Le garçon dans la lune - Couverture souple

O'Riordan, Kate

Couverture souple

ISBN 10 : 2846664463 ISBN 13 : 9782846664462

Editeur : A Vue d'Oeil, 2008

A propos du livre

Revue de presse :

L'Irlandaise Kate O'Riordan scrute avec une troublante précision la fragilité des destins, à travers la tragédie de la mort d'un enfant, qui éveillera les secrets les plus enfouis. Sur terre comme dans la lune, les apparences sont souvent trompeuses... et le petit monde de Kate O'Riordan truffé de chausse-trappes et de faux-semblants. Sans jamais tenir les promesses de conte de fées, d'histoires pour enfants sages annoncées par le titre - Le Garçon dans la lune -, la romancière irlandaise dissèque avec une redoutable et troublante précision les relations humaines, les tourments de l'amour, la douleur, le deuil et l'absence...
Après Intimes Convictions et Une mystérieuse fiancée, Kate O'Riordan poursuit son chemin singulier, mêlant dans Le Garçon dans la lune le suspense d'un thriller et la profondeur de l'analyse psychologique ; une infinie délicatesse et un incroyable élan. Sa plume, trempée dans quelque philtre magique irlandais s'adapte, elle aussi, au fil du récit - de vive et cynique, elle se fait douleur, colère puis rédemption -, et le résultat est tout simplement magistral. (Vanessa Postec - La Croix du 13 février 2008)

L'auteure, Kate O'Riordan, est cette Irlandaise enchanteresse aussi virtuose dans l'évocation de la terreur (Intimes convictions) que dans l'embrasement des feux de l'amour (Une mystérieuse fiancée). Elle noue un combat sans merci, dont la lutte de Julia avec un molosse est l'allégorie : il faut s'acharner à déterrer les secrets, afin que les morts cessent d'empoisonner les vivants. Le carnet d'une pauvre femme aide à lever l'énigme. Le Garçon dans la lune date de 1997, quand l'Irlande est en plein essor, mais s'enracine dans les noires années 60. (Libération du 14 février 2008)

Le Garçon dans la lune (1997), son deuxième récit (paru avant Une mystérieuse fiancée, 2000, autre histoire d'amour, qui l'a précédé en France), est comme une variante d'Intimes Convictions, une histoire de couple sur fond de passé familial irlandais et chargé. À ceci près que Julia est anglaise et Brian irlandais...
L'Irlande, et ce n'est plus une surprise, est décrite comme un pays dur, fermé, une terre sans pitié, arriérée, pétrie de violence puritaine, d'hypocrisie et de rigidité...
Le mode de vie rural décrit par Kate O'Riordan, la prière du soir autour de la table, la carriole que l'on attelle pour se rendre au marché semblent antédiluviens. Pourtant, l'enfance de Brian et de ses frères se déroule dans les années soixante, à l'époque même où le pays était envahi par les premiers routards à la recherche d'une alternative à la société de consommation naissante... (Christophe Mercier - Le Figaro du 28 février 2008)

Un récit de deuils sensible et grave, emprunt de violence plus ou moins sourde, dans lequel Kate O'Riordan reprend les thèmes qui lui sont chers tels la difficulté d'aimer et d'être aimé, de se construire hors du poids du passé et de ses fantômes, mais aussi la complexité de la nature humaine, de ses relations, les jeux de faux-semblants et d'apparences que l'on peut dresser entre soi et les autres... A ce titre, d'ailleurs, on savourera les premières pages, délicieusement caustiques, qui ne laissent rien présager de la tragédie qui couve. Si ce n'est une petite note tremblée qui s'insinue discrètement entre les lignes de ce roman. D'un récit qui débute sur le mode d'une comédie conjugale où Kate O'Riordan excelle dans l'art du contre-pied et de la rupture de ton...
Deux âmes au bord de l'abîme, que cette subtile et fine entomologiste des passions, scrute avec justesse. Et une acuité de regard saisissante qui donne toute sa force et sa profondeur à ce somptueux roman d'amour en temps de deuil. (Christine Rousseau - Le Monde du 7 mars 2008)

Extrait :

Est-ce l'amour ?

Un jour, quand il avait presque quatre ans, elle le trouva dehors dans le jardin. Il regardait la lune, la tête penchée de côté. Il était immobile et silencieux. Elle se glissa sans bruit derrière lui afin de ne pas le déranger dans sa contemplation. C'était une douce soirée de septembre - le ciel bas et granuleux lestait la lune gonflée et quelque peu prédatrice. Son fils semblait en extase. Elle se détourna de lui et de l'étrangeté de la soirée pour considérer à travers les portes-fenêtres la normalité du salon - lumière douce, canapés, coussins, rembourrage. Tout comme il fallait, où il fallait - pierre de touche banlieusarde, caractère rassurant du cristal et du chintz.
Il perçut ou sentit sa présence, mais il ne bougea pas. Elle se demanda à quoi il pensait. Il se tourna lentement et ses yeux marron écarquillés reflétèrent une seconde le clair de lune quand son regard se posa sur elle. «Ce n'est pas un homme dans la lune, dit-il.
- Ah bon ?
- Non. Regarde.» Il tendit le doigt vers le ciel. «Regarde. C'est un garçon et il crie.»
Elle suivit son doigt et haussa les épaules. «Comment ça ? demanda-t-elle.
- Tu vois - deux yeux et il y a un petit bout tout mou pour le nez et regarde - regarde, maman, je te dis - il a la bouche un peu sur le côté et elle est grande ouverte, comme ça - regarde, regarde, comme ça...»
Il pencha un peu la tête de côté, ouvrit grands les yeux, déplaça la bouche sur la gauche et bâilla tant qu'il put. Elle regarda la lune puis baissa de nouveau les yeux sur lui. Il avait raison. On aurait vraiment dit qu'un garçon criait dans la lune. «Je me demande pourquoi il crie», dit-elle.
Son fds ferma la bouche et leva de nouveau les yeux, mais cette fois en la regardant de telle façon qu'il dut pencher la tête en arrière et écarter les jambes pour garder l'équilibre. «Parce qu'il est coincé là-haut, bien sûr», dit-il.
La nuit était tombée rapidement et sa silhouette sans tête, où seul le triangle de la mâchoire pointait vers le haut, se découpait sur le ciel. Elle avança d'un pas. Les épaules de son fils commencèrent à se soulever par à-coups.
«Chut, chuchota-t-elle, tout va bien, mon chéri. Tout va bien, Sammy, c'est juste ton imagination. C'est tout. Ne t'en fais pas. Il n'y a pas de garçon qui crie dans la lune.»
Il la laissa le serrer contre elle et elle le berça un peu, mais il était inconsolable. Elle s'interrogea sur l'intensité de son chagrin ou de sa pitié, elle ne savait pas bien quelle étrange émotion s'était emparée de lui. Quand ses sanglots se transformèrent en hoquet, elle prit une expression sévère - même si elle tremblait - et déguisa sa voix sous un voile d'impatience tout en l'envoyant au lit. Elle connaissait son fils et savait quand il avait besoin d'autorité et non de compréhension.

À propos de cette édition

• Éditeur: A Vue d'Oeil
• Date d'édition: 2008
• ISBN 10: 2846664463
• ISBN 13: 9782846664462
• Reliure: Broché