cette personnalité, de ce défenseur de la liberté de l'Eglise et de la vie humaine face aux aberrations d'un régime totalitaire, le national-socialisme.
Le premier biographe de C. A. von Galen, le prêtre allemand Heinrich Portmann, qui fut de 1938 à 1946 son secrétaire personnel, note une coïncidence :
Von Galen gouverna son diocèse comme évêque pendant un laps de temps égal à celui d'Adolf Hitler. Il fut consacré neuf mois après l'arrivée d'Hitler au pouvoir et il mourut environ neuf mois après la mort du Führer.
Présentation de l'éditeur :
Béatifié le 9 octobre 2005 par Benoît XVI, le Cardinal Clemens August von Galen a «pratiqué les vertus du chrétien et du pasteur, de façon éminente et héroïque, à une époque si difficile pour l'Église et la nation allemande». Au service du peuple chrétien comme évêque de Munster dès 1933, il n'a pas hésité à proclamer ouvertement en chaire l'obligation pour chacun de respecter la vie jusque dans ses manifestations les plus faibles.
En dénonçant le programme T4 qui prévoyait la mort des personnes «improductives», Mgr von Galen a convié ses paroissiens à se remémorer les commandements de Dieu, en particulier l'exigence «Tu ne tueras pas».
Ceux qui de nouveau s'interrogent aujourd'hui sur les débuts et la fin de la vie trouveront en ces pages de quoi nourrir leur réflexion et éclairer leur jugement.
Le Père Thierry Knecht est religieux de l'Ordre de la Très Sainte Trinité (Trinitaires). Il enseigne l'histoire de l'Église et la théologie de la vie consacrée à la Faculté Notre-Dame de Paris.
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