Extrait :
Pour moi, la corrida parfaite a commencé il y a bientôt un demi-siècle dans un café littéraire madrilène, au café Gijón, où l'imprésario de José Tomas, Salvador Boix, me donne parfois rendez-vous. Ce café, lorsque nous avions 20 ans avec Alain Montcouquiol et que nous vivions à Madrid pour tenter de devenir toreros, nous en léchions la baie vitrée. Nous y voyions un autre monde, celui de la culture, qui nous fascinait tout autant que l'univers taurin. Nous vivions alors en marge d'une société où n'existait pas de place pour notre vocation, pourtant inspirée par la collectivité d'où nous provenions. C'est ce décalage qui a structuré nos vies et créé dans nos êtres une éternelle mélancolie. Nous ne le comprenions pas encore : notre réussite ne serait pas à rechercher dans le cadre exclusif de notre profession. Nous nous étions condamnés à une errance sentimentale qui a conditionné nos êtres. Très tôt, littérature et tauromachie pour nous ne firent qu'un...
La prestation de José Tomas dans les arènes de Nîmes le 16 septembre 2012 est d'ores et déjà passée à l'histoire de la corrida. Le propre des chefs-d'oeuvre est de dynamiser la réflexion, d'éclairer la mémoire, d'offrir aux esprits des perceptions accrues et de marquer de leur sceau la course du temps. Cette corrida a agi sur moi comme un révélateur, et il en a été de même pour l'ensemble des spectateurs : unissant les milliers de témoins dans une même émotion, l'oeuvre de José Tomas a été vécue telle une liturgie.
La corrida de José Tomas a télescopé tous les éléments de ma vie, contenue dans le miroir de la vitrine du café Gijón et pourtant éparse. Et dans ma rêverie sur «l'amitié littéraire» qui m'unit à Alain, elle m'a aussi révélé la nature du silence qui s'est établi entre nous.
J'ai écris ce livre en trois temps. Trois temps, ceux qui fondent l'exécution de la passe : Parar, pour recevoir la charge, Templar, pour modeler sa dynamique et Mandar, pour l'éloigner et enchaîner une nouvelle passe. Trois temps comme ceux qui composent la vie : la naissance la charge d'exister, puis, en dernière instance l'approche de la mort.
Présentation de l'éditeur :
«La prestation de José Tomas dans les arènes de Nîmes le 16 septembre 2012 est d'ores et déjà passée à l'histoire.
Cette corrida a agi sur moi comme un révélateur et il en a été ainsi pour l'ensemble des spectateurs : unissant les milliers de témoins dans une même émotion, l'oeuvre de José Tomas a été vécue telle une liturgie. J'ai écrit ce livre en trois temps. Trois temps, ceux qui fondent l'exécution de la passe : Parar, pour recevoir la charge, Templar, pour modeler sa dynamique et Mandat, pour l'éloigner et enchaîner une nouvelle passe. Trois temps, comme ceux qui composent la vie : la naissance, la charge d'exister, l'approche de la mort.»
S.C.
Simon Casas est un des producteurs de spectacles taurins les plus importants d'Espagne et du monde taurin, et incontestablement le plus créatif. Il dirige les arènes de Madrid, Nîmes et Valencia, est le manager de nombreux toreros parmi les meilleurs mondiaux. Star romantique, incontournable, bouillonnant et médiatique, il est né à Nîmes d'une mère turque séfarade et d'un père juif polonais. Pupille de la nation, il décide de devenir torero à 8 ans. Lauréat de la bourse de la vocation Hachette, il est en 1975 l'un des premiers matadors français, avec son compagnon Alain Montcouquiol.
Écrivain, cet ancien maletilla ivre de livres et de mots a publié Tous toreros, Taches d'encre et de sang (Au diable vauvert), et L'envers des capes (Fayard).
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