Présentation de l'éditeur :
C'EST AU COEUR d'une des institutions les plus emblématiques de la culture «british» - une public school dans les années 50 - que Terence Rattigan situe l'action de sa pièce. Là vivent en vase clos, des enseignants, leurs familles, leurs élèves ; là, sous l'empire des règlements et des traditions, se font et se défont les carrières, les ambitions, là se nouent et se dénouent des relations ambiguës entre des êtres dont le vernis cache mal la force ou la fragilité. Avec un sens aigu de la psychologie humaine, Rattigan nous fait pénétrer petit à petit dans le huis clos destructeur d'une redoutable «bonne société» britannique, où chaque personnage semble être désespérément à la recherche de sa propre vérité.
Didier Bezace
Terence Rattigan (1911-1977), dramaturge et scénariste, auteur prolifique, enchaîna les succès de 1936 à 1956. Mais son savoir-faire méticuleux parut soudain démodé dans la société britannique protestataire des années 60. Depuis sa mort, les metteurs en scène redécouvrent pourtant cet auteur, véritable entomologiste des passions humaines et s'emparent de ses textes pour en livrer une nouvelle lecture, plus profonde et plus subversive.
Extrait :
Décor : le salon des Crocker-Harris dans une public school, au sud de l'Angleterre. Il est entre dix-huit et dix-neuf heures, un soir de juillet. Le bâtiment dans lequel est situé leur logement de fonction est de belle taille et de style victorien, et, à une date assez récente, a été converti en appartements de dimensions variées pour les professeurs, qu'ils soient mariés ou célibataires. Les Crocker-Harris disposent du rez-de-chaussée et leur salon est sans doute la pièce la plus spacieuse - et la plus sombre - de la maison. Il se flatte néanmoins d'avoir accès (par une porte vitrée, sur la gauche) à un petit jardin, et il est meublé avec gaieté, raffinement, et force tissus imprimés. Une autre porte, au fond à droite, mène à Ventrée et au reste de l'appartement. Cette porte est dissimulée par un paravent.
Au lever du rideau, la pièce est vide, mais nous entendons la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer ; aussitôt après, des coups sont timidement frappés à la porte, puis répétés après une pause. La porte finit par s'ouvrir et John Taplow fait son apparition. C'est un garçon assez quelconque, au visage rond ; il a environ seize ans, et porte des lunettes. Il se tient un moment à la porte, indécis, puis retourne dans l'entrée, d'où nous l'entendons lancer :
TAPLOW, lançant, hors scène. - Monsieur ! Monsieur !
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